Le 18 octobre dernier, Félix Houphouët-Boigny aurait célébré ses 113 bougies. Le 19 octobre dernier, Djéni Kobenan, fondateur du RDR, a bénéficié d’une messe d’action de grâce de la part de ses ex-compagnons et nouveaux sympathisants. Pour le grand Boigny, sa date anniversaire est passée sous silence comme ses messages de paix et de dialogue en toutes circonstances, au regard du spectacle insipide servi par ses contempteurs.
Les deux illustres hommes ont en commun d’avoir lutté contre le déni de parole, pour la démocratie et la considération de l’Homme. Si Félix Houphouët-Boigny a lutté contre l’oppresseur blanc, Djéni Kobenan s’est dressé contre Henri Konan Bédié, Laurent Dona Fologo et tout le groupe qui avait repris en mains l’appareil du PDCI-RDA après le décès du père fondateur.
Sur lui a été expérimenté l’ivoirité, et ça marché. Lui n’était pas Dr Alassane Ouattara, ancien Premier Ministre de Félix Houphouët-Boigny. L’enseignant, le proviseur, le directeur de cabinet, membre du secrétariat général du PDCI-RDA d’Houphouët-Boigny, s’est retrouvé du jour au lendemain, par une simple volonté de nuire, apatride. Il est passé d’ivoirien à ghanéen sans que l’on puisse lui brandir un certificat de nationalité ghanéen. Car, il ne l’a jamais été.
Mais, l’homme n’a jusque-là pas encore été réhabilité. Pourtant ce devrait être le premier acte grandeur nature que le pouvoir RDR du Dr Alassane Ouattara aurait dû faire. Et dans la droite ligne, demander quelques comptes à ceux-là même qui ont posé cet acte. Le pardon se nourrit de vérité.
Le silence accordé à ces distributeurs de nationalité a valu pour eux, amnistie morale. Aujourd’hui, le discours politique ne rassure pas. A preuve, pour le développement de nos communes et régions, il y a mort d’hommes dans certaines localités. Rien ne dit qu’il y aura enquêtes, interpellations et sanctions pénales. Les petits arrangements avec la vérité des faits, posés par les uns et les autres, pousse chaque jour la Côte d’Ivoire vers l’abîme. On se radicalise en croyant forcément détenir la raison.
Pourtant, Houphouët-Boigny, dont tout le monde se revendique, même ceux qui l’ont humilié d’avril 1989 jusqu’à sa disparition, a prescrit l’ordonnance avec pour seul remède efficace le Dialogue. Celui des forts. Le spectacle auquel les ivoiriens assistent est une injure à leur intelligence. Encore faut-il que ceux-ci décryptent au mieux le discours muet et sonore des héritiers, avides de pouvoir et diviseurs à souhait. Au-delà des sourires circonstanciés, la vraie réalité a rattrapé le mensonge des égos. Au PDCI, au RDR ou RHDP, chacun use du nom d’Houphouët-Boigny comme d’un drap pour se présenter devant les adorateurs du Père de la Côte d’Ivoire.
A part leur bénéfice, aucun n’est prêt pour le sacrifice suprême, celui consenti par ce grand homme pour la liberté de ses concitoyens. D’Houphouët-Boigny, les héritiers se donnent la main pour nuire à son œuvre. Aux encablures de l’hôtel président de Yamoussoukro se trouve la « maison du parti ». PôleAfrique.info vous invite à une incursion dans cette construction oubliée. Oubliée comme son fondateur, jeté comme un zeste d’orange après usage. Yamoussoukro dont PôleAfrique.info présentera les jours à venir les plaies béantes dans les rues, le visage hideux des grands établissements qui en ont fait la renommée, la tristesse de Boigny.
Le colloque qui s’est achevé le 20 octobre dernier a laissé dubitatif le vieil homme. Dans une Afrique où les morts sont toujours présents, les houphouétistes de tout acabit devraient réfléchir, mieux réfléchir et répondre à la question posée par Houphouët-Boigny : « ai-je fait, bien fait ce que je dois pour mon pays ? »
A sa suite, Djéni Kobenan a souri. Mais, n’a pas exulté. Il reste, même pour ceux qui se sont retrouvés à la paroisse Saint Jean, un « étranger », un « ghanéen », qui attend réhabilitation et demande d’explications officielles. A partir de Djéni, on se gardera d’attiser la flamme de la haine, du déni identitaire pour célébrer le vivre ensemble créé par Houphouët-Boigny tout en protégeant les intérêts ivoiriens. Du chemin reste donc à faire. Les houphouétistes devraient bien le comprendre.
Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction PôleAfrique.info