L’ère Bongo est-elle vraiment terminée au Gabon ? Quarante-huit heures après la prise de pouvoir par les militaires, des interrogations se font entendre quant à la suite des événements. Un acteur des médias gabonais propose une lecture de la situation, qui avait suscité la liesse et l’euphorie du côté de Libreville.
Les scènes de joie au sein de la population et les marches pacifiques ont laissé la place au calme et au train-train quotidien. Dès les premières heures de la prise de pouvoir par les militaires gabonais à la tête du pays, les populations avaient exprimé leur approbation. Un coup d’État salvateur gage de libération de l’emprise de la dynastie Bongo à la tête du pays depuis 56 ans, entendait-on dire dans des vidéos amateurs sur la situation au Gabon.
Mais avec du recul, certains observateurs et des responsables politiques font une tout autre lecture de la situation qui prévaut dans ce pays.
« Il faut situer les choses dans leur contexte. D’abord ce n’est pas un coup d’État, c’est une révolution de palais. Oligui Nguema est le cousin d’Ali Bongo (…) Les Bongo ont trouvé qu’il fallait mettre Ali Bongo de côté pour poursuivre effectivement le système Bongo », sont les mots utilisés par l’opposant gabonais Albert Ondo Ossa, pour qualifier le putsch.
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L’avis est aussi partagé par des acteurs des médias dans le pays. C’est le cas de Marie-Laure Eto’o, une journaliste gabonaise, jointe par 7info.
« Au-delà de l’euphorie des populations qui, convaincus d’avoir mis fin à un règne, la réalité est toute autre », fait-elle savoir à 7info. Elle s’interroge également.
« Voici mes interrogations : l’opposition gabonaise coalise et trouve un candidat unique qui remporte l’élection présidentielle, pourquoi les militaires après le coup d’État ne remettent pas le pouvoir à celui qui remporte l’élection ? Pourquoi suspendre toutes les institutions de gestion de l’État ? », questionne la consœur.
Dans la foulée, les militaires ont annoncé la prestation de serment du général Brice Clotaire Oligui Nguema, en qualité de président de la transition gabonaise. La cérémonie est prévue le lundi 4 septembre 2023. Respectant ainsi la promesse relative à la « mise en place progressive des institutions de la transition » et au respect de tous « les engagements extérieurs et intérieurs ».
De son côté, la plate-forme de l’opposition radicale ‘’Alternance 2023″ demande aux militaires de poursuivre la compilation des résultats de l’élection présidentielle, remportée, selon elle, par son candidat, Albert Ondo Ossa.
Maria Kessé