L’UNICEF, qui lutte pour la sauvegarde des intérêts des enfants tient à soutenir les initiatives gouvernementales en Côte d’Ivoire et dans la sous-région ouest-africaine dans le cadre de la scolarisation des tout-petits.
L’organisation onusienne a trouvé une solution socio-économique, dont l’impact sera pour tous. En partenariat avec l’entreprise sociale colombienne Conceptos Plásticos, l’UNICEF a posé la première pierre d’une usine unique en son genre, qui transformera les déchets plastiques collectés en Côte d’Ivoire en briques modulaires. Peu coûteuses, durables et faciles à assembler, celles-ci seront utilisées pour construire les salles de classe qui font tant défaut à la Côte d’Ivoire.
« Cette usine avant-gardiste proposera des solutions intelligentes et modulables pour répondre à certains défis éducatifs majeurs auxquels sont confrontés les enfants et les populations en Afrique », soutient depuis New York (Etats-Unis d’Amérique) la Directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore.
« Sa vocation est triple : plus de salles de classe pour les enfants en Côte d’Ivoire, moins de déchets plastiques dans l’environnement et des sources de revenus supplémentaires pour les familles les plus vulnérables. »
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La Côte d’Ivoire doit se doter de 15 000 salles de classe si elle veut accueillir tous les enfants privés d’un lieu d’apprentissage.
Pour ce faire, l’UNICEF s’est associée à Conceptos Plásticos en vue de recycler le plastique collecté dans les zones polluées d’Abidjan et ses alentours. Ensemble, ils souhaitent construire 500 salles de classe pour plus de 25 000 enfants parmi les plus défavorisés dans les deux prochaines années, avec, au-delà, la possibilité d’accroître la production.
« L’une des plus grandes difficultés des écoliers ivoiriens est liée au manque de classes. Parfois, les infrastructures sont inexistantes, et lorsqu’elles existent, elles sont surchargées, ce qui rend l’apprentissage compliqué et désagréable », explique l’ancien Représentant de l’UNICEF en Côte d’Ivoire, Boubacar Kampo à l’origine de ce projet. « Dans certaines zones, les enfants de quartiers pauvres n’iront plus en classe avec une centaine d’autres écoliers : ce sera une première. Des enfants qui n’avaient jamais imaginé qu’il y aurait une place pour eux à l’école pourront s’instruire et s’épanouir dans de nouveaux locaux tout propres. »
De 2011-2019, le gouvernement ivoirien a réalisé pour le préscolaire, 7042 salles de classe et pour le primaire, 30.621 salles de classe selon des chiffres officiels. 69618 enseignants ont été recrutés. Mais, ces efforts demeurent insuffisants. Par un projet innovant, l’UNICEF entend apporter un appui à la Côte d’Ivoire par la fabrication de briques à base de matière plastique.
Dans le cadre du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-combattants ivoiriens, après la crise de 2002 à 2011, une initiative similaire avait vu le jour à Bouaké, au quartier municipal, juste à l’arrière de l’ex-imprimerie nationale. Une autre unité devait ouvrir à Attécoubé, mais, cela est resté lettre morte.
Sur plus de 280 tonnes de déchets plastiques produites chaque jour rien qu’à Abidjan, seuls 5 % sont recyclés. Le reste finit généralement sa course dans des décharges situées dans les quartiers pauvres. Cette pollution ne fait qu’exacerber les problèmes d’hygiène et d’assainissement préexistants. La mauvaise gestion des déchets est responsable de 60 % des cas de paludisme, de diarrhée et de pneumonie chez les enfants, autant de maladies qui figurent parmi les principales causes de mortalité infantile en Côte d’Ivoire.
Lorsqu’elle fonctionnera à plein régime, l’usine recyclera 4 800 tonnes de déchets plastiques par an et procurera une source de revenus aux femmes vivant dans la pauvreté grâce à l’émergence d’un marché officiel du recyclage. Neuf salles de classe ont été construites à Gonzagueville, à Divo et à Toumodi à l’aide de briques en plastique fabriquées en Colombie, démontrant ainsi la viabilité de ces méthodes et matériaux de construction.
« Nous nous sommes associés à l’UNICEF sur ce projet car nous voulons que notre modèle économique ait un impact social. En transformant la pollution en une source d’opportunités, nous souhaitons aider les femmes à sortir de la pauvreté et laisser un monde meilleur à nos enfants », précise Isabel Cristina Gamez, co-fondatrice et Présidente de Conceptos Plásticos.
Les briques, faites exclusivement de plastique, sont ignifugées. Elles sont 40 % moins chères que les matériaux de construction conventionnels, 20 % plus légères et durent des centaines d’années de plus. En outre, elles sont étanches, bien isolées et conçues pour résister à des vents violents.
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Outre les investissements dans la construction en Côte d’Ivoire, des projets sont également à l’étude pour étendre cette initiative à d’autres pays de la région, voire au‑delà. Un tiers du nombre total des enfants en âge de fréquenter l’école primaire à l’échelle mondiale et un cinquième des enfants en âge de fréquenter le premier cycle du secondaire non scolarisés vivent en Afrique de l’Ouest et centrale.
« Parfois, certains de nos enjeux les plus pressants recèlent les opportunités les plus prometteuses », conclut Henrietta Fore. « Ce projet est bien plus qu’un simple chantier de gestion des déchets et d’infrastructure éducative ; c’est une métaphore tout à fait adaptée, celle du défi croissant des déchets plastiques littéralement transformé en briques pour construire l’avenir d’une génération d’enfants. »
Adam’s Régis SOUAGA et Unicef