Accusée par l’Autorité Nationale de la Presse (ANP), d’avoir posé des actes d’entrave à la liberté de la presse, la directrice de communication du Président Henri Konan Bédié, Djénébou Zongo rejette les accusations.
Le fait en lui-même est passé presqu’inaperçu et est depuis tombé dans l’oubli collectif, mais, un communiqué de l’Autorité Nationale de la Presse a remis au goût du jour, une friction entre un correspondant de presse et la sécurité d’Henri Konan Bédié, au caveau des Boigny à Yamoussoukro.
Proche du pouvoir, dans un contexte tendu entre celui-ci et l’ex-allié au sein du RHDP, Raphaël Lapké ne pouvait laisser passer ce pain bénit et a sonné la charge à laquelle la Directrice de la communication du PDCI-RDA et très proche collaboratrice d’Henri Konan Bédié, a répondu ce 13 juin.
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Dans un communiqué en datant du 11 juin, l’Autorité Nationale de la Presse (ANP) accuse nommément Djénébou Zongo, directrice de la communication du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire de s’être rendue coupable d’entrave à l’exercice de la liberté de la presse et de menaces sur la sécurité d’un journaliste.
Convoquée par l’organe de régulation pour donner sa version des faits, la concernée n’a pas répondu aux courriers qui lui ont été adressés les 02 et 17 mai 2019. «L’ANP a constaté que dame Djénébou Zongo, n’a jamais répondu à ses invitations, pas plus qu’elle n’a transmis ses observations écrites au Conseil comme elle l’a promis au président de l’ANP lors d’une entrevue téléphonique », pouvait-on lire sur la note.
Lors d’un point-presse organisé ce jeudi 13 juin à la maison du PDCI-RDA d’Abidjan Cocody, la mise en cause s’est défendue. « En ce qui me concerne, le 5 mars 2019, le président Bédié a procédé, à l’occasion d’une cérémonie strictement privée, au dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe du président Félix Houphouët-Boigny à laquelle aucun organe de média n’avait été convié. Le caractère privé de cette cérémonie a poussé la sécurité du président Henri Konan Bédié à interdire la prise d’images. Le correspondant du journal l’Expression a pris des images. Le service de sécurité a demandé au journaliste de remettre les images. Ce qu’il a fait. Plus tard, le correspondant, monsieur Traoré Yacouba Diarra a affirmé qu’il avait perdu son téléphone portable qu’il évaluait à 45.000FCFA. Au regard des liens cordiaux entre le journal l’Expression et moi, j’ai remis la somme de 50.000FCFA au correspondant malgré qu’il soit dans l’irrégularité surtout qu’aucun journaliste n’avait été invité à cette activité privée du président Bédié. Quelques temps après, nous avons appris qu’il avait retrouvé son portable » a-t-elle relaté sa part de vérité.
Elle soutient que s’agissant du courrier du 17 mai, ni elle ni le service administratif du PDCI-RDA ne l’a reçu. Et s’est interrogée sur les motivations du communiqué de l’ANP. «Je m’interroge sur le but de ce communiqué qui indexe de manière singulière ma personne alors que j’ai toujours été ouverte à la presse sans discrimination. L’ANP se focalise exclusivement sur un fait qui a eu lieu au cours d’un événement privé et sur le PDCI-RDA. Je m’interroge sur leur réelle intention avec le renfort de publicité de ce communiqué qui intervient deux mois après les événements », s’est-elle interrogée.
La Côte d’Ivoire est 71è/180 pays avec 29.52 points au classement 2019 de Reporters Sans Frontière. Un autre correspondant de presse, Kindo Fousséïni a vu son matériel de travail endommagé à Sipilou alors qu’il couvrait des affrontements entre la population et la police à la suite de la mort d’un mototaxiste. Une autre a été convoquée à la préfecture de police pour y être entendu dans l’affaire Kemi Séba.
La presse et les médias ivoiriens ont toujours été accusés d’avoir été des acteurs décisifs dans la survenue de la grave crise que ce pays a connue depuis la mort du premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny le 7 décembre 1993.
La classe politique ivoirienne est invitée à faciliter l’accès aux sources d’information et les activités de la presse. « L’ANP souhaite que les acteurs de la classe politique mettent tout en œuvre pour éviter que des journalistes soient empêchés de faire leur travail. »
Arnaud Houssou