L’Eco, la monnaie unique de la zone CEDEAO verra-t-elle le jour ? Wautabouna Ouattara, le directeur général de l’Intégration révèle les blocages sur le processus de mise en place de cette monnaie tant attendue par les Africains.
2027, c’est la période arrêtée par les Chefs d’État des 15 pays africains de la CEDEAO pour mettre en place la monnaie unique, l’Éco. Des réunions ont déjà été tenues dans le cadre de l’élaboration du cadre de création de la nouvelle monnaie et surtout l’arrimage des devises existantes. Mais les consultations semblent au point mort et l’inquiétude des économistes de voir cette monnaie émerger un jour, grandit.
En séminaire à Grand-Bassam sur l’information économique sous régionale, Wautabouna Ouattara, le Directeur général de l’Intégration au ministère des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, fait des révélations. Quelques divergences subsistent entre les membres de l’organisation ouest-africaine.
« C’est un problème. On avait avancé très vite et on a été malheureusement contraint de freiner les choses. Le principal blocage, les principales revendications, sont venues du Nigéria. Ils nous ont expliqué qu’ils n’ont rien contre l’Eco, mais ils ont besoin d’avoir une visibilité sur le fonctionnement de toutes les structures annexes qui seront créées. Ils estiment aussi qu’il n’est pas nécessaire de se précipiter. Il faut se donner le temps d’avancer sereinement. Vous savez que le Nigéria au niveau de la CEDEAO est un géant. C’est le grand frère comme on dit. C’est donc bon de l’avoir avec soi. Les négociations ne sont pas au point mort, bien au contraire. Les Chefs d’État se sont donné un nouveau délai pour travailler et trouver des solutions aux incompréhensions », fait savoir l’expert.
Les organisations sous régionales africaines rêvent d’une intégration économique réussie afin d’amorcer le développement économique de l’Afrique. L’Union africaine a même établi un calendrier d’ici à 2063. Objectif, régler les difficultés point par point et parvenir à des accords solides sur des questions essentielles. Pour la CEDEAO, la monnaie unique dans la zone ouest-africaine demeure une priorité, mais le chemin semble encore long.
« Pour aller vers la monnaie unique, il y a beaucoup de débats. Nous ne sommes pas encore parvenus à un consensus au niveau des symboles, par exemple sur les billets. Alors que les anglophones préfèrent avoir des hommes en fond, en Afrique francophone c’est plutôt des animaux. Il y a aussi des discussions au niveau de la couleur. Et même lorsque l’Éco sera créée, il faudra mettre en place une nouvelle banque. La question, qu’est-ce qu’on fait des autres banques centrales ? Allons-nous créer une banque continentale ou celles existantes vont-elles disparaître ou seront-elles des annexes ? Ce n’est donc pas évident et les chefs d’État avancent avec prudence pour avoir des réponses à toutes ces questions avant de lancer la monnaie », révèle Wautabouna Ouattara.
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La feuille de route est en place, mais le délai sera-t-il respecté ? L’Eco suscite certes beaucoup d’espoir sur le continent, mais dans la pratique, sa mise en place est plus complexe qu’elle en a l’air.