Politique

Dr Boga Sako Gervais : « L’amnistie, c’est encore possible… les trois grands doivent se parler »

Mis à jour le 11 août 2022
Publié le 11/08/2022 à 11:07 , ,

« Très bonne décision, du jamais vu en 12 ans de gouvernance d’Alassane Ouattara », Dr Gervais Boga Sako salue la décision de gracier l’ancien chef d’État Laurent Gbagbo. Mais, le président de la Fondation des droits de l’homme et la vie politique (FIDHOP) préfère le départ de la scène politique ivoirienne des trois grands leaders en 2025. Entretien.

 

Condamné à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire, l’ancien chef d’État Laurent Gbagbo a été gracié par le président Alassane Ouattara. Comment appréhendez-vous cet acte ?

 

Il faut prendre la décision du président de la République sous deux angles. Lorsque nous mettons sous le prisme de la consolidation de la paix et de la cohésion sociale, thème de ce 62e anniversaire de notre indépendance, cette mesure est très bonne. Car elle participe à la décrispation, elle participe à la paix sociale. Si on ne sait pas d’où on vient, on ne peut pas très bien apprécier cette décision. Je viens d’exil et Laurent Gbagbo vient d’exil. C’est pourquoi je salue cette mesure.

Le second volet, c’est pour les politiques. Pour les juristes, une grâce est différente de l’amnistie. La grâce n’efface pas ce qui est écrit dans le casier judiciaire. Le non-dit, c’est que, Laurent Gbagbo reste toujours impossible de se présenter à une élection présidentielle tant que sa condamnation reste écrite dans son casier judiciaire.

Mais il ne faut pas être rabat-joie parce qu’il ne faut pas limiter la joie des Ivoiriens. Pour moi, c’est la première fois que Monsieur Ouattara prend une décision assez réconciliatrice avec les mesures sociales prises qui vont suivre. Apprécions ce qui a été fait, un combat politique est continu. Si Monsieur Ouattara a pris cet acte aujourd’hui et qu’il reçoit messieurs Gbagbo et Bédié demain, la situation va certainement évoluer.

 

Comment appréciez-vous la démarche du PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo qui demande l’application intégrale des recommandations du dialogue politique, notamment une loi d’amnistie pour Gbagbo ?

 

J’ai pris part au dialogue politique et cela a fait partie des recommandations que nous avons faites effectivement. Mais je dois dire que tous les partis politiques y compris celui du président Laurent Gbagbo et l’opposition sont dans leur rôle. Ils apprécient en fonction du pouvoir politique qu’ils visent. Moi, en tant que militant de la société civile, j’ai une autre lecture.

On a demandé que les trois grands se retrouvent pour parler, et cela a commencé. Le Ouattara d’il y a 10 ans, ce n’était pas évident avec cet acte qu’il pose aujourd’hui. Quelque part, il a été rassuré par ses opposants. On sent que les choses bougent. Si vous voulez vous présenter en 2025, faites tout pour que tout le monde se présente. Maintenant si vous ne voulez pas, il faut qu’ils sortent tous de la course. Moi c’est mon vœu.

 

L’amnistie peut-elle advenir avant la présidentielle en 2025 ?

Ce n’est pas impossible, l’amnistie peut toujours advenir. Ce n’est pas que l’amnistie. Je peux vous évoquer deux aspects.

Au parlement de Côte d’Ivoire, il y a les députés de l’opposition (PPA-CI, PDCI…) qui y sont représentés. Récemment, l’opposition a posé un acte de soutien au candidat du RHDP (Ndlr, élection du président de l’Assemblée nationale). Cela veut dire que les députés peuvent se parler, qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir. C’est encore possible de discuter. L’élection présidentielle, ce n’est pas pour demain.

Deuxièmement, en 2010, comment Monsieur Laurent Gbagbo a fait pour que Monsieur Ouattara soit candidat ? Tout est encore possible. Parlez-vous pour sauver la Côte d’Ivoire ? On est un peu fatigué quand même. Il y a une jeune génération qui est là. Cela fait 20 ans qu’on se tue à cause de Gbagbo, Bédié et Ouattara. À un moment donné, il faut arrêter.

 

Tristan Sahi

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE