Côte d’Ivoire Défense

Défense et sécurité – Les recommandations pour une armée performante post-crise, « équipements, formation et critères d’avancement transparents » prescrits

Mis à jour le 30 juin 2018
Publié le 30/06/2018 à 6:56
Les lampions se sont éteints ce vendredi 29 juin sur la 3eme Session Internationale de Réflexion Stratégique qui se tenait à Grand-Bassam depuis le 25 juin autour du thème « reconstruction de l’outil de défense post-conflit: cas des pays africains ». Après cinq jours de travaux, les experts en sécurité et défense de la vingtaine de pays participants, ont rendu les résultats de leurs réflexions. C’est un ensemble de diagnostics et de recommandations pour la reconstruction d’une armée après un conflit.
 
Dans l’ensemble, trois comités de réflexion ont abordé les sous-thèmes « Armée, doctrine dans la reconstruction post-conflit »,  » Armée-Nation dans la reconstruction post-conflit », et  » Armée et sécurité collective dans la reconstruction post-conflit » durant cette session internationale. Les résultats ont été présentés au cours d’une séance d’échanges interactives.
 
Pour le premier thème, il s’est agi pour les membres du comité de réfléchir sur le corpus doctrinal post-conflit. Ils ont évoqué des symptômes de  déconstruction d’une armée au sortir d’un conflit. Ce sont entre autres, la désorganisation de l’appareil militaire, la dégradation de l’environnement sécuritaire, les mauvaises conditions de vie et de travail, l’affaiblissement de la gouvernance. Ce comité de réflexion recommande de doter l’armée d’une organisation cohérente, le renforcement de l’équipement et du soutien, et l’adaptation et l’intégration de l’outil de défense au contexte national.
 
Le deuxième comité a travaillé sur le sous thème  » Armée-Nation dans la reconstruction post-conflit ». Ces membres ont mis en exergue les actions à poser pour la restauration de la confiance entre l’armée et la population. Entre autres symptômes, il a été souligné la perte de la légitimité de l’armée, et la perte de la crédibilité de l’armée aux yeux de la population. Les recommandations ont porté sur le rétablissement de la légitimité de l’armée qui suggère l’organisation des actions d’informations, et le rétablissement de la crédibilité qui doit se faire autour de la tryptique: protection, assistance et secours.
 
« Armée et sécurité collective dans la reconstruction post-conflit » est le sous thème abordé par le troisième comité de réflexion. Les membres ont axé leurs recherches sur les cas de la Côte d’ Ivoire et de la République Centrafricaine. La sécurité collective dans la reconstruction post-conflit se fait en tenant compte des mécanismes divers qui existent dans chaque région africaine (CEDEAO, CEDEAC) ainsi qu’au niveau mondial (ONU). Mais aussi au plan national avec le MICECI et ONUCI pour la Côte d’Ivoire, et la MISCA et la MINUSMA pour la République Centrafricaine.
 
Selon ce comité, ces mécanismes dans leur fonctionnement ont des points de faiblesse. Ce sont entre autres pour la Côte d’Ivoire, la question du désarmement et la non-cohérence du format d’armée. Et pour la République Centrafricaine, la faillite de l’État, l’absence de volonté de sortir de crise des factions rebelles. Les intervenants recommandent entre autres de développer un leadership coordonné entre l’État et les responsables de structures dédiées à la sécurité, le renforcement de la confiance entre les acteurs.
 
Jean-Paul Malan, Directeur de cabinet du ministre d’Etat, ministre de la Défense et représentant le ministre Hamed Bakayoko a salué les différentes productions des experts. « De vos différentes contributions, vos partages d’expérience et surtout vos recommandations concrètes, il ressort que la reconstruction de l’outil de défense après une période de crise s’inscrit dans la durée…. Cette reconstruction doit être progressive, graduelle et caractérisée par le réalisme, le pragmatisme des acteurs capables d’opérer des choix simples », soutient-il.
 
Selon lui, les choix à opérer doivent s’articuler autour d’un certain nombre de points. Ce sont une vision politique claire avec des orientations claires, la formation des hommes, surtout des hommes de troupes qui ont été recrutés pendant la crise sans respecter les critères d’aptitude, le rétablissement de la chaîne de commandement, un commandement unique avec des hommes capables de prendre leur responsabilités et de prendre leurs hommes en main, la définition et l’application de critères d’avancement transparent pour la nouvelle armée à mettre en place, l’amélioration des conditions de vie des soldats, l’équipement des casernes au normes pour permettre aux soldats de vivre dans de bonnes conditions.
 
« Je suis persuadé que toutes les questions qui ont été débattues au cours de cette session nous ont permis d’atteindre nos objectifs dont le premier est de rassembler tous ces cerveaux dans une même salle pour discuter, échanger d’expériences, apprendre des uns des autres, se corriger et améliorer l’ensemble des programmes que nous conduisons chacun dans son pays. Nous espérons aussi que les thèmes qui ont été débattus permettront aux uns et aux autres de tirer des enseignements, de bonnes conclusions et de ramener les choses à leur juste proportion au moment où ils seront appelés à mettre en œuvre ces différents programmes », a conclu Jean-Paul Malan 
Une autre session est annoncée l’année prochaine.
 
 
Richard Yasseu
Source : rédaction Poleafrique.info    
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