Crise au Mali : Les raisons de la chute d’IBK

Mis à jour le 20 août 2020
Publié le 20/08/2020 à 12:11 , , ,

L’opposition avait réclamé sa démission au vu de sa gestion du pouvoir. C’est finalement un coup d’Etat qui le fera partir. Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta était contesté depuis plusieurs mois dans son pays. On lui reproche une gestion calamiteuse du pouvoir.

Les organisations de la société civile malienne réunies au sein du mouvement dénommé « le 5 juin » ont plusieurs fois, appelé à manifester contre le pouvoir. Le Mali, s’était enlisé dans une crise socio-politique depuis plusieurs semaines. Les manifestants ont dénoncé une gestion clanique du pouvoir surtout après les dernières élections législatives dans le pays. A cela ce sont ajoutés le chômage des jeunes, les attaques terroristes et le manque d’équipement de l’armée malienne pour la sécurisation du pays.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, est l’enlèvement le 25 mars 2020 de l’opposant Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, en compagnie de 11 de ses camarades. Son garde du corps a été tué et deux de ses proches blessés. Jusqu’à ce jour, aucune information n’a été donnée sur le lieu où l’homme est détenu. Mais, tous les autres otages ont été libérés.

Quelques semaines plus tard, un mot d’ordre à manifester dans tout le pays était lancé le 5 juin dernier par l’Imam Mahmoud Dicko, chef de la contestation.

« Une grande mobilisation pour le sursaut national face à une mal gouvernance chaotique, la reconstruction des forces armées de sécurité, mieux recrutées, mieux formées et mieux équipées, digne d’un état protecteur de ses institutions et de ses citoyens, la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, son unité, la laïcité et le plein exercice de sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire national, une priorisation de l’éducation et de la santé, la garantie à l’accès aux services sociaux de base et aux infrastructures, des réformes politiques institutionnelles, la libération de l’honorable Soumaila Cissé chef de file de l’opposition républicaine, l’union sacrée autour de l’idéal du Mali uni prospère et respecté en rupture avec l’actuel système qui a mis le pays en danger de dislocation » dénonçaient les manifestants.

La grogne populaire s’est étendue sur plusieurs jours. Le Président Ibrahim Boubacar Keïta a même rencontré les principaux acteurs de la mobilisation, sans succès. La pression a été maintenue sur le pouvoir. La CEDEAO, organisation ouest-africaine, s’est aussi rendue au chevet du Mali pour tenter de résoudre la crise. Les députés du camp présidentiel, élus dans des conditions douteuses selon les contestataires, ont refusé de rendre leur démission comme le recommandait l’une des résolutions de sortie de crise proposée par l’organisation communautaire.

Pendant ce temps, l’armée malienne ne compte plus ses morts. Les djihadistes frappent, endeuillent les populations, principalement dans le nord du pays. Les militaires se plaignent du manque d’équipement et de formation adéquate pour faire face à la situation. Un cocktail qui préparait déjà la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Très vite après le coup d’Etat perpétré mardi dernier, les putschistes ont donné les raisons de cette insurrection armée.

Ils dénoncent le « clientélisme politique » et « la gestion familiale des affaires de l’Etat », ainsi que la « gabegie, le vol et l’arbitraire », une justice « en déphasage avec les citoyens », une « éducation nationale qui patauge » ou encore des massacres de villageois, le « terrorisme et l’extrémisme ».

Le porte-parole de la junte, le Colonel-Major Ismaël Wagué, un ancien des forces spéciales maliennes, annonce dès la prise du pouvoir, la mise en place d’une transition démocratique.

« La société civile et les mouvements sociopolitiques sont invités à nous rejoindre pour, ensemble, créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau » a-t-il proposé.

La communauté internationale appelle au retour de la légalité au Mali. Le président français Emmanuel Macron, dont les troupes sont engagées dans la région contre le terrorisme, demande que le pouvoir soit rapidement transmis aux civils. L’Imam Mahmoud Dicko, quant à lui, principal leader de la contestation a préféré se retirer de la vie politique malienne. Il ne souhaite pas prendre part à cette transition. L’objectif est atteint avec la chute d’Ibrahim Boubacar Kéïta.

Eric Coulibaly

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