Côte d’Ivoire Défense

Défense- Ensoa, GSPM, hôpital militaire, camp commando et brigades de Bouaké bientôt en chantier

Mis à jour le 18 juillet 2018
Publié le 18/07/2018 à 6:32 , , , ,

Neuf (9) mois, c’est la durée des travaux de réhabilitation des camps militaires et de gendarmerie de la place d’arme de Bouaké, sept ans après la fin de la crise militaro-politique déclenchée le 19 septembre 2002.

Hamed Bakayoko, le ministre de la Défense, souhaite passer à une autre étape de la relation de confiance qu’il entend créer avec les soldats et gendarmes ivoiriens. Il s’agit de la réhabilitation des camps militaires et casernes de gendarmerie de la place d’arme de Bouaké. Sur une durée de neuf mois, ces travaux devraient à terme changer le décor  et le cadre de vie et de travail des hommes en tenue à Bouaké. Pour ce qui a été permis de constater par PôleAfrique.info, c’est la direction du génie du ministère de la Défense sous le contrôle de la Direction générale des affaires logistiques et techniques que les travaux vont s’effectuer. Le projet est dénommé « programme de réhabilitation d’urgence des casernes des FACI et de la gendarmerie nationale de Côte d’Ivoire-Phase II ». Le maître d’ouvrage est évidemment le ministère de la Défense sur financement du budget de l’Etat à travers le Trésor public.  Là le lot 3 concerne les casernes du GSPM (camp pompier) à  Air France 1 et de la légion de gendarmerie. Une telle annonce ne peut que réjouir quand on sait que Bouaké semble à l’abandon depuis la fin de la crise.

Quels sont les sites concernés ?

PôleAfrique.info a visité les sites militaires et de gendarmerie dont la réhabilitation est attendue par les bouakéens. Pour sa part, en se rendant sur le terrain fin août 2017 pour s’imprégner de la réalité quotidienne de ses hommes, Hamed Bakayoko entendait jouer sa partition dans le repositionnement économique et politique de Bouaké. Ville de repli de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles en lutte contre le pouvoir de Laurent Gbagbo dès le 19 septembre 2002, Bouaké a servi de fief décisionnel pour Guillaume Soro et ses camarades jusqu’à la fin de la crise en avril 2011. Non occupés par la rébellion, l’hôpital militaire, l’Ensoa, le camp commando ont été pillés de fond en comble. Une visite dans la « caserne des champs de maïs », l’Ensoa, sur la route de Brobo et M’bahiakro laisse entrevoir le travail colossal à abattre. Il s’agit d’une reconstruction de ce camp. « Ça devrait être réhabilité en même temps que le lycée technique de Bouaké. L’Ensoa et le camp commando sont les deux camps qui sont à 0% contre 70 à 75% pour l’EFA et la base aérienne où des formations ont lieu et où beaucoup a été fait » explique un officier sur place.

Une visite sur site indique que rien n’a changé. Les champs de maïs sont encore présents. A l’entrée de l’ex-camp de l’ENSOA, le crédo est toujours d’actualité : « S’instruire pour ne pas subir ». A l’intérieur (—), la dizaine de bâtiments se présente plutôt en ruines. Au milieu de la cour, embroussaillée par endroits, le buste du premier Général de corps d’armée, Ouattara Thomas d’Aquin, se dresse, dans une colère muette face au désastre de ce camp. Il doit bien se retourner dans sa tombe de Katiola.

A  l’entrée Ouest de la ville, à Ahougnansou, 200 m après la voie bitumée, la clôture de l’hôpital militaire se dresse. Là aussi, c’est la désolation. Dans un geste de bravade, le bâtiment principal se dresse fièrement en dépit de la broussaille et des arbres qui ont pris possession de l’espace. La cour envahie par les hautes herbes et arbustes sert de dépotoir et de latrine à ciel ouvert. On rencontre un jeune qui sort de la brousse, léger. Cet hôpital qui faisait naguère la fierté de Bouaké pour les soins qui y étaient prodigués, croule aujourd’hui sous une verdure drue.

Pour rejoindre ce site, un passage dans les environs de la légion de gendarmerie permet de constater l’état de délabrement, visible du carrefour du tribunal et de la sous-préfecture. Depuis le départ en catastrophe des hommes du Lt Dosso, ex-responsable de l’ex-Centre de commandement intégré (CCI), peu après le vote du 28 novembre 2010, rien n’a été entrepris. Les habitations n’existent que de nom même si de jeunes gendarmes y dorment. On ne fait qu’avec ce qu’on a. Dans une ville de Bouaké où se trouver un logis est un casse-tête, les gendarmes font avec les moyens de bord. Au camp commando, à quelques 50 m de l’hôpital militaire, la voie d’entrée bien bitumée ne présente pas un autre visage que celui de l’hôpital. Partout la brousse, des arbres, des arbustes et des bâtiments décoiffés. Dans un d’entre eux, un gendarme est demeuré au garde-à-vous ! Sur le mur. Ici, la place d’arme centrale sert de lieu de sport à des jeunes de n’dakro. Mais, pas tous. Des individus viennent, se rendent au fin fond de la brousse, loin des regards, fumer des joints de drogue. Deux jeunes arrivés à moto, par l’entrée en provenance du campus 2, pour fumer la drogue sont surpris par notre arrivée. L’air empeste de cannabis. Pour les bouakéens, la réhabilitation de ce camp commando contribuera à la lutte efficace contre le banditisme.

En attendant le début effectif de ces chantiers, ceux de construction de la cuisine du bataillon d’artillerie sol-sol (BASS) avancent et sont presqu’achevés. Bientôt, elle sera livrée comme celle du 4è bataillon d’infanterie de Korhogo (ex-CTK) inaugurée par Hamed Bakayoko et Amadou Gon Coulibaly. Des travaux de réhabilitation sont aussi en cours au 3è bataillon d’infanterie, à quelques 8 km de la région militaire. Sur ce site, les bâtiments d’habitation, décoiffés attendent réhabilitation et occupation. Une clôture et un portail d’accès ont été réalisés.

Le ministre Hamed Bakayoko a fait en sorte que l’Etat de Côte d’Ivoire se saisisse de ce dossier qui relève tout de même d’un imperium régalien pour la réhabilitation de ces sites militaires et de gendarmerie. Car, la France avait, au sortir de la crise, proposé son expertise. A ce jour, la dégradation des camps de l’ENSOA, de l’hôpital militaire et du camp commando, rappelle les tristes souvenirs de la crise que les ivoiriens voudraient rejeter aux calendes grecques. Au bout de neuf mois, ces casernes et camps militaires présenteront de nouveaux visages. Dans l’attente, les soldats de l’ENSOA, revenus de Daoukro squattent des installations au 3è bataillon d’infanterie. Dans l’espoir que cela soit un souvenir dans neuf mois.

Adam’s Régis SOUAGA, Envoyé Spécial

Source : rédaction PôleAfrique.info

 

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE