L’initiation aux langues maternelles à l’école sera bientôt une réalité en Côte d’Ivoire. Ce projet déjà en expérimentation dans 37 écoles sera implémenté à l’échelle sur l’ensemble du territoire national. Un objectif que le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation entend concrétiser grâce à un accompagnement gouvernemental, technique et financier.
En plus du français, les cours seront bientôt dispensés en Agni, Akyé, Abidji, Baoulé, Bété, Malinké, Koulango, Sénoufo, Toura et Yacouba, dans les écoles primaires ivoiriennes. C’est du moins l’objectif que vise à terme le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation à travers l’expérimentation de l’enseignement bilingue.
Déjà, dans le cadre de ce test à petite échelle, 37 écoles expérimentent cet enseignement qui combine le français et les langues locales, à travers le Projet-école intégrée (PEI) et l’initiative Élan Afrique Côte d’Ivoire.
Selon l’UNESCO, le meilleur support pour enseigner un enfant est sa langue maternelle. D’où la nécessité de la mise en œuvre du projet pilote, Projet école intégrée. Ainsi, en 2001 démarrait le PEI en Côte d’Ivoire, avec le concours scientifique de l’Institut de linguistique appliquée (ILA) de l’Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan. Une expérimentation qui s’appuyait sur dix langues représentatives des quatre grands groupes linguistiques comme médium des enseignements. Objectif principal, intégrer l’école culturellement au milieu social de l’enfant, cela autour de trois grands axes.
Il s’agit tout d’abord de l’enseignement formel en langue dès la maternelle, au CP2 le français sera introduit et à partir du CE2, il deviendra le médium dudit enseignement. Ensuite, interviendra l’initiation des parents à la lecture et à l’écriture dans leur langue maternelle, afin d’assurer le suivi de leurs enfants et de préserver les acquis scolaires. Enfin, l’enseignement sera couronné par la formation agropastorale des enfants dans l’optique de freiner l’exode rural en cas d’éventuel échec scolaire.
D’un autre côté, l’initiative École et langues nationales (ELAN) portée par l’institut de la francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF), vise à promouvoir, introduire ou déployer de façon progressive l’enseignement bilingue au primaire. Une démarche qui alterne une langue africaine et la langue française. C’est lors de la seconde phase de ce projet (2016-2020) que la Côte d’Ivoire va y adhérer.
LIRE AUSSI: États généraux de l’éducation nationale, le livre blanc très attendu
Selon les résultats recueillis auprès des promoteurs de ces deux projets qui font la promotion de l’enseignement bilingue, il ressort que les taux de réussite dans les écoles PEI sont nettement supérieurs à ceux des écoles dites classiques. Une expérimentation qui pourrait avoir de beaux jours devant elle si les conditions de son expansion sur l’ensemble du territoire sont réunies.
Selon Kadio Aka Claude, président de l’organisation des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire c’est une aubaine pour la promotion de nos valeurs culturelles.
« Nos langues nous identifient, pour moi c’est une bonne chose et ça permettra à nos enfants de comprendre qu’en dehors du français, il y a aussi leurs langues maternelles qui sont aussi importantes », souligne Kadio Claude.
En vue de faire le bilan de l’expérimentation de l’enseignement bilingue en Côte d’Ivoire, un symposium a été organisé du 25 au 27 avril dernier à Abidjan.
Une rencontre au cours de laquelle des recommandations ont été faites aux autorités gouvernementales et éducatives, ainsi qu’aux partenaires techniques et financiers. Espérant que dans les prochains mois, l’enseignement bilingue soit une réalité en Côte d’Ivoire.