Regardant les journaux télévisés sur les chaînes d’information internationales, on désespère de parvenir à se débarrasser un jour de ce sale virus, la Covid-19, inconnu de nous il n’y a pas un an, et qui nous empoisonne la vie : les pays européens, les uns après les autres re-confinent leurs populations ; les États-Unis n’arrivent pas à faire baisser leur taux de mortalité ; le Mali, le Burkina prennent des mesures plus restrictives après un rebond sérieux des contaminations ; l’Angleterre et l’Afrique du Sud sont hermétiquement isolées suite à l’apparition d’une nouvelle variante du virus, plus contagieuse encore…. Cette petite bestiole chamboule tout, les personnes et les États, les entreprises et les salariés. Elle empêche les échanges et le commerce, aussi bien que la circulation des personnes, elle crée partout du chômage, de la misère, de la pauvreté… En un mot, elle a réussi à détruire, en quelques mois, un mode de vie tout entier. Le coronavirus a répandu la stupeur sur le village planétaire, avant de devenir l’autre nom de la peur. Jusqu’où ira -t-il? On ne sait plus que faire face à cette menace que personne n’a vu venir et même le vaccin, les chercheurs ne garantissent pas qu’il soit la planche de salut.
Une interprétation de l’apparition brutale de cette pandémie planétaire trotte dans mon esprit. Nulle part, je ne l’ai entendue pourtant elle y raisonne de plus en plus fort. Basée sur une simple intuition et sur une réflexion quasi métaphysique, elle s’est transformée en conviction de plus en plus ferme : et si Dame nature, notre mère nourricière, se vengeait de nous, l’Homo Sapiens, qui prétentieusement nous plaçons nous-mêmes tout en haut de la chaîne alimentaire, et qui depuis notre apparition sur la terre, il y a 300 000 ans, n’avons fait que la piller, la spolier, la transformer, l’assécher, la dominer, l’appauvrir ? Et si enfin, la Terre, dans un réflexe de survie, alors que ses ressources faiblissent dangereusement et que le réchauffement climatique dont l’Homme est responsable la tue à petit feu, avait trouvé en ce virus le moyen de détruire en retour son plus grand prédateur, celui qui justement la détruit minutieusement depuis des dizaines de milliers d’années ?
Cela nous plongerait presque dans un roman de science-fiction, mais la lecture édifiante du best-seller mondial « Sapiens, une brève histoire de l’Humanité », de l’universitaire israélien Yuval Noah Harari, m’a ouvert les yeux sur l’ampleur des destructions commises par l’Homme sur la terre dès son apparition.
Parti du continent africain pour découvrir le vaste monde, Homo Sapiens, les scientifiques l’attestent, l’a finalement conquis, puis dominé. Il est le premier responsable de la disparition des grands mammifères qui peuplaient avant lui l’Afrique, l’Europe, l’Asie, l’Amérique…. Il est aussi celui qui a causé l’anéantissement d’autres espèces humaines, au moins six, qui vivaient paisiblement et concomitamment dans différentes régions du globe, dont l’homme de Néandertal en Europe. On peut imaginer différentes causes à cette spectaculaire réussite d’Homo Sapiens, peut-être la plus grande que la planète ait connue : une intelligence plus développée, une plus grande agilité, une meilleure capacité d’adaptation au milieu qu’il colonisait, une capacité à se fondre dans la masse grâce au métissage et un esprit belliqueux supérieur aux autres qui s’est traduit par une destruction physique radicale de toute concurrence pour s’approprier l’espace.
Depuis des millénaires la terre subit l’homme, jusqu’à l’étouffement. Son génie serait d’avoir produit cette minuscule chose, un simple virus, capable d’arrêter l’Homme. Une course s’est engagée. Qui de la Nature ou de l’Homme vaincra ? Pour la première fois depuis bien longtemps la question de la survie de l’espèce humaine se pose. En tout cas de son mode de vie, prédateur des ressources de celle qui le nourrit.
Un combat de titan est en cours entre les hommes et leur science d’un côté, et le virus de l’autre. Car la Covid-19 se montre redoutablement intelligente. Pour échapper à la traque des hommes, elle change, mute, se transforme. Elle est capable de faire croire qu’elle s’affaiblit ici, faisant baisser la garde aux hommes, pour mieux rejaillir ailleurs et porter l’estocade. Elle multiplie les symptômes et les manifestations de la maladie pour brouiller les pistes, envoyer les médecins sur de fausses routes et pendant ce temps faire des ravages dans l’organisme humain.
Oui, la Terre se venge de nous. Ou tout au moins elle cherche la parade pour sa propre survie. Dans ce « combat du siècle », si l’Homme perd, il meurt ; et si l’Homme gagne, il meurt aussi. Car gagner contre le virus et la Terre, c’est reprendre la course effrénée au productivisme, à l’épuisement des ressources naturelles et au final à la mort de celle qui nous porte tous, donc à notre propre extinction.
Une seule issue n’est possible, donner un sens à cette phrase maintes fois entendue : « il y aura un avant et un après-Covid ». En clair, les hommes devront eux-mêmes changer pour vivre plus en harmonie avec la Nature. Ils devront cesser de piller les ressources, de polluer, de scier la branche sur laquelle ils sont assis, sous peine de disparaître.
Cette fois, c’est du sérieux, nous sommes à la croisée des chemins. Réfléchissons bien, mais réfléchissons vite. Le changement c’est maintenant ou tant pis.
Philippe Di Nacera
7info.ci