L’année 2024 a été marquée par plusieurs événements significatifs qui ont façonné le quotidien des Ivoiriens. Du déguerpissement des zones à risques à la dissolution des associations syndicales dans les universités de Côte d’Ivoire, en passant par le toilettage des cités universitaires et la victoire de la Côte d’Ivoire au concours international de dictée, le pays a enregistré de nombreux faits.
Février 2024, un communiqué du gouverneur du District autonome d’Abidjan annonce le lancement d’opérations de déguerpissement à l’échelle du District.
Ces opérations touchent 176 sites, dont 77 jugés particulièrement critiques. Selon le ministre-gouverneur Cissé Bacongo, l’objectif est de protéger les vies humaines.
Elles visent aussi à assurer la sécurité des citoyens et de préserver les infrastructures publiques, en libérant les emprises du domaine public.
L’annonce, tombée comme un couperet, déclenche une vague de réactions. Du 9 au 17 mars 2024, les bulldozers envahissent les communes d’Adjamé, Port-Bouët, Yopougon et Attécoubé, perturbant profondément la vie des habitants.
Parmi les voix s’élevant contre cette initiative, celle du père Norbert Abekan, qui exprime son indignation face à la destruction annoncée de son village natal, Anono.
L’inquiétude des populations impactées par ces opérations est croissante. Le gouvernement qui n’en est pas indifférent, annonce le 21 novembre 2024 la suspension des déguerpissements à Abidjan, sauf en cas de menace immédiate pour la sécurité publique.
La Côte d’Ivoire brille sur la scène internationale en dictée
Après avoir remporté la Coupe d’Afrique des nations en février, la Côte d’Ivoire s’illustre à nouveau sur la scène internationale.
Krecoum Loevan Niels Samuel-Marie, élève ivoirien, décroche le titre de champion du monde de la 33e édition du concours international de dictée, le 19 mai 2024 à Québec, Canada.
C’est une victoire qui met en lumière l’efficacité de la politique éducative menée par la ministre de l’Éducation nationale, Mariatou Koné.
Cette dernière avait décidé de la réintroduction de la dictée dans les programmes scolaires dès la rentrée 2021-2022.
Toilettage des cités universitaires et dissolution des syndicats étudiants
Dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024, le milieu estudiantin ivoirien est secoué par le décès de l’étudiant Agui Mars Aubin Déagoué, surnommé « général sorcier ». Il était le principal opposant du secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), Kambou Sié.
A la découverte de son corps, une enquête est immédiatement ouverte et plusieurs mesures gouvernementales sont prises.
Parmi celles-ci, l’interpellation de 17 étudiants, dont Kambou Sié, dans le cadre des enquêtes sur des meurtres d’étudiants.
Les autorités sécuritaires procèdent aussi à l’arrestation de 28 autres étudiants à la suite des déguerpissements dans les cités universitaires d’Abidjan et de Bouaké.
Le gouvernement expulse également près de 5 000 occupants illégaux des cités universitaires de ces deux villes ainsi que de Daloa.
De nombreux commerces illégaux, des fumoirs, une maison close et un tunnel de torture sont démolis.
Dans le même temps, les quartiers généraux de la FESCI et du CEECI sont détruits à Abidjan, Daloa et Bouaké.
Le 2 octobre 2024, le président de la République prend un décret annonçant la dissolution de toutes les associations d’élèves et étudiants à travers le pays.
La mesure, fait savoir le décret, vise à garantir l’ordre et la tranquillité dans les milieux universitaires et scolaires.
L’année 2024 aura donc été celle de profondes transformations sociales et institutionnelles en Côte d’Ivoire.
Entre les opérations de déguerpissement, les réformes dans le secteur universitaire et les victoires internationales, le pays s’engage dans un processus de modernisation qui bouleverse les habitudes tout en suscitant débats et émotions.
Si certains voient dans ces changements une nécessité pour assurer l’ordre et la sécurité, d’autres y perçoivent des conséquences humaines et sociales lourdes.
Maria Kessé