Treize ans après la crise postélectorale 2010 -2011, Laurent Gbagbo s’est adressé aux femmes ivoiriennes et particulièrement celles d’Abobo qui ont payé un lourd tribut pendant cette crise.
Dans une lettre lue par Nady Bamba épouse Gbagbo qui visitait les femmes d’Abobo lors d’une tournée politique, Laurent Gbagbo a voulu leur parler avec “le cœur”.
« Il était important, pour moi, de vous parler. De vous parler vrai. De vous parler juste. De vous parler avec mon cœur. Je vous le devais.
Je vous le dois car je sais que votre douleur va bien au-delà des mots de reconnaissance », a écrit l’ancien chef de l’Etat.
« La Côte d’Ivoire a souffert de la guerre. Mais ce n’est pas toutes les communes qui ont dû survivre au Commando invisible.
Mes pensées émues vont notamment vers les victimes du village d’Anonkoua Kouté (…) Vous avez perdu des proches, des vies innocentes ont été emportées, et vous avez dû endurer les horreurs de cette guerre qui a laissé des cicatrices profondes à Abobo.
Vous avez affronté des épreuves que nul ne devrait porter ”, évoque l’ex-président sans plus de précision sur la tuerie des femmes qui manifestaient contre le régime de Laurent Gbagbo, le 3 mars 2011 et supposées avoir été tuées par les Forces de sécurité d’alors.
Pour le président du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), il est « impératif que nous réparions ensemble les plaies de notre histoire, pour que chacun puisse enfin se reconstruire dans la paix ».
Cependant, l’homme qui a passé près d’une décennie à la Cour pénale internationale avant d’être acquitté de toutes les charges contre lui, et toujours en quête sur les violences meurtrières perpétrées à Abobo.
« Aujourd’hui, je veux que vous sachiez que cette quête de vérité est essentielle pour moi », martèle-t-il.
Dans la lettre aux femmes d’Abobo, Gbagbo s’engage, « une fois au pouvoir, à ce que toutes les victimes, sans exception, sans parti pris, de toutes les crises que la Côte d’Ivoire a connues, y compris celle consécutive à la contestation du 3ème mandat de 2020, soient indemnisées ».
« À vous, femmes ivoiriennes, je demande de continuer à porter cet espoir, de croire en la réconciliation.
Je m’engage aujourd’hui à rester à vos côtés dans cette quête de vérité, pour que l’histoire de notre pays s’écrive avec justice et compassion.
Car seule la paix peut bâtir le pays dont nous rêvons. Un pays où chacun peut marcher sans crainte et où chaque vie est respectée.
En mars 2011, le quartier d’Abobo, avait été le théâtre de violents affrontements mettant pendant plusieurs jours les Forces de défense et de sécurité aux prises avec un mystérieux groupe armée dénommé “commando invisible”.
Laurent Gbagbo promet de mettre en place un dialogue national pour réparer et réconcilier, dans la vérité et la justice. Il ne s’agira pas de se venger, promet-il.
Tristan Sahi