La Côte d’Ivoire parmi les pays les plus endettés de l’Afrique subsaharienne, l’information a dernièrement fait la UNE des tabloïds ivoiriens. Une nouvelle qui soulève plusieurs questions. Qu’est-ce qu’une dette, qu’est-ce que cela représente pour un pays et quel est le seuil à ne pas franchir ?
Pour Dr Boyé, un macro-économiste, modélisateur et chercheur à la cellule d’analyse de politiques économiques du Centre ivoirien de recherche économique et sociale (CIRES), « être endetté signifie avoir pris des engagements financiers vis-à-vis d’une tierce personne, et que ces engagements doivent être honorés à la période échue ». Appliquée à l’échelle d’un pays, « La dette publique est l’ensemble des emprunts qu’un État et ses démembrements font », explique un banquier qui a requis l’anonymat. En d’autres termes, pour un pays, cela signifie que les autorités doivent rembourser un montant contracté auprès de tiers qui doit être remboursé de façon échelonnée sur une période donnée dont la fin est appelée échéance.
Selon ces experts ivoiriens, la contraction de la dette pour un pays répond à des buts bien précis. De fait, disent-ils, l’État, à un moment donné, a besoin d’argent pour financer son fonctionnement, pour assurer le service de redistribution par le paiement des salaires, les charges sociales et autres. Il a également besoin de capital pour ses investissements. Pour faire face à tout cela, l’État va s’appuyer sur ses ressources extérieures et intérieures que sont la perception de taxes et autres, dans un premier temps. Et dans un second temps, il va solliciter un mécanisme de prêts, donc d’emprunts sur les marchés financiers. L’État va ainsi émettre des obligations sur les marchés financiers qui vont courir sur une période soit de moyen à long terme. Et ce capital va permettre à l’État de faire face à ses dépenses, expliquent les spécialistes.
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« Une fois que le capital est mis à disposition de l’État, on aura des échéances de remboursement. Mais à la différence d’un ménage ou d’une entreprise qui sollicite un emprunt auprès d’une banque, le remboursement de cet emprunt va se faire principalement à chaque échéance sur les intérêts. Autrement dit, ce sont les intérêts que l’État va rembourser. Le remboursement du capital, lui, ne se fera qu’en fin de période », précise le banquier.
Mais le remboursement du capital n’est pas automatique. Il se fait par un autre procédé, révèlent les experts. « Une fois au terme de cette période, l’État, vu que ce sont des niveaux assez importants en termes de ressources, sera obligé de passer par un système de réendettement. Il faut comprendre qu’il va solliciter un nouveau prêt qui va lui permettre de rembourser le capital, et finalement, ce sera une boucle infernale. Mais ramené à un niveau étatique, l’État est un organe dont la durée de vie est indéfinie », rassure le banquier.
Selon le tableau récapitulatif de la dette extérieure publique des pays de l’Afrique subsaharienne tel rapporté par les médias ivoiriens, la Côte d’Ivoire est dans le top 5 des pays endettés. En outre, entre 2015 et 2020, les dettes de la Côte d’Ivoire ont connu une hausse de + 138%, soit 22 milliards de dollars qui équivalent à 13 000 milliards FCFA de dette supplémentaire. Y a-t-il des craintes à avoir ? Pour les spécialistes, ces chiffres ne sont pas alarmants. « Au niveau de l’UEMOA, le seuil de la dette est de 70% alors que celui de la Côte d’Ivoire est autour de 50%. Il y a encore une marge de manœuvre si on s’en tient à ce critère. Cependant, ce ne sont que des mythes, car un seuil d’endettement n’a pas de sens économique à proprement parlé. C’est juste de mettre en place un indicateur pour évaluer le stock de la dette par rapport au flux de richesse créée au cours de l’année », analyse Dr Boyé.
Voilà donc qui rassure.