Des victimes de la crue du fleuve Bia à Aboisso, 116 km à l’Est d’Abidjan se remettent difficilement du sinistre. Ce, malgré l’assistance apportée par le ministère ivoirien de la Solidarité.
Assiahue Laurent Adjei, boulanger artisanal, n’en revient toujours pas. A son réveil le samedi 14 juillet 2018, il fait un constat amer. L’eau a emporté la farine qu’il a achetée la veille. Son four qui lui permet de cuire le pain sucré qu’il livre est aussi endommagé.
« Les dégâts sont énormes. Je suis un diplômé sans emploi .Mon four qui me permet de faire du pain pour vendre a été détruit par la Bia. Depuis des jours, je ne peux pas travailler. Or c’est de cela que je vis », est-il désarçonné quand il se confie à Pôleafrique.info ce lundi 16 juillet 2018.
Assiahue Laurent Adjei fait partie des 500 victimes de la crue du fleuve Bia à Aboisso. Il s’agit d’une ville située à 116 km à l’Est d’Abidjan. Aujourd’hui, sa maison sise au quartier Les 4palmiers vers la passerelle est impraticable. L’eau stagne encore dans sa chambre à coucher comme on peut le voir sur l’une des images qui illustrent cet article.
« Notre cour toute entière fut inondée à la suite du relâchement du surplus d’eau au niveau du barrage à Ayamé. Nous sommes plusieurs familles sans abris qui avons trouvé refuge chez des voisins. On ne peut plus faire nos petits boulots », indique l’interlocuteur de Pôleafrique.info. Il précise que le volume d’eau a reculé ce lundi matin mais remonte depuis le début de la soirée.
Il formule une doléance : « Nous sommes les premiers à être touchés car notre habitation a une proximité avec la Bia. Tout ce qu’on demande est l’arrêt ou la fermeture d’une manière progressive du barrage et un dédommagement des sinistrés. Depuis la construction du nouveau pont, nous étions durant des mois inondés mais cette fois ci, cela a pris des tournures inquiétantes »
Camara Madjer, journaliste local contacté par pôleafrique.info ce 16 juillet également, dresse, pour sa part, le point global de la situation.
Selon lui, le fleuve s’est considérablement retiré. Certains sinistrés ont pu regagner leur maison mais pas tous. « Les dégâts sont énormes chez certains. En plus l’eau s’étant retirée, on a pu découvrir des reptiles dans certains domiciles. Les secours continuent mais les autorités recommandent toujours la prudence car les pluies continuent », informe Camara Madjer. Il ajoute aussi que certains riverains préfèrent également déménager carrément. « Hier dans mon quartier à Sokoura, deux jeunes dames etaient à la recherche d’un studio sous la pluie. Elles disent ne plus retourner dans leur ancienne demeure car trop contigüe a la Bia ».
Officiellement, la crue de la Bia enregistre 2 morts. 500 sinistrés ont été dénombrés par la Mairie d’Aboisso dont 200 recasés sur des sites provisoires.
Selon les informations recueillies, le député Ngouan Jérémie continue l’assistance auprès de sa population. Dimanche, Mariétou Koné, ministre ivoirienne de la Solidarité, de la Cohésion sociale et de la Lutte contre la Pauvreté a apporté la compassion du gouvernement. « 30 millions de francs CFA de vivres et de non vivres qui ont été distribués aux sinistrés, et la somme de 1 million de francs CFA en espèce qui a été remis à chacun des ayants droits des deux personnes décédées », selon le ministère. Assiahue Laurent Adjei, boulanger artisanal au quartier Les 4palmiers vers la passerelle est impatient de recevoir sa part. « Les dons ne sont pas encore arrivés à notre niveau », fait-il savoir.
Nesmon De Laure
Source: Pôleafrique.info