Le sujet a été évoqué pendant la rencontre entre les présidents Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo le 27 juillet 2021 au palais de la présidence à Abidjan Plateau. L’ex-chef d’Etat a indiqué avoir insisté sur la question de la libération des prisonniers. Mais quelle sera la réponse du chef de l’Etat ivoirien ?
110, c’est le nombre de personnes que l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo souhaite voir en liberté. Le mardi 27 juillet 2021 alors qu’il était reçu par son successeur le président Alassane Ouattara au palais présidentiel, il a indiqué avoir plaidé en faveur de ces personnes en détention pendant l’entretien.
« J’ai insisté sur le cas des prisonniers qui ont été arrêtés au moment de la crise de 2010-2011 et qui sont encore en prison. J’ai dit au président et vous serez d’accord avec moi que j’étais le chef de file. Et moi je suis dehors aujourd’hui et ils sont en prison. J’aimerais que le président fasse tout ce qu’il peut pour les libérer », avait-il révélé.
Ces 110 ivoiriens sont pour la plupart en détention en Côte d’Ivoire. Ils purgent pour certains des peines lourdes prononcées par la justice ivoirienne. Les autres sont incarcérés au Libéria voisin. Une liste de leurs noms a même été transmise au palais présidentiel en vue de permettre au chef de l’Etat d’en prendre connaissance.
Pour l’heure, aucune réaction de la présidence n’a été faite sur la question. Même pendant sa prise de parole au cours du point presse conjoint d’après l’entretien, le président ivoirien n’a pas évoqué le sujet.
Alassane Ouattara va-t-il accéder à cette requête de son prédécesseur ? L’occasion de la fête de l’indépendance nationale prochaine est une aubaine qui se présente pour le faire, estime Dr Eddie Guipié, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo.
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« La balle est dans son camp. Nous avons une date constitutionnelle intéressante qui est proche. C’est celle du 6 août, la veille de l’indépendance. La plupart du temps, les chefs de l’Etat utilisent traditionnellement cette période pour élargir les prisonniers qu’ils soient politiques ou non. Il y a donc cette échéance constitutionnelle qui se présente comme étant une occasion pour élargir ces personnes. Toujours est-il que la balle est dans son camp. L’initiative lui appartient. C’est ce que le président Laurent Gbagbo a dit », analyse l’universitaire.
A l’en croire, seules deux institutions peuvent libérer dans le cas actuel un prisonnier. Il s’agit en premier du Président de la République qui peut faire usage du droit de grâce quand une personne a été condamnée. Le président de la République peut aussi utiliser l’amnistie en passant par l’Assemblée nationale, « Mais ici encore, l’initiative lui appartient. En second lieu c’est la justice qui peut décider de cesser des poursuites si la personne n’a pas encore été condamnée ».
Parmi les détenus pour qui plaide l’ancien président ivoirien, figurent des militaires connus des ivoiriens tels que : les généraux Bruno Dogbo Blé, Vagba Faussignaux, les commandants Jean-Noël Abehi et Anselme Séka Séka. Durant la crise postélectorale (2010-2011), ils constituaient le fer de lance du système sécuritaire du régime de l’administration Gbagbo.
Richard Yasseu