Un nouvel outil numérique qui remporte un Award au niveau international, ce n’est pas courant. Ce défi, de jeunes ivoiriens l’ont réussi dans le cadre de la start up Byte SARL qui a mis au point un mécanisme numérique pour apprendre à lire, écrire et compter aux analphabètes.
Les lettres à écrire dans nos villages pour envoyer au parent en zone forestière ou en ville à la lumière de la lampe tempête, beaucoup d’ivoiriens, jeunes élèves ou mêmes écoliers l’ont expérimenté pour des parents analphabètes. A ce jour, des jeunes qui s’expriment bien en français mais qui ne savent ni lire ni écrire, remettent leurs téléphones portables pour l’enregistrement d’un numéro ou pour y retrouver un contact. Les exemples sont légions.
Pour aider ces analphabètes, la start up ivoirienne Byte SARL a mis au point AmBC comme un outil de réduction du taux d’analphabétisme en Côte d’Ivoire et en Afrique et glané le 1er prix mondial du Prix Joseph Umdasch pour la recherche numérique impactant. Ainsi, Jean Philippe Kaboré et son équipe ont été sacrés vainqueurs du World Summit Awards pour l’édition 2019. Ce prix créé en 2003 par l’Autriche sous l’égide de l’ONU vise à « rendre accessible les TICs » explique Jean Philippe Kaboré.
Une lettre d’intérêt de la fondation Joseph Umdasch accompagne le prix « pour promouvoir notre initiative à travers le monde entier.»
Pour ce prix lancé dans 180 pays par la fondation Joseph Umdasch depuis 1990, dans le cadre de la célébration de ses 150 ans, la Côte d’Ivoire a donc triomphé.
Il s’agit « d’encourager le développement personnel des jeunes et de soutenir des initiatives axées sur l’éducation et le transfert de connaissances dans le monde entier » a soutenu M.Kaboré. Sur l’ensemble des projets déposés et présentés devant le jury, « ce qui a été remarqué, Byte informatique, s’est intéressé à la base, au fondamental, l’alphabétisation » a-t-il fait remarquer.
Ce premier prix qui fait honneur à la Côte d’Ivoire est accompagné d’une lettre d’intention « pour promouvoir notre initiative dans le monde » -t-il insisté. Ce projet innovant et numérique fait appel au téléphone smartphone avec des contenus locaux basés sur l’usage des langues nationales, grâce à un taux de pénétration de 105% de ce téléphone. 87% apprenants maîtrisent avec le smartphone quand 94% comprennent les leçons pour 0% d’abandon. Avant, le taux d’abandon était élevé. A ce jour 1038 apprenants sont recensés. Jean Philippe Kaboré a assuré que Byte SARL se satisfait d’avoir 1038 apprenants. 3000 apprenants, c’est l’objectif que voudrait atteindre l’équipe de Byte. « C’est largement insuffisamment, il faut améliorer sensiblement le nombre d’apprenants » suggère Jean Philippe Kaboré.
Pour Joël N’guessan, président du conseil de gestion du FDFP, « il faut atteindre 200.000 apprenants, c’est un enjeu capital ; l’émergence passe par l’accroissement quantitatif et qualitatif » du système de non analphabètes. Il a engagé la responsabilité du FDFP pour le soutien financier, didactique et matériel. Avec 40% d’ivoiriens qui possèdent un smartphone, Jean Philippe Kaboré a insisté sur « la mise au point d’une version mature, en faire une application à part entière et transformer le logiciel en anglais. »
Pour l’heure, avant que cette application ne soit aux mains d’individus, les sociétés s’en procurent pour former leurs analphabètes à l’image de Carena. Vendu 75000 FCFA/ kit, Jean Philippe Kaboré, Yaya Touré et leur équipe travaillent à la réduction du coût. « Jean Philippe, tu as fait du bon travail, félicitations » a soutenu Joël N’guessan qui estime que « la personne devient libre en sachant lire, écrire et calculer. Notre volonté, éviter que le maximum d’ivoiriens ne soit dans une dépendance en sachant lire et écrire. Le FDPF va s’investir financièrement dans ce projet et le vulgariser dans tout le pays » a assuré le président du comité de gestion du FDFP. « Débrouillez-vous pour le taux d’analphabétisme ne dépasse pas 10%, faîtes en sorte d’atteindre 200.000 apprenants, c’est un enjeu capital » a estimé M.N’guessan. Il s’agit pour Joël N’guessan de faire en sorte que la Côte d’Ivoire soit 1er dans cette expertise et l’exporte dans la sous-région. Le processus d’alphabétisation qui prenait avant 9 mois se fait maintenant à 4 mois. Une performance que les promoteurs veulent améliorer par la formation de 10.000 alpha-coachs pour l’encadrement et le suivi des apprenants.
Les entreprises qui emploient des travailleurs analphabètes prennent en charge leurs travailleurs analphabètes tandis que le FDFP, a indiqué Joël N’guessan, a la charge d’appuyer les projets collectifs émanant d’associations ou groupes. D’un usage aisé, AmBC se fait « sous forme vidéo ou d’application qui s’adapte à tous les milieux. »
En Côte d’Ivoire, a révélé Yaya Touré, collaborateur sur le projet, « 56% des adultes ne sont pas alphabétisés dont 60% de femmes et 40% d’hommes » pour une estimation autour de 10 millions de personnes qui ne savent ni lire, ni écrire.
AmBC, seul projet en provenance de l’Afrique francophone, primé, a été conçu par des jeunes ivoiriens. 163 entreprises étaient en compétition.
Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction Pôleafrique.info