En Afrique de l’Ouest, le Nigeria soutient déjà l’idée. Le ministre de l’Éducation de ce pays a indiqué que désormais les cours seront dispensés en langues locales plutôt qu’en anglais.
L’enseignement primaire est le niveau choisi pour l’application de ce projet au Nigeria. La date exacte d’entrée en vigueur de la réforme n’est pas encore connue. Mais, selon le ministère de l’Éducation nationale de ce pays, la décision s’inscrit dans la nouvelle politique linguistique du gouvernement fédéral du Nigeria.
En Côte d’Ivoire, la question de l’insertion des langues locales dans le système éducatif avait été évoquée par les autorités nationales. Au moins dix langues étaient prévues. Mais est-ce que le modèle nigérian à venir, de dispenser les cours dans les langues maternelles peut-il être implémenté en Côte d’Ivoire ?
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Cela est possible, fait savoir Dr Albert Kouakou Yao, enseignant-chercheur en sociologie à l’université Lorougnon Guédé de Daloa.
« L’enseignement des langues nationales (remarquer que je n’utilise pas le terme ethnie) est possible. Déjà, nous avons les différents supports de nos langues nationales à l’Institut de Linguistique appliquée. Les documents sont donc là pour favoriser l’enseignement en langue. La langue est un vecteur de communication de la culture d’un peuple. Adopter la langue d’un peuple au détriment de la tienne, c’est tuer sa propre culture », analyse pour 7info, l’universitaire.
Un peu plus d’une soixantaine de langues est répertoriée en Côte d’Ivoire. Lesquelles pourraient donc être choisies pour la réalisation d’un tel projet ?
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« La Côte d’Ivoire est divisée en région administrative. Il suffit donc de choisir la langue de chaque région à enseigner. Si nous sommes dans la région du N’zi avec pour capitale régionale la ville de Dimbokro, toutes les écoles primaires de cette région enseigneront la langue baoulé à tous les enfants qui fréquentent l’école primaire dans la région du N’zi. Si les parents de ces enfants sont affectés à Daloa par exemple, région dans laquelle on enseignera peut-être la langue Bété ou Gouro, cet enfant apprendra l’une de ces 2 langues », précise Dr Albert Kouakou Yao.
Selon l’expert ivoirien, l’enseignement en langues locales aura le mérite de faire des enfants apprenants, des hommes et des femmes qui parlent au moins une langue nationale et qui connaissent leur culture ou la culture d’un autre peuple que le tien.
« Cela enlèvera les préjugés que le Baoulé a sur le Bété, sur le Gouro, sur le Senoufo et vis-versa », conclut l’universitaire.
Richard Yasseu