Les planteurs clandestins de la forêt classée de Scio, à cheval entre les régions du Tonkpi, du Cavally et du Guémon dans l’ouest de la Côte d’Ivoire sont désemparés. Le lundi 20 janvier 2020,des agents de la Sodefor, avec un bulldozer ont fait irruption à Lobikro et Jean-Claudekro, deux gros campements dans la réserve protégée.
Occupée depuis plusieurs années par des populations allochtones et ivoiriens, principalement
du centre du pays à la recherche de terre fertile, cette réserve de l’État, aujourd’hui forêt classée est véritablement devenue depuis les années 80-90,de vastes champs de café et de cacao. Ce, avec la complicité notoire des autochtones wê qui s’érigent en propriétaires terriens et bradent cette forêt classée.
Ce dimanche 26 janvier 2020, 7info s’est rendue à Pinhou, un village situé à quelques encablures de cette réserve dans le département de Bangolo. Après plusieurs heures de route, nous sommes dans le village. De nombreux clandestins déguerpis se sont abrités dans ce paisible village, après la descente musclée des agents de la Sodefor dans plusieurs campements de la forêt classée de Scio.
Non loin de Pinhou, Lobikro, un campement divisé en deux par une rivière sur lequel est construit un pont de fortune n’existe que d’un côté. Le côté forêt classée est entièrement rasé. Plus loin à 8 km de là, à Jean-Claudekro,un gros bourg baoulé, le constat qui s’offre à nous est alarmant. Boutiques ,écoles, mosquées, églises, et autres maisons, tout a été rasé par le bulldozer de la Sodefor. Les déguerpis, les yeux larmoyants, nous racontent leur misère.
<<Les agents de la Sodefor ont détruit mon campement au moment où j’étais allé faire des courses à Bloléquin. J’avais 2 millions de FCFA dans la maison qui ont disparu. Ils ont incendié ma maison, je n’ai plus de biens et c’est la seule tenue sur moi qui me reste>>, pleure N’da Koffi François. D’autres expliquent le mode opératoire des agents de la Sodefor. <<Quand les agents de la Sodefor sont arrivés, ils ont commencé à tirer en l’air. Les populations ont fui pour se réfugier dans leurs plantations respectives et ils ont profité pour fouiller toutes les maisons avant de les démolir. Ceux qui sont venus nous déguerpir ont pris tous nos sacs de cacao, cassé les boutiques et prendre toutes les marchandises. Je me demande bien si ce sont les agents de la Sodefor, car on ne peut pas comprendre qu’ils viennent détruire nos campements et en profiter pour nous voler>>, a lâché Kouakou Yao Gilbert.
Dame N’zi Affoué Victoire, la trentaine sonnée, ne sait à quel saint se vouer. Elle dit avoir tout perdu. Elle n’a aucune nouvelle de son époux et ses enfants ne vont plus à l’école depuis un moment. Ressortissant Burkinabè, Ouédraogo Salif, propriétaire de plusieurs hectares de cacao est au bord du gouffre. << Je préfère me donner la mort que de quitter ma plantation qui est toute ma richesse. Les enfants ne vont plus à l’école et l’une de mes femmes a accouché d’un bébé pendant que nous fuyons. C’est vraiment dur pour nous qui avions pour seule ressource le cacao>>,a laissé entendre le chef burkinabé. La détresse est à son comble. L’avenir des écoliers de ces campements est hypothéqué.
Au nom de ses pairs, le chef de Yaokro implore la clémence du chef de l’État. <<Nous demandons vraiment pardon au Président Alassane Ouattara et à son gouvernement afin de trouver une solution à notre situation. Nous avons des enfants qui sont candidats à l’entrée en 6e. Que vont-ils devenir plus tard ? Si ce ne sont des voleurs et coupeurs de route en puissance. Ce sont 63 campements qui sont détruits avec plus de 1500 écoliers qui fréquentent les écoles de ces campements où des enseignants affectés de l’État exercent>>, plaide le chef de yaokro.
Olivier Dan Correspondant Ouest
7info.ci