Un homme brandissant avec fierté un pied de chaussure qui appartiendrait au roi de Moossou. Une scène burlesque dans la ville de Grand-Bassam qui est devenue virale sur les réseaux sociaux depuis le samedi 15 juillet 2023. Des informations soutiennent que par cet acte symbolique, l’autorité royale est destituée.
Chaude journée vécue par les populations de Moossou à Grand-Bassam, le samedi 15 juillet 2023. Les membres de la génération Bloussoué conduits par leurs chefs, ont entamé une tentative dite de destitution de sa Majesté Nanan Kanga Assoumou, 21e roi des Abouré Ehê de Moossou. Selon certaines informations, plusieurs incompréhensions sont à la base de ces tensions. Mais un fait a focalisé l’attention de tous lors de ce mouvement d’humeur. Il s’agit du retrait de la chaussure du roi. Ce serait un symbole de destitution. Mais que dit la tradition Akan en matière de destitution dans une royauté ? Joint par 7info, Ange Nohonin, un acteur culturel ivoirien dévoile un pan de la procédure.
« Pour parler du roi, on utilise toujours des euphémismes. On dira par exemple ‘’le roi a mal à la dent’’ ou que ‘’le pied du roi est cassé’’ lorsque celui-ci est décédé. Ce sont juste des images et pour le cas de Moossou, ces images ont été prises au premier degré », fait savoir Ange Nohonin.
Selon lui, en général, la destitution d’un roi est un fait exceptionnel et n’est pas spécialement prévu dans des textes.
« Pour destituer un roi, le processus n’est pas aussi simpliste que cela puisse paraître comme ce fut le cas à Moossou. Le retrait de la chaussure est juste un symbole, ce n’est pas la chaussure physique que l’on retire des pieds du roi. Et surtout, ce n’est pas un individu peu importe son appartenance à une classe qui peut par cet acte destituer le roi, c’est plutôt le peuple tout entier qui retire sa confiance au roi à travers un processus qui est validé par les différents chefs de famille. Dans la tradition, pour destituer un roi, on ne le brutalise pas, c’est un acte sélect et cela se fait avec beaucoup de dignité. On trouve même des parades, comme quoi le roi est malade ou qu’il a abdiqué », analyse-t-il pour 7info.
LIRE AUSSI: Les festivités du 63e anniversaire de la Côte d’Ivoire à Grand-Bassam
Qui est habilité à destituer le roi ?
Selon le spécialiste ivoirien, seule une certaine classe dans la société traditionnelle a le pouvoir de décider de la destitution du roi.
« Dans le principe, on trouve le roi à la cour royale et on l’informe que le peuple lui retire sa confiance et là, intervient la symbolique du retrait de la chaussure. Au sein d’une royauté, il y a un roi et une assemblée de notables qui est composée de sept familles (peuple Abouré, N’zima). Donc, pour destituer un roi, c’est cette assemblée qui se réunit et retire sa confiance au roi à l’unanimité. Simplement parce que pour établir le roi, il faut qu’il y ait l’unanimité entre ces sept familles. Dans le système royal, le roi est établi à vie. Pour destituer un roi, on peut aller jusqu’à l’éliminer mystiquement. Vous pouvez apprendre que le roi est tombé au champ, une mort banale et inattendue. Tout ça parce qu’on se dit que le pouvoir du roi traverse le temps, donc on ne destitue pas un roi comme ça », précise le culturel.
Le même samedi 15 juillet 2023, la Cour royale de Moossou et sa notabilité ont produit un communiqué dans lequel elles apportent un démenti à la rumeur de destitution du roi.
« La Cour Royale de Moossou tient à informer l’opinion nationale et internationale que sa Majesté Nanan Kanga Assoumou reste et demeure le Roi des Abouré Ehê de Moossou. La Cour Royale de Moossou et sa notabilité remercient la génération au pouvoir (les Noudjou), les N’Nowé, les différents chefs des sept familles pour leur soutien et leur loyauté en faveur des institutions du village », précise la note.
Maria Kessé