Mieux faire comprendre les finances et les statistiques aux journalistes, aux spécialistes de la communication et au grand public, c’est la vision de Bloomberg media initiative Africa et l’Institut des sciences et technologies de la communication Polytechnique. Ces deux entités ont procédé ce jeudi 31 août 2023 à Abidjan, au lancement d’un programme de formation en journalisme financier. Mais à quels défis sont confrontés ces hommes de média spécialisés, dans l’exercice de leur métier ?
Traiter l’actualité économique et financière est leur spécialité. Dans l’exercice de leur métier, les journalistes financiers jouent un rôle important dans la société. Ils fournissent des informations essentielles sur l’économie, les marchés financiers, les entreprises et les politiques gouvernementales liées à l’économie et aux finances.
En dépit des avantages liés à cette spécialité, le journalisme financier est souvent perçu comme la bête noire par certains acteurs de médias qui la redoutent.
Arsène Yapi, un journaliste financier et responsable régional médias/contenus à Africa global logistics, s’exprimait ce jeudi au lancement du programme de formation en journalisme financier. Pour lui, le journalisme financier fait face à de nombreux défis dans son exercice.
« En Côte d’Ivoire, un pays qui connaît une forte croissance économique depuis une dizaine d’années, il est de plus en plus important d’aider les citoyens, les investisseurs et les entreprises à prendre des décisions éclairées. Malheureusement des défis subsistent. L’un des principaux défis liés au journalisme financier, c’est le déficit de formation. Contrairement aux autres formes de journalisme, le journalisme financier demande une expertise technique particulière. On ne peut pas analyser et écrire un article journalistique en matière économique comme on le ferait dans d’autres secteurs. C’est pourquoi je salue l’initiative qui nous réunit aujourd’hui (jeudi 31 août 2023 NDLR), car elle permettra aux journalistes de mieux écrire leurs articles et de bien informer la population », a-il-révélé.
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Un accès limité à l’information financière et le déficit de financement
« L’autre défi c’est l’accès limité à l’information financière auquel les journalistes d’investigation sur les problématiques économiques, sont confrontés. De plus, on observe également sur le terrain, le déficit de financement. Simplement parce que la presse économique est considérée à tort en Côte d’Ivoire comme une presse élitiste. La réflexion peut être donc menée à ce niveau, de sorte à ce qu’on puisse développer des médias financiers qui vont être à la fois pérennes et viables. Malheureusement cette problématique de financement a engendré la fermeture de plusieurs journaux spécialisés en économie », explique Arsène Yapi.
Les pressions morales sur le terrain
Un autre défi et non des moindres, constitue un véritable frein à l’exercice du métier de journaliste financier, comme c’est le cas pour les autres spécialités de la profession.
« Il s’agit tout d’abord de pressions observées sur le terrain par les entreprises sur les journalistes économiques. Des pressions qui vont de la simple intimidation aux menaces en passant par les pots-de-vin. De même, au sein de leurs rédactions, les journalistes sont parfois obligés d’écrire le contraire de ce qu’ils pensent, parce que les investigations qu’ils mènent sont en contradiction avec la ligne éditoriale du journal », insiste le responsable régional médias/contenus à Africa global logistics.
Dans le cadre du programme de formation en journalisme financier, c’est une cinquantaine de journalistes qui sera formée pendant 7 mois. Une formation organisée dans deux pays d’Afrique francophone que sont la Côte d’Ivoire et le Sénégal. En Côte d’Ivoire, les journalistes Marie-Laure Zakri et David Youant ont été sélectionnés à l’effet de dispenser les enseignements, dont 10% en présentiel et 90% en ligne.
Maria Kessé
