A la Cour Pénale Internationale (CPI), le procès conjoint de l’ex-dirigeant ivoirien Laurent Gbagbo et de son leader de jeunes, Charles Blé Goudé a repris ce lundi 1er octobre en présence des accusés. Alors que les défenses des accusés demandent un abandon des charges, le bureau du procureur tente de démonter les arguments avancés par Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
C’est le procureur Mc Donald collaborateur de la procureure Fatou Bensouda qui avait la parole jusqu’à la mi-journée ce lundi. Dans son intervention, il tente de montrer les limites des arguments des défenses des co-accusés Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, qui demandent un abandon pur et simple des charges retenues contre eux. Au motif d’insuffisance d’éléments de preuves.
Trois grands événements sont au cœur de la démonstration de l’Accusation. A savoir la marche de la RTI dans la commune de Cocody le 16 décembre 2010, les événements dans la commune de Yopougon le 25 février 2011, la marche des femmes à Abobo le 03 mars 2011 et les bombardements du marché Siaka Koné dans la commune d’Abobo le 17 mars 2011.
Pour le procureur Mc Donald, il y a de nombreux éléments de preuves qui confirment la responsabilité des forces restées fidèles à l’ex-dirigeant ivoirien sous les consignes de qui, des manifestations ont été violemment réprimées. A l’en croire, le 16 décembre 2010 lors de la marche sur la RTI, ce sont des membres de la FESCI plus important syndicat d’étudiants du pays, le CECOS et des milices armées qui sont auteurs des exactions commises à cette date.
S’agissant du 03 mars lors de la marche des femmes dans la commune d’Abobo, alors que les Défenses expliquent que cette commune était « entièrement sous le contrôle de bandes armées », l’Accusation démontre que des forces restées fidèles aux tenants du pouvoir en ce moment pouvaient encore y mener des opérations militaires. « Ces opérations incluaient la mise en œuvre et l’exécution de couvre-feu, des convois militaires réguliers et le lancement de mortiers par exemple le 17 mars 2011 », soutient le collaborateur de Fatou Bensouda. Il soutient que « le deuxième argument de la défense soulevé par monsieur Gbagbo allègue qu’il y avait des rebelles armés lors de la marche et que l’hôtel du Golf avait organisé la marche des femmes pour piéger un convoi des FDS. C’est un argument qui est purement spéculatif et qui ne se fonde sur aucun élément de preuve du dossier…La défense de monsieur ne peut s’appuyer sur des éléments de preuves qui n’ont pas été présentés à la chambre parce que cela va en fait à l’encontre absolu de l’objectif d’une demande d’abandon des charges pour insuffisance de preuves » a-t-il réfuté.
S’appuyant en outre sur les dépositions de témoins et les éléments filmés, Mc Donald rejette aussi l’argument de la présence de groupes armés infiltrés dans la marche et qui auraient tiré sur les ex-FDS. « L’argument selon lequel les rebelles armés avaient tiré contre le convoi des FDS pendant la marche. Les éléments de preuve sont assez impérieux ceci étant dit. Et ils démontent qu’il s’agissait bel et bien d’une marche pacifique sans présence ou participation de groupes armés. Aucun témoin qu’il soit civil ou militaire n’a jamais témoigné avoir vu des hommes ou des femmes armés lors de la marche des femmes. Aucune personne armée ne se voit sur les vidéos de l’événement », argumente-t-il avant la pause. La reprise de l’audience est prévue en ce début d’après-midi.
Richard Yasseu
Soure : rédaction Poleafrique.info