Côte d’Ivoire

Dissolution des syndicats estudiantins, des responsables politiques réagissent

Mis à jour le 18 octobre 2024
Publié le 18/10/2024 à 2:22 , , , , , ,

FESCI, CEECI et toutes les autres associations syndicales estudiantines sont dissoutes, annoncé hier l’exécutif ivoirien à l’issue d’une réunion du Conseil national de sécurité. 24 h après cette décision gouvernementale, des responsables de partis politiques ont réagi.

 

Elles ne sont plus autorisées à exister. Depuis le jeudi 17 octobre 2024, le gouvernement ivoirien a annoncé la dissolution des associations syndicales estudiantines dans le pays dont la FESCI.

Dans le pays, la mesure gouvernementale est diversement appréciée. Des politiques et des anciens membres de la FESCI ont réagi.

« C’est un décision précipitée » estime Blaise Lasme, secrétaire général adjoint du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI), le parti de Laurent Gbagbo.

« Est-ce qu’interdire la FESCI est la solution ? Je me pose cette question au vu de ce que la justice est en pleine instruction et des politiques s’empressent de prendre des mesures comme s’il y avait des choses qu’on voulait cacher », commente-il à 7info qui l’a joint.

La mesure de dissoudre les associations syndicales estudiantines intervient quelques semaines après l’assassinat de deux étudiants membres de la FESCI, le plus influent syndicat du milieu estudiantin et scolaire en Côte d’Ivoire.

En réaction, le gouvernement ivoirien avait pris d’autres mesures. Ce sont notamment l’interdiction, à titre conservatoire, des activités des associations syndicales estudiantines et scolaires sur l’ensemble du territoire.

Le gouvernement avait aussi ordonné l’expulsion de toutes les personnes irrégulièrement logées dans les campus universitaires.

Selon Blaise Lasme, il aurait fallu qu’on laisse la justice aller jusqu’au bout de ce procès, il aurait fallu que les responsabilités soient préalablement situées avant de prendre des décisions.

« Il n’y a pas encore eu de procès et déjà on procède au démantèlement d’associations syndicales. Cela cache beaucoup de choses. Au-delà même de ça, est-ce que la FESCI en tant qu’entité s’est réunie pour décider d’attenter à la vie de quelqu’un ?

Je ne crois pas que cela ait été le cas. Donc en quoi est-ce que les actes criminels qui sont imputés à des individus qui ont été préalablement déterminés par le bureau du procureur, puissent être imputés à l’organisation tout entière ?…

Pour moi donc c’est une décision qui est précipitée, c’est une décision qui cache beaucoup de choses », soutient le collaborateur de l’ex-président ivoirien.

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Danièle Boni-Claverie, est la présidente de L’URD, un parti de l’opposition. Pour elle, « il faut mettre un terme à ces dérives mafieuses où l’assassinat devient un acte banal ».

« Il est vrai que c’est une mesure radicale mais elle s’impose et l’URD la soutient. Sur le plan des principes, il est malheureux de faire taire des voix syndicales mais nous ne sommes plus dans le domaine de la défense de la liberté syndicale.

Nous avons affaire à une situation mafieuse. Nous portons tous le poids des dérives de la FESCI. Démission des parents, instrumentalisation de ce syndicat par les politiques depuis des décennies, silence abyssal des autorités universitaires d’où notre question aveuglement ou complicité ? », s’interroge-t-elle.

« Il faut mettre un terme à ces dérives mafieuses où l’assassinat devient un acte banal qui remue quelques vagues moralisatrices et puis tout retombe dans l’acceptation. Il faut mettre un terme, vigoureusement, à des procédés qui gangrènent notre jeunesse. Drogue, fumoir, Business et prostitution.

On croit faire un mauvais rêve ! Oui, toutes ces associations doivent être dissoutes pour permettre la reconstitution d’1 ou 2 syndicats dont les seuls intérêts seront de répondre à l’amélioration des conditions de vie des jeunes.

Ils ne sont pas là pour faire de la politique mais pour apprendre et s’imprégner de savoir et de connaissances.

Ces associations doivent uniquement jouer un rôle d’intermédiaire entre les étudiants et l’administration et faire des propositions pour favoriser un environnement scolaire et estudiantin positif.

Nous avons été laxistes, nous en payons le prix mais il n’est pas trop tard », conclut Danièle Boni-Claverie.

Richard Yasseu

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