Que faut-il comprendre du dernier discours d’Henri Konan Bédié ? Pour des observateurs de la politique ivoirienne, la sortie du leader de l’opposition nationale, renferme des non-dits.
Dr Eddie Guipié est Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire. Il partage cet avis. Selon lui, dans sa démarche, l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié reste accroché à l’objectif de l’opposition politique qui est de faire une remise à plat de la politique nationale.
« Il s’agit d’un changement de stratégie, mais l’objectif politique demeure le même. À savoir réorganiser l’élection présidentielle et les législatives dans un cadre apaisé, sincère et ouvert à tous. Le président Bédié avait emprunté la stratégie d’un Conseil national de transition qui est devenue inopérante. Maintenant, il prône la question d’un dialogue national ouvert à tous dans une sorte de catharsis nationale pour essayer de laver tout le linge sale de la Côte d’Ivoire en famille« , analyse Dr Eddie Guipié pour 7info.ci.
Dans son discours prononcé sur le réseau social Facebook dans la nuit du mercredi 9 décembre, le président du PDCI-RDA fait le deuil du gouvernement de transition annoncé par l’opposition ivoirienne qui ne reconnaît pas la réélection du président Alassane Ouattara. Henri Konan Bédié fait en revanche la proposition d’un nouveau cadre de dialogue dit ‘’Dialogue national’’ qui verra la participation de toutes les forces vives du pays. Et qui se fera sous l’encadrement des organisations internationales crédibles spécialisées en la matière, dont l’ONU. Parmi les questions clés à aborder dans le cadre de ce dialogue national, le chef de file de l’opposition inscrit entre autres: « la mise en œuvre d’un véritable processus de réconciliation qui prendra notamment en compte le retour des exilés et la libération des prisonniers politiques et militaires ; et l’Organisation des élections, notamment présidentielles, transparentes, crédibles et inclusives, dans un climat apaisé ».
Un Marcoussis bis
Pour ce qui est des chances de réussite de cette offre de dialogue, le politologue ivoirien estime que tout dépendra dans un premier temps de l’acceptation de l’offre. Pour Dr Eddie Guipié, une acceptation équivaudrait à organiser une grande messe réunissant tous les bords politiques, « une sorte de forum de réconciliation nationale bis, cathartique avec des résolutions fermes qui s’imposeraient peut-être au pouvoir ». Et cette acceptation de l’offre du dialogue, poursuit-il, pourrait conduire à faire de ce cadre d’échanges une instance de discussion où seraient prises des décisions fermes et obligatoires qui s’imposeraient au gouvernement.
La seconde hypothèse, fait savoir Dr Eddie Guipié, ce serait le refus de tout dialogue national tel qu’émis ou pensé par le président du PDCI. « Le président Bédié a fait son offre, il appartient maintenant au gouvernement d’apprécier la qualité de l’offre », commente-t-il. Non sans faire remarquer qu’il s’agit d’un terrain politique où tout s’apprécie en fonction des rapports de force. « Le gouvernement actuel va certainement mettre dans la balance des négociations la reconnaissance ferme et irrévocable de l’élection présidentielle. Les gouvernants diront sûrement ceci : nous ne négocierons ou n’ouvrirons les discussions que lorsque vous nous aurez reconnus comme gouvernement légal et légitime puisque le président Bédié lui dénie cette légitimité-là« , analyse le politologue.
Richard Yasseu
7info.ci