Le PDCI et le PPA-CI, partiront-ils unis ou en rangs dispersés aux municipales 2023 dans la commune de Yopougon ? Et dans chacun de ces schémas, quels seraient les résultats ? Dans cet entretien, Dr Martial Ahipeaud, un cadre du PDCI dit ce qui serait profitable aux deux formations politiques de l’opposition.
Stéphane Kipré, le candidat du PPA-CI aux régionales dans Haut-Sassandra, s’est retiré au profit du professeur Djédjé Mady du PDCI avec qui, il va former une liste commune. Selon certaines personnes, pourtant, sur le terrain, Stéphane Kipré semblait avoir une longueur d’avance sur DjéDjé Mady. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Dans le Haut-Sassandra, il y a le patriarche Djédjé Mady. Point. Et le jeune Stéphane Kipré a compris que c’est même lui qui gagne doublement puisque le doyen semble souhaiter valider ce mandat ultime et le jeune veut être en pole position pour devenir son héritier politique dans la région bien qu’ils ne soient pas du même bord. Mais Mady reste le baobab sous lequel les anciens et les jeunes viennent tenir des veilles hautement stratégiques. Le jeune Stéphane Kipré a bien compris cela.
Si dans la région du Haut-Sassandra, l’alliance entre le PPA-CI et le PDCI a été possible, ailleurs, cela semble difficile, voire impossible. Le cas à Yopougon à Abidjan est édifiant.
Je vais vous surprendre avec ma proposition, mais elle me paraît la plus stratégique. Hormis Yopougon où les passions sont au plus haut, il est simple de résoudre cette épineuse question des têtes de liste en partant de la base de données des élections passées en la croisant avec celle des bastions traditionnels des deux leaders. À Abidjan, en dehors des mairies déjà acquises au PDCI dans lesquelles le PPA-CI le soutiendrait, et Yopougon qui reste difficile, mais pas impossible, il reste Abobo, Attécoubé, Adjamé et Koumassi. Le PDCI soutiendrait le PPA-CI dans ces communes et l’opposition serait sûre de remporter 8 communes sur 10, au niveau du District d’Abidjan. À Yopougon, si on veut vraiment que la première porte d’Abidjan tombe aux mains de l’opposition, on ferait comme les disciples du Christ qui tirèrent au sort celui qui devrait remplacer Judah. Si c’est l’un qui gagne, alors l’autre laisse. Mais j’ai bien peur qu’il ne soit trop tard pour être des disciples du Christ en cette matière. Laissons donc Yopougon choisir et répartissons le reste. Le PDCI préserve ses acquis et soutient le PPA-CI dans les autres communes et vice-versa. Ainsi, on aurait des fronts unis dans les bastions de chaque parti et le RHDP ne saurait gagner une élection dans laquelle l’opposition est unie et surtout désintéressée en dehors de battre le parti au pouvoir.
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L’alliance PDCI – PPA-CI ne semble pas inquiéter le parti au pouvoir. Des cadres du RHDP affirment que leur formation sortira vainqueur des joutes électorales du 02 septembre 2023. Un commentaire ?
La question n’est pas qui gagnera, mais qui perdra véritablement. Dans le cas de la division de l’opposition, c’est le peuple de Côte d’Ivoire qui perdrait une occasion de ramener le parti au pouvoir à la raison. Et aussi ramener leurs cadres à un humanisme qu’ils semblent avoir finalement perdu, si je ne me trompe pas. Je veux dire simplement qu’une défaite de l’opposition, faute de s’unir, coûterait à la Côte d’Ivoire une occasion de renforcer la démocratie et anticiper pour la paix avant 2025. L’arrogance et le caractère unilatéral que prendra la gestion du pouvoir par ses tenants actuels en cas de victoire n’en seraient que trop. Mais c’est aux électeurs de voir et de se mobiliser pour aller voter le 2 septembre. C’est surtout pour prévenir la crise de 2025 qu’il faut voter en 2023. Et voter utile. L’opposition doit faciliter la tâche aux électeurs.
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À ces élections régionales et municipales, toutes les formations politiques prendront part. Quel est votre pronostic ?
Pour que l’opposition, constituée du PPA-CI et du PDCI, gagne aux régionales comme aux municipales, il n’y a pas deux schémas : le front uni. En dehors de cela, il est difficile de conclure en raison du mode de scrutin qui favorise celui qui aura eu plus de votes que les autres. À Yopougon par exemple, le PDCI et le PPA-CI unis, peuvent avoir 65 % de l’électorat. Mais à 34 %, le RHDP gagne avec 1 % de bulletins nuls. À 33 % et 32 %, le PDCI et le PPA-CI perdent. Sauf si le taux de participation dépasse les 70-80 % pour que l’élection bascule dans un camp qui se retrouverait alors avec la majorité absolue des 50 %. Cela voudrait dire que les stratèges des équipes doivent miser sur la mobilisation optimale des électeurs en raison d’un enjeu national donné à une élection locale. Dans le cas contraire, sans le front uni que Mao Tsé-Toung a accepté contre le Japon pour s’allier au Kuo Ming Tang, la défaite est probable même si elle peut être éviter pour le PDCI et le PPA-CI.
Réalisé par Arnaud Houssou