Les experts l’ont dit. Il est pour l’heure difficile d’évaluer l’impact économique du covid-19 sur le monde. Mais, les conséquences se font déjà sentir dans tous les pays, les Etats industrialisés en premiers. Ils proposent d’injecter 5000 milliards pour panser les plaies économiques provoquées par le coronavirus dans le monde. L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) fait l’état des lieux et propose des solutions de sortie de crise dans son dernier rapport.
Selon l’OCDE, la crise économique mondiale est plus importante parce que l’épidémie a commencé en Chine. Par rapport à la situation qui prévalait lors d’épisodes comparables, comme celui du SRAS en 2003, les interdépendances dans l’économie mondiale sont désormais bien plus grandes qu’elles ne l’étaient et la Chine joue aujourd’hui un rôle bien plus important dans la production, les échanges et sur les marchés du tourisme et des produits de base au niveau mondial (Graphique 1). Les retombées sur les autres économies d’un choc négatif survenant en Chine n’en sont que plus fortes. Même si le pic de l’épidémie se révèle de courte durée, la production et la demande se redressant graduellement au cours des prochains mois, l’épidémie exercera néanmoins de lourdes tensions sur la croissance mondiale en 2020.
Et pour relancer l’économie de leurs pays, la France et les Etats-Unis ont déjà avancé des chiffres. Alors Donald Trump propose un plan de relance de 2200 milliards de dollars, Macron lui, promet injecter 300 milliards d’euros, dans l’économie française. Des dispositions pour réduire la rupture directe des chaînes d’approvisionnement mondiales, le fléchissement de la demande finale de biens et de services importés et le repli plus large au niveau régional du tourisme d’affaires et des flux touristiques. En effet, l’aversion pour le risque s’est accrue sur les marchés financiers, avec le taux d’intérêt à 10 ans des obligations du Trésor qui est tombé à un niveau historiquement bas aux États-Unis et les cours des actions qui sont en brusque repli, les prix des matières premières ont chuté et la confiance des entreprises et des consommateurs s’est détériorée.
La fermeture des aéroports a entraîné une réduction drastique des échanges mondiaux. Les volumes des échanges de marchandises se sont contractés au quatrième trimestre de 2019, et ont diminué globalement sur toute l’année 2019, première chute en année pleine depuis 2009. Le trafic portuaire de conteneurs et le fret aérien de marchandises affichaient une certaine faiblesse avant le déclenchement de l’épidémie de coronavirus, et de nouveaux replis sensibles sont, semble-t-il, prévisibles à court terme. Les indices mesurés par enquêtes auprès des responsables des achats sur les nouvelles commandes à l’exportation dans l’industrie mondiale avaient amorcé un redressement, mais ont à nouveau fléchi dans les baromètres mensuels publiés pour février, notamment au Japon et en Australie. Freiné en partie par la persistance d’un grand climat d’incertitude et par de faibles perspectives de croissance future, l’investissement affiche également une certaine asthénie. La croissance globale de l’investissement dans les économies du G20 (hors Chine) a ralenti, passant d’un taux annuel de 5 % au début de 2018 à seulement 1 % l’an dernier, annonce l’OCDE.
La croissance du PIB mondial devrait ralentir pour s’établir à 2.4 % cette année, contre 2.9 % en 2019, avant de se ressaisir à environ 3 ¼ pour cent en 2021, à mesure que les effets du coronavirus se dissiperont et que la production repartira progressivement. Les mesures annoncées et mises en œuvre par les pouvoirs publics et prises en compte dans ces prévisions devraient aider à soutenir les revenus à court terme, en particulier celles qui sont bien ciblées sur les entreprises et les ménages les plus touchés. Une relance macroéconomique dans les économies les plus exposées devraient aider à renouer avec la confiance à mesure que les effets de l’épidémie et des perturbations occasionnées dans les approvisionnements se dissiperont.
Mais il y a de l’espoir si les pays du monde et surtout ceux du G20, réfléchissent à des actions coordonnées Si les risques de dégradation se matérialisent, avec une propagation beaucoup plus large du coronavirus et une croissance mondiale bien plus faible que prévu, les pouvoirs publics pourraient être confrontés au défi de devoir gérer une faiblesse majeure de l’activité économique à un moment où les marges de manœuvre nationales sont limitées. Outre des mesures temporaires destinées à aider les entreprises viables et les travailleurs vulnérables, une action coordonnée des pouvoirs publics de toutes les grandes économies serait nécessaire pour assurer une meilleure provision de soins de santé dans le monde et constituerait la solution la plus efficace pour relancer l’économie mondiale.
Un soutien renforcé par le biais de la politique monétaire et budgétaire et une accélération des réformes structurelles dans tous les pays contribueraient à renouer avec la croissance, améliorer la confiance des consommateurs et des investisseurs et réduire l’incertitude, propose l’OCDE.
Eric Coulibaly
7info.ci