Un gendarme a été tué ce dimanche 25 août par des jeunes qui n’ont de travail que le racket. A la force des biceps, en groupe, munis d’armes blanches, ces « gnambros » (ma main est tendue en malinké) sont devenus une véritable menace. Et pour les chauffeurs et pour les usagers.
Ce dimanche, ils ont choisi d’ôter la vie à un gendarme, avec son arme. Un crime de trop face au laxisme des pouvoirs publics qui se succèdent, qui voient, qui « bouffent dans l’argent » de cette mafia sans visage si ce n’est la mort qu’elle sème. Une famille est endeuillée et avec elle la grande famille de la gendarmerie.
Longtemps dénoncés, ces jeunes désœuvrés qu’affronte avec un courage hors pair le maire de Koumassi, Cissé Ibrahim Bacongo, ont pris en main le secteur du transport routier urbain et interurbain en Côte d’Ivoire. Sur chaque chargement de véhicule, dans des gares improvisées, ils ont un quota. Gare à celui qui refuse de payer !
Les « gnambros », c’est la face visible de la violence des pseudo-syndicats du secteur du transport routier.
Le 14 juin dernier, par l’arrêté municipal Nº 19 /C.KSSI/SGDARC/BJ DU 14 JUIN 2019 portant interdiction de toute activité syndicale liée au transport communal et intercommunal de passagers dans la commune de Koumassi, Cissé Ibrahima Bacongo, interdisait l’activité des syndicats sur le périmètre communal.
« Toute activité syndicale liée au transport communal et intercommunal de passagers est suspendue jusqu’à nouvel ordre, sur l’ensemble du territoire communal » a-t-il écrit. Et il n’a pas baissé la garde tant la traque est maintenue, coupant la soupe des agents des forces de l’ordre ripoux et la manne financière de voyous !
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Comme on le dit de façon triviale, le ciel n’est pas tombé sur la tête des habitants de Koumassi, ni des abidjanais. Et « ce n’est pas allé quelque part ! ».
Ce « mangement » dont aucune autorité municipale ou ministérielle ne veut se défaire depuis des années, a fini par métastaser dans le corpus social jusqu’à devenir un cancer. Mais, pas incurable au regard de la réaction du maire de Koumassi. Le grand carrefour de sa commune, transformée en gare routière, a retrouvé fière allure.
C’est dire que ce mal est bien curable. Il faudrait que la mort de cet espoir de famille ne reste pas impunie et ne soit vaine. La réaction devra être à la hauteur de l’affront. Elle ne devra se limiter à des rafles pour tomber dans un oubli qui conduira à la reprise des activités de cette mafia dont les animateurs, ignorent le prix d’un pneu de vélo. Exit également les déclarations des organisations de défenseurs des droits de l’homme qui arrivent généralement comme des médecins après la mort.
Réveillés très tôt, ils sont visibles au zoo, dans des chaussures fermées en plastique, appelées « lèkin », jetant des tickets dans les voitures de transport en commun appelés « gbakas ». Tu es membre du syndicat, tu n’es pas membre du syndicat, tu payes !
Et c’est bien l’action nocive de ce cancrelat social qui influe le prix des tarifs de transport. De 250 FCFA la journée, dès qu’il n’y a plus d’encaissement de ces voyous, le prix du transport passe à 100 FCFA pour Adjamé-Abobo. Ils ont bien un impact sur le coût de la vie.
Pourtant, cette mafia du transport dont les acteurs grossissent tandis que les chauffeurs maigrissent avec des « cohoco » (hémorroïdes), ne réparent aucune route quand elles sont dégradées.
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Ce sont ces jeunes qui ont choisi pour secteur professionnel, la facilité par la force, qui viennent de matérialiser, le mal qu’on pense d’eux. A quelque chose malheur étant souvent bon, il faudrait saisir cette opportunité pour nettoyer le paysage du transport routier de cette mafia. A jamais, afin que ce jeune gendarme ait le cœur léger de là où il a précédé ces « blakros ».
Pour une Côte d’Ivoire qui se veut émergente, en 2020 ou même plus tard, il est inconcevable de laisser perdurer ce genre de ténias dans la population. Il est temps, vraiment grand temps d’extirper de nos vies, les « gnambros », ces bras malveillants et assassins qui au fil des ans, n’ont de cesse d’endeuiller les familles, de chauffeurs, d’apprentis et maintenant d’élément des forces de l’ordre. Une mort innocente étant toujours de trop, celle de ce jeune gendarme, dans la fleur de l’âge, est vraiment de trop !
Par Adam’s Régis SOUAGA