Le jeu du scrabble influence positivement les résultats scolaires des apprenants. Politikafrique.info est allé à la rencontre d’élèves et enseignants adeptes à Abidjan, la capitale ivoirienne.
Koné Assita, élève en classe de CM2, à Attécoubé à l’Est d’Abidjan, est une adepte du scrabble. Il s’agit d’un jeu de lettres né aux Etats-Unis en 1946. Il consiste à former des mots à partir de lettres tirées au hasard et à les placer sur une grille de façon à s’intégrer aux mots déjà constitués. « Le scrabble me permet d’apprendre et développe l’esprit des enfants, il me permet de connaitre de nouveaux mots », confie Koné Assita d’une voix innocente ce samedi 18 mars 2017.
Elle n’a pas tort. Il y a cinq années que Bancé Alimatou s’accoutume à ce jeu. Elle était encore en classe de CE2. Aujourd’hui en 3eme au lycée moderne Adjamé Harris, son témoigne est éloquent : « C’est un jeu important pour notre vocabulaire. Il est ludique. Il nous apprend les mathématiques, les sciences, le français. Depuis que je joue, mes moyennes augmentent » confie-t-elle à Politikafrique.info.
C’est également l’avis de Abonga Adja Prince Emmanuel, 11 ans, élève en classe de 6eme au lycée municipal d’Attécoubé, toujours à Abidjan. « Le scrabble est un jeu de vocabulaire, de français, que j’aime. J’ai eu ma moyenne en français en 6eme. J’ai commencé à jouer l’année dernière en classe de CM2 à Locodjro Santé », soutient le garçon.
Les trois jeunes sont interviewés par politikafrique.info alors qu’ils participent à la quatrième édition du Simultané mondial de jeu dans la commune d’Attécoubé. La compétition est organisée par la Fédération internationale de scrabble francophone. Les compétiteurs sont évalués en même temps dans l’espace francophone, en prenant en compte du décalage horaire.
Avant le top départ, Kodjo Alain Serges, le président de la commission arbitrale rappelle les règles du jeu. Il encourage les participants à ne pas stresser. Les épreuves sont sous scellés comme lors des examens scolaires à grand tirage.
« C’est la deuxième fois que je participe à ce concours. La première fois, j’étais stressé et il y avait plus grands que moi », se souvient Abonga Adja Prince Emmanuel.
Comme eux, les encadreurs pédagogiques sont unanimes sur les bienfaits du jeu dans la pédagogie. Diarrassouba Yacouba, directeur du groupe scolaire primaire public Djeloukou à Attécoubé est de ceux là. Responsable de l’extrascolaire de jeu à la fédération ivoirienne de scrabble, M. Diarrassouba en fait un outil pédagogique. Les samedis et les mercredis, il regroupe dans une salle de classe ses élèves pour jouer. « Quelques fois, eux mêmes viennent vers moi pour dire qu’ils veulent jouer. Ceux qui apprennent pour la première fois sont initiés aux éléments de base ». De quoi s’agit-il ? « Pour que les enfants soient dans les conditions d’apprentissage, il faut un tableau témoin et des tableaux sur lesquels on joue. Il faut emmener les enfants à en mémoriser les caractéristiques ». Par caractéristique, entendez les mots qui comptent double, les différentes couleurs, la numérotation, la représentation d’espace. « Les connaître aide à placer un pion », poursuit le directeur. Et d’ajouter que « Les enfants de CM2 qui jouent au scrabble sont admis à 100%. Un enfant renvoyé qui vient au scrabble et reprend l’école devient meilleur dans son établissement. C’est positif pour les enfants. Au scrabble on apprend en jouant, ce n’est pas un simple slogan », insiste-t-il.
« Les enfants sont disciplinés. Comme tout le monde veut jouer, tout le monde respecte les règles. Les parents réagissent positivement parce qu’ils savent ce que cela apporte à leurs enfants », commente le directeur.
Diabagaté Sébastien, professeur de philosophie aux Cours secondaire de Cocody partage cette fierté. « Le scrabble a contribué à la performance de tous ceux qui participent. Diallo Bilal, l’un de nos élèves a été champion de Côte d’Ivoire et champion africain de scrabble. Il a de bonnes moyennes et il faut dire que ses performances en langue ont été possibles grâce au scrabble. Il a réussi avec brio au baccalauréat ». Le professeur de lycée invite les établissements qui n’ont pas de club, à s’y intéresser.
« Le scrabble est un sport comme les autres. On a tendance à le placer au niveau des loisirs. C’est un sport intellectuel », précise M. Diabagaté.
Diabaté Abdoulaye parraine la quatrième édition du simultané mondial au niveau de la Côte d’Ivoire. En sa qualité de chef d’entreprise, il constate que les rapports de stages sont de plus en plus truffés de fautes. Pour lui, ce jeu peut corriger les lacunes. « Ce jeu doit être promu. Je m’associe à cette édition car j’estime que ces enfants qui veulent s’instruire de la plus belle manière doivent être accompagnés ».
La fédération ivoirienne de scrabble existe depuis 2009. Plusieurs générations d’enfants ont joué. Certains sont à l’université et d’autres dans les lycées et collèges. Les valeurs enseignées sont la culture, le savoir, le savoir-faire et le savoir-être.
Nesmon De Laure
Politikafrique.info