109 cas supplémentaires de contamination au Coronavirus. Doit-on craindre le pire ou espérer une inversion de la courbe dans quelques jours ? Les Ivoiriens s’inquiètent et le déconfinement amorcé par la Côte d’Ivoire semble déjà montrer ses limites.
« Notre stratégie fonctionne » avait laissé entendre le Chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara lors de son deuxième discours sur la crise sanitaire de la Covid-19, qui secoue son pays. Mais, les derniers chiffres de contamination à la pandémie, enregistrés, ont la fâcheuse manie de contredire le Président de la République. L’apparition ce vendredi 30 mai du Directeur de la santé, Mamadou SAMBA, au journal de 20h de la première chaîne de la télévision ivoirienne, vient renforcer la crainte des Ivoiriens sur l’issue de la crise à Coronavirus.
Le pays a enregistré 109 nouveaux cas de Covid-19, sur 527 échantillons prélevés soit 20% de cas positifs. Le deuxième taux le plus élevé après celui du 12 mai 2020, qui était de 127 cas soit 25% de cas positifs sur 506 échantillons prélevés. Toute chose qui confirme que la maladie progresse plutôt que de ralentir. De quoi alimenter la psychose et soulever de nombreuses questions.
Les cas les plus élevés de contamination à Coronavirus ont en effet été enregistrés après le 6 mai, soit quelques jours seulement après le déconfinement de l’Intérieur du pays et l’allègement des restrictions dans le Grand Abidjan, décidés par Alassane Ouattara. La réouverture des écoles des villes de l’intérieur a fait prendre d’assaut les centres de prélèvement par les élèves et les enseignants bloqués dans la capitale économique, pour la délivrance d’un certificat de bonne santé, comme imposé par les autorités sanitaires.
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Cependant le non-respect des mesures barrières et de distanciation physique du fait du nombre élevé de requérants devant les centres, a conduit à l’arrêt des consultations. Décision a été prise de prendre en charge les personnes concernées dès leur arrivée dans leur localité de service ou de fréquentation.
« L’augmentation du nombre de cas est devenue inquiétante. Elle est consécutive au déconfinement et aussi à la gestion de la situation. En effet, en Côte d’Ivoire, nous avons l’impression que les décisions se prennent avant d’envisager les mesures d’application. J’en veux pour preuve le retour non organisé des enseignants et élèves, la réouverture des maquis et restaurants. La gestion opaque de la situation inquiète car depuis plus d’une semaine, nous ne savons plus officiellement s’il y a des cas à l’intérieur du pays ou pas. Lorsque nous connaissons l’état du plateau technique des hôpitaux de l’intérieur, il y a fort à craindre que le nombre aille en s’augmentant » s’inquiète le sociologue de la Santé, Dr Kouakou Albert Yao, enseignant à l’université Lorougnon Guédé de Daloa.
Mais, en plus de cette situation, des centres de prélèvements à la Covid-19 annoncés dans le district d’Abidjan, ne sont toujours pas fonctionnels. Aucune information ne filtre non plus, sur la prise en charge des malades, au centre des maladies infectieuses du CHU de Treichville. De même, le confinement à domicile, brandi comme méthode efficace, semble montrer ses limites, en témoigne le nombre d’infectés du Coronavirus en Côte d’Ivoire, qui a atteint le chiffre de 2750. Une situation alarmante.
« La rigueur dans la gestion d’une crise est le seul élément qui permet de juguler cette crise. Mais, en Côte d’Ivoire, la gestion laisse à désirer. Je pense qu’il faut avoir le courage de faire un confinement sans faille soit sur deux semaines soit sur un mois encore, exiger le respect strict des mesures barrières. Si nous prenons le courage de faire tout cela, cette pandémie ne sera qu’un vieux souvenir » recommande Dr Kouakou Albert Yao.
Les autorités sanitaires recommandent le respect des mesures barrières et surtout le port obligatoire du masque de protection. Il y va de santé de chacun. Mais, aucune disposition n’est prise pour veiller au respect strict des mesures édictées. Malheureusement.
Éric Coulibaly
7info.ci