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Côte d’Ivoire – Nomination d’Alcide Djédjé, Ouattara gouverne avec l’opposition 

Mis à jour le 2 janvier 2019
Publié le 02/03/2017 à 11:39

Alcide Djédjé l’ex-ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo et cadre de l’opposition politique ivoirienne est depuis peu nommé dans ce même ministère en tant que conseiller. Cet appel dans l’administration Ouattara est diversement apprécié dans la classe politique du pays.

« C’est une nomination qui s’inscrit dans la dynamique globale de la volonté du chef de l’Etat de faire de la politique de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale une de ses priorités. Alcide Djédjé est un militant du FPI. Il est aussi connu comme étant celui qui a mené la diplomatie de Laurent Gbagbo dans la dernière partie de son mandat. Malgré cela, le chef de l’Etat l’a nommé pour conduire cette mission. C’est la preuve qu’aujourd’hui, il faut sortir des sentiers battus des partis politiques. Il faut voir en chaque cadre du pays non pas son appartenance politique, son ethnie, son sexe, mais plutôt sa compétence », réagit Traoré Mamadou, conseiller régional du RDR de Boundiali (Bagoué), au nord-ouest de la Côte d’Ivoire, joint par Politikafrique.info.  

Dans l’opposition politique, on ne dit pas autre chose, mais avec une nuance tout de même. « Je ne suis pas sûr qu’il soit de l’opposition. C’est un ancien camarade. Mais, c’est aussi un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, donc il sert son pays », recadre Koné Boubakar, proche d’Aboudrahamane Sangaré. 

Depuis le 28 février 2017, Alcide Djédjé qui a été par ailleurs ambassadeur de la Côte d’Ivoire à l’ONU, occupe le poste de conseiller technique auprès du ministre Marcel Amon Tanoh, chargé de conduire la diplomatie ivoirienne. Sa mission, permettre à la Côte d’Ivoire de décrocher un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. 

Volonté du gouvernement de travailler avec l’opposition politique ? « Oui », estime Traoré Mamadou. «Le chef de l’Etat a exprimé sa volonté de travailler avec l’opposition depuis longtemps. Il a tendu plus d’une fois la main à l’opposition, mais c’est cette dernière qui a toujours refusé cette main tendue. Le chef de l’Etat à mon avis est toujours dans cette dynamique. C’est une manière subtile de montrer à l’opposition qu’il est dans de bonnes dispositions de travailler avec ceux qui veulent bien entendu, accepter de travailler avec lui », soutient-il. 

L’opposition elle, croit plutôt le contraire. « Non il ne faut pas confondre les choses. Un pays est dirigé à deux niveaux. L’institution politique et l’administration. Les postes techniques relèvent de l’administration. On ne regarde pas les partis politiques pour nommer quelqu’un à ce niveau. Les hommes politiques bougent mais l’administration demeure. C’est ce qui fait que dans tout pays, même quand il y a des crises, notamment de gouvernement, le pays tourne parce que l’administration fonctionne. Le ministre Alcide Djédjé est un citoyen ivoirien, il est diplomate de carrière. C’est son boulot. Il n’a pas été renvoyé et n’est pas à la retraite. Si le pouvoir en place a vu en lui un homme capable de négocier pour que la Côte d’Ivoire soit membre non permanent au conseil de sécurité de l’ONU, c’est parce qu’il a des compétences », nuance Diabaté Beh secrétaire national du FPI chargé d’Abobo et d’Anyama.  

L’acceptation de cette mission par l’ex-ministre de Laurent Gbagbo n’est pas appréciée de tous. Des réactions sur les réseaux sociaux y voient un acte de trahison de la part de ce proche de l’ancien président ivoirien, qui selon les détracteurs a décidé de « pactiser avec l’administration Ouattara ». Pour Diabaté Beh, « il n’est pas juste de penser ainsi ». « Pourquoi ceux d’entre eux qui enseignent à l’Université ne démissionnent pas ? N’est-ce pas la même administration qui a pour chef suprême actuel Alassane Ouattara ? Pourquoi trouve-on normal que le fonctionnaire enseignant qui ne partage pas la vision d’Alassane Ouattara continue de dispenser des cours, et on qualifie de traître un fonctionnaire diplomate qui est appelé à œuvrer à autre niveau de sa fonction ? », interroge-t-il. 
La crise postélectorale de 2010 a cristallisé les positions autour du tout-politique. Le Président Ouattara a choisi de transcender ces postures pour le rayonnement diplomatique de la Côte d’Ivoire avec un cadre aux compétences avérées comme Alcide Djédjé, même si dans son propre camp, la pilule reste en travers de la gorge.

Richard Yasseu
Source : rédaction Politikafrique.info

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