246 réfugiés ivoiriens en provenance de la Guinée sont rentrés ce mardi 30 octobre. Ils ont été accueillis à la frontière Ivoiro-Guinéenne de Gbapleu avant de rejoindre le centre de transit de Danané où ils ont reçu des conseils juridiques et une somme de 150 000f pour les adultes et 100 000f par enfant pour répondre à leurs besoins immédiats. En plus de cette somme 40 000f sont remis aux rapatriés en guise de kit composé de couvertures, ustensiles de cuisines.
Ce sont des rapatriés heureux de retrouver leur terre natale que PoleAfrique.info a rencontré.
« En 2002 nous avons fui la guerre. Nous avons parcouru des centaines de kilomètres à pieds à travers la brousse jusqu’à la frontière de la Guinée où nous avons trouvé refuge. 16 ans après je retourne chez moi en Côte d’Ivoire précisément à Zouan-Hounien auprès des miens. C’est une joie indescriptible. Mais en même temps c’est dur avec l’âge que j’ai maintenant. Quand je fuyais la guerre je n’avais que 38 ans, aujourd’hui j’en ai 54. Je vais faire quoi? Je garde tout de même espoir car je suis chez moi », fait savoir Tiégo Colette.
Comme elle, Fofana Youssouf a 18 ans. Il n’avait que 2 ans quand ses parents prenaient la route de la Guinée sous le crépitement des armes. « Quand nous quittions le pays en 2002, j’étais âgé de 2 ans.J’ai fait toute mon enfance à l’étranger dans un camp de réfugiés. Une chose difficile. Les parents et des amis me parlaient de la Côte d’Ivoire, mon pays qui est un beau pays. J’avais hâte de rentrer et voir mon magnifique pays. Je suis là aujourd’hui tout heureux et fier de retourner chez moi. Ce que je sais, c’est que je ne sais rien de mon pays à part ce que ce me disaient les parents« , souligne-t-il.
La vie d’un réfugié n’est pas du tout aisé comme le dit Gondo Dan, rencontré au centre de transit autour du repas qui leur a été servi par le PAM. Tout de même heureux de revenir en Côte d’Ivoire. « Je suis arrivé en Guinée en 2003. La vie d’un réfugié n’est pas du tout facile. Je ne peux pas vous expliquer ce que nous subissions. Sachez tout simplement que c’est dur. Je remercie Dieu de m’avoir permis de rentrer dans mon pays. En exil je vendais des articles entre le camp de réfugiés et la ville où nous étions. Je vais continuer mon commerce encore ici avec ce que nous allons recevoir », raconte Dan Gondo qui dit avoir eu la nostalgie de la nourriture ivoirienne tout le temps de son exil.
Cheville ouvrière de l’opération de retour volontaire des réfugiés ivoiriens pour le compte de l’Etat Ivoirien, la Direction d’Aide et Assistance aux Réfugiés et Apatrides (DAARA) n’a pas voulu être en marge du 5ieme contingent de réfugiés ivoiriens en provenance de la Guinée. DIEKET Sanganoko Minata, directrice de ladite structure a insisté sur le caractère volontaire du rapatriement, non sans rassurer les uns et autres quant à l’établissement des extraits d’acte de naissance pour les enfants nés en territoire guinéen et leur scolarisation.
« Pour les enfants nés en Guinée, les documents délivrés par les autorités guinéennes sont récupérés avec la carte nationale d’identité d’un parent ivoirien qui sont transmis via le ministère des affaires étrangères à l’ambassade ivoirienne qui procède à la retranscription de ces naissances dans les registres d’état civil et qui permettent de leur délivrer leurs extraits d’acte de naissance », a indiqué la directrice de la DAARA. Pour les enfants en âge d’aller à l’école et ceux qui sont à l’école, la première responsable de la DAARA se veut précise. « Pour les enfants qui sont en âge d’aller à l’école, nous demandons aux parents de se rendre auprès des directeurs d’école de leurs lieux de résidence, compte tenu de la gratuité de l’école au primaire. Si des difficultés subsistent, qu’ils s’adressent à nos bureaux en région qui pourront intervenir. Quand au secondaire, une plateforme regroupant le ministère de l’éducation nationale et le ministère des affaires étrangères siège 2 fois en septembre pour préparer la rentrée de ces enfants. Car au secondaire il faut un numéro matricule. C’est cette plateforme qui permet aux enfants rapatriés d’avoir des numéros matricules. Pour ceux qui rentrent maintenant, la plateforme se réunira en décembre pour statuer sur leurs cas« , a rassuré DIEKET Minata.
Le HCR dont le rôle est connu de tous a informé que les aides financières seront désormais faites par transfert et par tranche pour la bonne utilisation de cet argent.
Notons qu’après le déclenchement de la crise le 19 septembre 2002, ce sont au total 300 000 ivoiriens qui s’étaient retrouvés à l’extérieur dont plus de 250 000 sont revenus. A ce jour ce sont 23 362 qui restent encore dans les pays d’accueil dont 4242 en Guinée, selon la DAARA.
Dan Olivier, Correspondant Ouest
Source: rédaction Pôleafrique.info