Les derniers rapports de Democracy Index et de Freedom House présentent un indice faible de démocratie un peu partout dans le monde, en 2020. En Afrique, le Sénégal, le Mali et le Bénin quittent la liste des 10 pays les plus démocratiques du continent.
L’Ile Maurice, le Cap Vert Le Botswana, l’Afrique du Sud, la Tunisie, la Namibie, Le Ghana, Le Lesotho, Le Malawi et le Madagascar, sont les meilleurs élèves. En Afrique, ils sont les 10 pays les plus démocratiques. Pour ce nouveau classement, le Mali, le Bénin et le Sénégal, autrefois classés parmi les pays d’Afrique avec un indice satisfaisant de démocratie, au regard des processus électoraux et du pluralisme, des libertés civiles, du fonctionnement du gouvernement, de la participation et de la culture politique, ont rejoint le rang des pays partiellement libres, avec un régime hybride ou autoritaire.
Le pouvoir malien en pâture, la démocratie dégringole
Le Mali détient le plus fort déclin mondial en 2020, en termes de démocratie. Il perd 11 places au rang mondial et occupe la 111ᵉ place, passant de 44 sur 100 en 2019 à 33 sur 100 en 2020. Le Mali, auparavant considéré comme un « régime hybride », est désormais qualifié de « régime autoritaire ». en 2020, il occupe la 23ème place africaine. Selon Freedom House, ce rang est dû au fait que le pays n’a pas le « plein contrôle de son territoire » et à « l’insécurité rampante qui a provoqué un coup d’État en août 2020, par des officiers lésés par le manque de progrès contre les insurgés djihadistes ». Le gouvernement de transition mis en place par la junte avait également annulé les résultats des législatives du mois de mars, « largement libres et transparentes ».
Au Bénin, la démocratie chancelle
Le passe de 79 à 65 points entre 2019 et 2020 et perd ainsi le label de « pays libre ». Le Bénin est à présent 19e sur le plan africain et 102e sur le plan mondial. D’après le rapport, la crise politique et sécuritaire faisant suite à la campagne électorale et aux élections législatives de 2019, qui ont vu l’ensemble de l’opposition exclue du scrutin à la suite de la mise en place d’un code électoral plus restrictif par le gouvernement ont été entraîné de mauvaises performances dans la catégorie « processus électoral et pluralisme ».
Le Sénégal, entre émeutes et crises socio-politiques à répétition
Le Sénégal n’a pas connu de coup d’Etat militaire depuis le 4 avril 1960, date de son indépendance. Une exception dans la région. Longtemps classé dans le peloton de tête des démocraties africaines avec un rang de 9è africain en 2019, la bonne réputation est désormais entachée. Le pays se montre vulnérable à des reculs démocratiques, en perdant 7 points entre 2017 et 2020. Élections contestées, principaux opposants emprisonnés ou éliminés par le filtre du parrainage, pression exercée sur les activistes fréquemment envoyés derrière les barreaux, etc., voici les grands maux qui freinent l’expansion de la démocratie au Sénégal. Le Sénégal retombe dans le lot des nations « partiellement libres », en occupant la 86eme place mondiale. Notons que ce classement ne prend pas en compte l’affaire Sonko-Adji Sarr dont le bilan en s’élève à 14 personnes tuées dans des manifestations et des arrestations tous azimuts. Ce qui aurait visiblement placé le pays de la Teranga encore loin derrière, dans le classement.
Marie-Emile Kablantchi (contribution particulière)