Depuis l’accession à l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, plus de 50 gouvernements se sont succédé, avec en leur sein des personnalités nommées à la suite de leurs frères ou sœurs. Focus sur ces ministres qui ont marché sur les traces de leurs pères, frangins ou frangines…
Du premier président Félix Houphouët-Boigny à l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara, les exemples sont nombreux. Ils se poursuivent avec la nouvelle équipe gouvernementale formée le mardi 17 octobre 2023 avec la reconduction du ministre d’Etat, ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, frère cadet du président, lui-même ancien Premier ministre et chef du gouvernement entre 1990 et 1993.
Ministres, de frère à frère….
A l’instar des Ouattara, la famille Konan Banny peut également s’enorgueillir d’avoir pu compter dans ses rangs un Premier ministre (décembre 2005 –avril 2007), en l’occurrence le cadet Charles Konan Banny et un ministre de la Défense (de 1961 à 1963 et de 1981 à 1990), l’ainé Jean Konan Banny.
Avant les frères Ouattara et Konan Banny, les Dadié ont eu presque le même privilège. Ainsi, après Bernard Binlin Dadié, ministre de la Culture dans les années 70, sa sœur cadette Hortense Dadié épouse Aka-Anghui s’est vue confier le ministère de la Promotion de la Femme entre 1986 et 1990.
Les familles Dacoury Tabley de Gagnoa et Lohoues de Dabou ont fait autant avec chacune deux ministres en leur sein.
D’abord, l’ainé François Dacoury Tabley, ministre de la Protection de la nature en 1977 sous Félix Houphouët-Boigny. Ensuite, le cadet Louis André Dacoury Tabley, ministre de la Solidarité et des Victimes de guerre en décembre 2010 sous Laurent Gbagbo puis des Eaux et forêts sous Alassane Ouattara de janvier 2016 à janvier 2017, et dernièrement, ministre gouverneur du District autonome de Goh-Guiboua.
La belle histoire chez les Lohoues commence par la cadette Jacqueline Lohoues Oble, première femme agrégée en Droit civil en Côte d’Ivoire, nommée ministre de la Justice entre 1990 et 1993. Sept années plus tard, elle cède le flambeau à son aîné Vincent Essoh Lohoues, nommé ministre de la Construction en 2000 pendant la transition militaire de feu le général Robert Guéi.
Au sein de la famille Thiam, le secret pour être ministre ne semble pas être un mystère. Après le père Amadou Thiam et le benjamin Tidjane Thiam, ce fût au tour d’un autre fils, Abdel Aziz Thiam, d’être nommé au Transports de septembre 2006 à avril 2007.
Ministres, d’époux à épouses…
Deux personnalités ont eu l’honneur d’avoir exercé avec leurs épouses des fonctions ministérielles mais dans des gouvernements différents. La première est Lamine Diabaté, ministre de l’Economie entre 1980 et 1990, suivi par son épouse Henriette Dagri Diabaté, nommée ministre à plusieurs reprises : une première fois à la Culture entre 1990 et 1993 puis de nouveau à la culture de janvier à mai 2000 et enfin à la Justice de mars 2003 à décembre 2005 sous feu le Premier ministre Seydou Diarra.
L’ex-président du Conseil constitutionnel Francis Wodié en fait également partie, lui qui a occupé la fonction de ministre de l’Enseignement supérieur entre 1998 et 1999. Son épouse Victorine Wodié fera quant à elle, ses preuves en tant que ministre des Droits de l’homme sous Laurent Gbagbo.
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Ministres, de père en fils…
Les exemples de ce cas de figure foisonnent et les derniers en date sont les anciens ministres de la Communication Affoussiata Bamba Lamine, et du Tourisme Roger Kacou dont les pères ont eux aussi exercé par le passé des fonctions ministérielles en Côte d’Ivoire.
Opposant à Félix Houphouët-Boigny à l’instauration du multipartisme en 1990, Bamba Moriféré, le père d’Affoussiata Bamba Lamine, a été ministre de la Santé en 2000 pendant la transition militaire du général Robert Guéi.
Ministre du Tourisme de novembre 2012 à janvier 2017, Roger Kacou n’a pu égaler les 13 années d’exercice de son père, Alcide Kacou, au sein du gouvernement ivoirien.
Premier ivoirien Ingénieur des arts et métiers, Alcide Kacou, décédé en avril 2011, a été ministre de l`Enseignement technique et de la Formation professionnelle de 1957 à 1961 avant d’être en charge des Postes et Télécommunications de 1961 à 1963, de la Construction, des Transports, des Postes et Télécommunications de 1963 à 1964 et enfin des Travaux publics et des Transports de 1964 à 1970.
Alain-Richard Donwahi, ancien ministre de la Défense puis des Eaux et forêts, figure dans ce palmarès prestigieux. Son père Charles Bauza Donwahi, décédé le 2 août 1997, fut ministre de l’Agriculture du président Félix-Houphouët-Boigny en 1961.
Marcel Amon Tanoh avait été de 2005 à 2010, ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat puis ministre des Affaires étrangères de 2016 à 2020. 42 ans plus tôt, son père Lambert Amon Tanoh, avait eu la chance de figurer dans un gouvernement au portefeuille de l’Education nationale.
Véritable surprise du remaniement ministériel du 12 août 1998 sous le président Henri Konan Bédié, Tidjane Thiam avait été nommé ministre de la Planification et de la Programmation du développement national. La nomination du fils d’Amadou Thiam, lui-même ancien ministre de l’Information de Félix Houphouët-Boigny, avait suscité un réel intérêt particulier en raison de son jeune âge (36 ans). Son record de précocité a été battu depuis.
Danielle Boni-Claverie, ministre de la Communication entre 1993 et 1995, peut également se féliciter d’avoir fait autant que son père Alphonse Boni, ministre de la Justice en 1961.
Au sein de la fratrie Gon Coulibaly, l’une des plus grandes et connues en Côte d’Ivoire, de laquelle ont émergé des personnalités importantes du pays, Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre de Janvier 2017 à Juillet 2020 après avoir été ministre sans interruption d’octobre 2002 à décembre 2010, n’a pas été le seul à s’être hissé sur les hauteurs du pouvoir politique. Son grand-oncle Lanciné Gon Coulibaly avait occupé entre 1993 et 1995 le poste de ministre de l’Environnement sous l’ex-chef de l’Etat Henri Konan Bédié.
Serge Alain Koffi