La vie politique ivoirienne est toujours rythmée par les mêmes courants, celui des bavards et sempiternels grognons, aux égos souvent surdimensionnés, et celui, de ceux qui posent des actions de développement. La critique est aisée mais, élever le mur n’est pas toujours un exercice facile. C’est à la truelle du bon maçon que l’on voit le vrai mur se construire.
La semaine dernière, les anciens présidents, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo se sont retrouvés pour fumer le calumet de la paix. Une bonne nouvelle qui ne devrait faire de mal à qui que ce soit. La paix, entre les enfants d’une même famille, d’un pays, pour la quiétude de la population, ne saurait susciter d’opposition.
Malheureusement, ce voyage imposé par le sort et par la farouche volonté du président du PDCI-RDA de redevenir « Président de la République », se jugeant « jeune » dans un groupe de vieux dirigeants de 90 ans, qui dirigent des pays où plus de 50% de la population à moins de 35 ans, laisse un arrière-goût d’inachevé.
L’actuel parrain du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix de l’Unesco aurait pu rencontrer Laurent Gbagbo pour avoir de ses nouvelles, lui apporter un soutien, exprimer des regrets et traduire sa volonté à construire ensemble le pays nôtre !
Par ailleurs, il eut été facile, et peut-être utile, rendre une visite insolite à Alassane Ouattara et sceller la paix des braves. Les résidences ne sont pas à plus de 10 Km l’une de l’autre. Pourquoi ? Vider ce qui apparaît comme un contentieux moral par un dépassement de soi. Est-ce trop demander?
Mais, il est plus facile de dire que faire et être le grand Boigny n’est pas donné à tous.
La guerre des égos fait craindre le pire aux ivoiriens. Des sages ont voulu que Ouattara fasse le pas vers Bédié ou vice versa. Seulement, le président du PDCI-RDA qui a le regard bien rivé sur la ligne d’horizon présidentielle de 2020, n’entend manifestement aucunement se détourner de ce chemin. Un chemin pas toujours linéaire. Car, au-delà de quelques propos de laudateurs nourris au lait de la propagande, rien n’est toujours sûr.
Le temps a passé et l’électorat a changé. Santé, école, emploi, route, prix des produits agricoles, cadre de vie sont parmi tant d’autres, les soucis des ivoiriens, débarrassés des oripeaux partisans. Face à la facture amère des soins de santé, il n’y pas Gbagbo, Bédié, Ouattara ou Soro. L’ivoirien est seul.
Les réponses à ces préoccupations sociales sont le casse-tête des ivoiriens qui se cherchent un homme qui se soucie d’eux. Les parents de jeunes ne savent plus où mettre la tête face à leurs jeunes enfants, grands garçons et grandes filles, diplômés mais encore sous le toit familial. La faute au déficit d’emploi décent et rémunérateur pour une meilleure insertion professionnelle.
Pour avoir la tête tranquille et réfléchir à son existence quotidienne, l’environnement général du pays est un facteur important. Et ce ne sont pas gestes, propos calculés de nos hommes politiques qui rassurent. Eux qui dénigrent sans proposer d’alternative, eux qui veulent vaille que vaille le pouvoir d’Etat, eux qui nient les Ivoiriens !
La réponse se trouve entre les mains des ivoiriens. Vont-ils faire confiance au RHDP ou à un candidat issu de l’opposition ? Qui portera le flambeau de cette opposition, Bédié ou Gbagbo ?
Il faut tout simplement prier pour que la sagesse habite nos politiques et soit un creuset de développement et non la sphère de tous les coups fourrés.
A ce jeu, on ose croire que les ivoiriens qui ont vécu la crise postélectorale de 2010-2011, refuseront une nouvelle crise politique. Dans cette affaire de 3000 morts, jusque-là, aucun grand leader politique n’a pleuré un très proche mais les anonymes qui se plaignent d’être abandonnés, eux, sont nombreux.
Cette élection d’octobre 2020, sera l’opportunité de la clarification entre les hommes épris de paix, qui l’appliquent et les encagoulés, qui utilisent le refrain de paix, pour du maquillage politique. Ceux-là, on voit leur dos !
Par Adam’s Régis SOUAGA