« Mon école à la maison », l’émission télévisée qui permet aux écoliers et élèves en classe de CM2, 3eme et terminale de suivre des cours et se préparer pour affronter les examens de fin d’année, n’est pas accessible pour tous les enfants. Le même programme est distillé sur les ondes de la radio nationale et fréquence 2. Ce programme qui s’annonçait salvateur pour les enfants, semble être un véritable cauchemar pour certains tant en zone urbaine qu’en zone rurale.
Nous sommes l’après-midi du vendredi 10 avril dans la famille Sadia au quartier Domoraud à Man. Il est l’heure du cours télévisé sur RTI 2. 5 petites minutes pour chaque cours dispensé en direct sur le petit écran. Dans cette famille, deux candidats sont enregistrés. Un en 3 ème et l’autre au CM2. Après la séquence, l’un semble ne rien comprendre.
Qu’avez-vous retenu ? <<Nous n’avons rien compris grand-frère. Les cours vont très vite. Et en plus, on a aucune possibilité de demander ou poser des questions de compréhension. C’est difficile pour nous de suivre des cours qui sont fait de façon rapide. Un cours qu’on fait en une heure, venir le faire en quelques secondes? Il est vraiment difficile de comprendre et retenir>>, répondent-ils tous en chœur. Comme eux, nous rencontrons un autre élève, en classe de terminale. Il est aussi tout désorienté que ses premiers camarades. <<Moi, je n’ai aucun moyen de suivre les cours sur le net et les sites qu’ils ont communiqué. À la télévision, tout va très vite. Si on veut vraiment, nous aider qu’on ouvre les écoles et faire venir les élèves seulement en classe d’examen par vague que nous torturer de la sorte. Combien d’élèves peuvent-ils suivre le rythme avec lequel les cours sont dispensés? Peut-être les autres mais moi, vraiment je suis perdu dans tout ça. Si cela continue, mon année sera perdue >>, s’inquiète Gueu Sidoine.
Le lundi 13 avril, nous décidons de nous rendre en campagne. De nombreux élèves sont des enfants de paysans. Une fois les cours sont interrompus, il faut impérativement se rendre au village ou au campement pour réduire au maximum les dépenses. La bourgade de Bonta nous accueille. Un village situé à une quinzaine de kilomètres de Man. Les travaux champêtres battent leur plein. Ici, il faut aider les parents pour préparer la saison prochaine de récolte. Zan Didier est élève en classe de terminale D dans un collège de la capitale régionale. Toute la journée , le garçon est avec de ses parents au champ, pour ne revenir qu’à 16 heures. Pour lui cette histoire de cours à la télévision, est une affaire de ceux qui sont dans les zones urbaines dont les parents sont riches ou ont un peu de moyens.
<< Les cours à la télévision sont faits pour les enfants des personnes nanties. Nous au village, il nous faut travailler pour avoir de l’argent. Nos parents ne sont pas fonctionnaires. Quand les pluies commencent, il faut travailler la terre pour avoir à manger. Mon papa n’a pas de télévision. Je ne peux pas aller m’asseoir chez les gens et ils vont m’insulter pour rien. Je vais attendre que les choses se normalisent pour aller à l’école. Je ne vais pas me fatiguer avec cette histoire de cours à la télévision, en ligne ou par SMS>>, coupe-t-il court.
Un autre handicap pour les enfants en zone rurale, en plus de la pauvreté grandissante, est le niveau de langage des enfants. Un jeune étudiant confiné au village souligne cet handicap. <<L’idée de nos dirigeants de faire des cours à la télévision et à la radio c’est bien. Mais est-ce qu’ils ont tenu compte du niveau des enfants dans les villages? Des enfants qui sont nés ici. Ils ne parlent que le Yacouba correctement. Le français est approximatif chez eux. Comment ces enfants peuvent suivre des cours à la télévision qui ne durent que cinq minutes. Il faut trouver autre chose pour les enfants sinon, moi je vois un échec même à la fin de ce processus>>, se désole Sahi Jean. De nombreux parents, n’épousent pas cette mesure.
<<Avant, les cours à la télé étaient accompagnés d’explications avec les maîtres sur place. Tout cela participe à tuer encore le système qui de plus en plus est incompréhensible. Je n’épouse vraiment pas cette décision. Il faut attendre que les choses se calment et mettre les enfants en route pour l’école tranquillement. Sinon à cette allure, c’est un fiasco>>, martèle Hilaire Tro.
Chacun y va de sa compréhension de ces cours qui pour les responsables de l’éducation nationale permettront de maintenir les enfants en éveil pour affronter les examens de fin d’année. Une équation qui s’annonce difficile pour certains apprenants et leurs parents.
Olivier Dan Correspondant
7info.ci