L’unité spéciale d’enquête sur les événements survenus à l’occasion de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 a livré les résultats de ses investigations.
Acteurs sur le terrain, fournisseurs de moyens et responsables politiques impliqués de près ou de loin dans les violences sont cités dans les résultats de cette unité spéciale d’enquête. Les investigations ont porté sur les moments troubles qui ont marqué la période de l’élection présidentielle d’octobre 2020.
Selon le document de plus de 60 pages, les événements survenus à l’occasion de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 ont été planifiés et financés essentiellement par des acteurs politiques et de la société civile. Les investigations de l’Unité spéciale ont pointé le doigt accusateur sur des responsables politiques dont Henri Konan Bédié, le président du PDCI et ancien chef de l’État.
« À 40 jours du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire, soit le 20 septembre 2020, l’ancien chef de l’État Henri Konan Bédié a été celui qui a lancé le mot d’ordre de la désobéissance civile au siège du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). À ses côtés étaient présents Messieurs Assoa Adou, secrétaire général du Front Populaire Ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo, et Zié Koné pour le mouvement Générations et Peuples Solidaires (GPS) de Guillaume Soro. Il a été proclamé par la suite « Président » de ce « Conseil National de Transition » (CNT) par le sieur Pascal Affi N’Guessan », lit-on dans le rapport.
« Les investigations ont par ailleurs démontré qu’il finançait plusieurs opérations subversives par l’intermédiaire de son Directeur de Cabinet N’Dri Narcisse, le sieur N’dakpri Djaha Ange Félix, délégué adjoint PDCI-RDA à Toumodi, ainsi que de son neveu Hyacinthe Bédié qu’il incitait particulièrement à bloquer les différentes voies d’accès à la ville de Daoukro. Ce dernier lui faisait un compte rendu quotidien », poursuit le document.
Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI est aussi cité par les enquêteurs. « (…) Porte-parole de la plateforme de l’opposition, il était l’une des figures de proue de la désobéissance civile. Il a appelé ses partisans ‘’à mettre en application le mot d’ordre de boycott actif par tous les moyens légaux à leur disposition, afin que le pouvoir actuel consente à convoquer /’ensemble des forces politiques nationales afin de trouver des solutions acceptables à toutes les revendications’’ et à ‘’faire barrage au coup d’État électoral’’, et à ‘’empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin ». Le 1er novembre 2020, il annonçait la vacance du pouvoir en raison de la non-tenue, selon lui, du scrutin présidentiel du 31 octobre 2020, et appelait par la même occasion à la mise en place d’une transition civile. Mieux, le 02 novembre 2020, il annonçait la création du » Conseil National de Transition » (CNT) », rappelle l’enquête.
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Avec Bédié et Affi N’Guessan, l’unité spéciale d’enquête épingle aussi plusieurs autres responsables politiques membres de l’opposition. Ce sont entre autres Guillaume Soro pour avoir « lancer des appels à l’insurrection » depuis la France où il était en exil ; Simone Gbagbo l’ex-Première dame pour appel à « la mise en place d’un gouvernement de transition à la tête du pays » ; Mabri Toikeusse, le président de l’UDPCI pour appel « à la ‘’désobéissance civile” avant l’élection présidentielle », puis pour son soutien actif à « la création du Conseil National de Transition (CNT) » ; et Mamadou Koulibaly le président de Lider pour avoir « appelé les partis politiques de l’opposition ayant lancé le mode d’ordre de la désobéissance civile à prendre leurs responsabilités pour l’exécution du mot d’ordre ».
Ces enquêtes, précise aussi le document, ont permis « d’appréhender certains auteurs présumés de crimes crapuleux qui ont particulièrement ému l’opinion, notamment ceux de la décapitation suivie de la profanation du corps décapité dont les images ont abondamment circulé sur les réseaux sociaux ».
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L’Unité spéciale d’enquête a été mise en place par décret n°2020-945 du 25 novembre 2020. L’objectif, tel que mentionné dans le document, est d’apporter une réponse judiciaire appropriée aux infractions graves commises au cours de cette période électorale, et faire suite aux différentes recommandations des organisations internationales des droits de l’homme.