Le Premier Ministre, Amadou Gon Coulibaly est décédé le 08 juillet 2020. La nation ivoirienne dans toute sa composante politique, sociale, culturelle et politique lui a rendu un grand hommage pendants les cérémonies de ses obsèques. De religion musulmane, il a été inhumé selon le rite musulman le vendredi 17 juillet 2020 à Korhogo la ville de ses ancêtres. Dans le rite musulman, la mort est considérée comme un état de passage, et durant une période de 40 jours, l’âme reste dans la tombe. D’après les croyances, il est dit que l’âme du défunt resterait présente 40 jours après son décès avant de passer dans l’au-delà.
Au cours de ces 40 jours, la famille, les hommes de Dieu, les amis et les proches du défunt restent dans un profond recueillement par respect de l’âme de celui. Tout n’est que prières pour le repos de son âme afin que Dieu Le Tout Puissant l’accueille dans son Paradis.
Paradoxalement et bizarrement, alors que les 40 jours devaient amener les uns et les autres au recueillement et à la prière, l’on a assisté à une fébrilité politique que personnellement je qualifie d’indécente ; surtout par rapport à l’obligation de respect pour l’âme du défunt pendant ces 40 jours.
Au niveau de notre parti le RHDP, des rassemblements et déclarations politiques ont eu lieu pour demander au Président Alassane OUATTARA d’être candidat à la future élection présidentielle. Ceux qui ont initié ces actions sont dans leurs droits surtout après la perte brutale de notre champion AGC. Mais notre émotion ne doit pas nous faire perdre de vue l’observance des 40 jours selon le rite musulman.
C’est pourquoi, j’ai salué et applaudi la sagesse du Président Alassane OUATTARA qui, face à l’insistance des instances du RHDP de le voir se porter candidat ici et maintenant, a déclaré ceci lors de notre dernier Conseil Politique :
« Le décès d’Amadou est un choc pour beaucoup d’entre nous ; ces moments sont douloureux pour moi-même et pour Hadja Coulibaly. », « Je prends acte des résolutions du Conseil politique et de votre demande. Mais, je vous demande de continuer d’avoir une pensée pour Amadou Gon Coulibaly et de me laisser le temps du recueillement pour vous donner une réponse très prochainement. » « Je voudrais vous assurer que je suis avec vous. Nous devons faire en sorte que la Côte d’Ivoire soit en paix. » « Je tiens à la victoire du RHDP, car ce sera le plus bel hommage que nous rendrons à Amadou qui avait de grandes ambitions pour notre pays… Merci pour votre confiance. »
En faisant cette déclaration, le Président Alassane OUATTARA a montré une fois de plus la grande affection qu’il avait pour son fils Amadou Gon Coulibaly trop tôt disparu.
Au niveau de l’opposition toutes tendances confondues, peu soucieux de notre période de deuil (comme le dirait l’autre, ils n’en ont rien à cirer) tous leurs leaders ou affidés dans la presse et sur les réseaux sociaux, ont embouché leur éternelle et unique trompette : Alassane Ouattara n’a pas droit à un troisième mandat ; il est inéligible pour l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Tous autant qu’ils sont, à quelques niveaux hiérarchiques qu’ils se trouvent, n’ont pour seul et unique désir que de voir le Président Alassane OUATTARA inéligible.
Ils sont tous devenus des supers constitutionnalistes avançant des arguments parfois contradictoires dans leurs discours et écrits.
Le plus surprenant, c’est que le candidat de 86 ans du PDCI-RDA, Monsieur Henri Konan Bédié, au lieu de nous dire ce qu’il peut apporter de nouveau aux ivoiriens, intervenant sur une chaine de télévision française, a inventé et ajouté, de son propre chef, un nouvel article à notre Constitution ; l’article 185. Selon lui, son fameux article 185 qui n’existe que dans son imagination, interdirait à Monsieur Alassane OUATTARA de briguer un 3ème mandat. Quand je l’ai entendu inventé cet article 185 et surtout avoir recours à des notes préalablement rédigées pour répondre à des questions simples du journaliste, je me suis dit que le PDCI-RDA devrait envisager un plan B pour la future élection présidentielle.
Pour terminer, je dirai que je nous exhorte tous à garder notre sérénité pour aller à l’élection présidentielle d’octobre 2020 dans la paix et sans frilosité. Les ivoiriens n’accepteront plus jamais qu’un homme politique ivoirien, quel que soit son bord, les conduise dans des situations de troubles avec leurs cortèges de morts ; les milliers de morts de 2000 à 2011 sont encore dans la mémoire collective.
C’est pourquoi, nous devons parcourir paisiblement tous les hameaux et les villages pour aller expliquer nos différents projets de société et programmes de gouvernement. Les électeurs sauront choisir le meilleur de nous tous pour conduire le navire ivoire.
Concernant l’éligibilité, même si nous avons la conviction d’être « les plus érudits et les plus grands savants », qui nous dit que ceux qui s’affichent candidats aujourd’hui seront retenus par le Conseil Constitutionnel ? En matière de Droit Constitutionnel, laissons nos Juges Constitutionnels décider.
Le Ministre Joël N’GUESSAN
Membre du Conseil Politique du RHDP