Iront-ils tous ou non en rangs serrés pendant les municipales et régionales à venir ? Si à ce jour, la date de ce scrutin couplé n’est pas encore définitivement fixée, au RHDP la coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire, les signes avant-coureurs d’une rivalité interne se dessinent déjà. RDR, PDCI, UDPCI, MFA, PIT ; tous veulent avoir le plus grand nombre d’élus au sortir de ces joutes électorales. Laissant ainsi planer le spectre du scénario des législatives de 2016.
Le premier défi se joue actuellement dans la campagne de sensibilisation pour la révision de la liste électorale. Dans tous les partis politiques membres de la coalition au pouvoir, la machine électorale est lancée. Des délégations sont déjà sur le terrain pour certaines formations politiques. Quand d’autres terminent à peine leur séminaire organisé sur la question. Pour ce processus qui court du 18 au 24 juin prochains, tous les membres du RHDP entendent amener leurs militants à se faire enrôler. Massivement. Ce, pour se donner toutes les chances de voir leurs candidats sortir victorieux du scrutin.
Sur le terrain, de part et d’autre, l’on ne néglige aucune occasion qui s’offre pour galvaniser les troupes. Et chacun y va de son inspiration. « Le PDCI vivra, on l’a chanté tout à l’heure. Mais si on n’a pas de maire et de conseillers régionaux, on n’aura rien. Et dans ce cas, comment est-ce que le PDCI vivra-t-il ? Pour que notre cher parti vive, il nous faut des élus. C’est pourquoi, nous devons veiller et faire en sorte que les militants, sympathisants du PDCI aient leur papier », exhortait à Tiébissou ce samedi 19 mai, Yéboué Pascal le délégué communal PDCI de cette localité au cours d’une rencontre, comme le ralte le confrère « le Nouveau Réveil » de ce mardi 22 mai. Dans cette même journée du samedi, à la Rue Lepic où se tenait un séminaire sur la révision de la liste électorale et les élections locales, Amadou Gon Coulibaly le vice-président du parti au pouvoir, évoquait dans ce même esprit que pour « la place qu’occupe le RDR sur l’échiquier politique national » il faut la victoire. Il est soutenu en cela par la secrétaire général de ce parti Kandia Camara pour qui, dans une victoire du RHDP à ce scrutin futur, il faut que « le RDR soit majoritaire ».
2018, un baromètre de 2020
Si la lutte pour voir enrôlés tous leurs militants bat son plein, celle de candidatures se profile également. Tous dans la famille houphouétiste restent convaincus que 2018 est un baromètre pour 2020. A en croire les acteurs du RHDP, les municipales et régionales qui auront lieu cette année sonneront comme un sondage fiable pour les échéances électorales de 2020, notamment la présidentielle. Etant entendu que ce sont les dernières élections avant cette consultation générale. Aussi, nul n’entend perdre la face. Malgré le contexte de parti unifié RHDP qui prévaut.
« Nous voulons aller aux élections en 2020 et gagner les présidentielles. C’est maintenant que ça se prépare. Si nous sommes forts, si au terme des élections municipales et régionales, le PDCI réussit à rafler 80% des postes de mairie et des conseils régionaux, ce sont les autres qui viendront vers nous pour demander comment on va faire pour aller aux élections présidentielles. Ça veut dire que nous devons travailler pour gagner. Car on ne donne pas un pouvoir à quelqu’un. Personne n’a donné le pouvoir à son camarade pour dire pardon viens à telle heure occuper le poste de président. Jamais, jamais, jamais ! Le pouvoir se prend. Et avant les présidentielles de 2020, il faut que les élections municipales et régionales qui arrivent, le PDCI les gagne », fait savoir Yéboué Pascal délégué communal PDCI à Tiébissou.
Une rivalité qui rappelle une situation déjà vue. Celle de 2016, où des désaccords sont nés de la répartition des candidats par partis membres du RHDP lors des législatives. La suite est connue de tous dans le pays. On se rappelle que des leaders de partis politiques et certains de leurs collaborateurs avaient été remerciés des postes de responsabilités qu’ils occupaient dans l’administration publique du pays. Ces désaccords avaient eu aussi pour conséquence la floraison de candidats indépendants.
Déjà il est fait mention d’aller à ces élections en RHDP. Dans certaines formations, pour contrer les indépendants, des arbitrages sont annoncés. L’on évoque également des concertations entre partis politiques comme en 2016, pour retenir les porte-flambeau du RHDP par circonscription électorale. Le schéma de 2016 sera-t-il évité ?
De l’avis d’observateurs rien n’est moins sûr. Dr Eddie Guipié est Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo (Nord de la Côte d’Ivoire). Il n’écarte pas l’alternative de listes séparées dans cette coalition au pouvoir. « En politique ou Au RHDP ou en particulier, il faut toujours garder toutes les options possibles. Il faut savoir qu’ils savent faire la part des choses et surtout garder l’essentiel de leurs intérêts. Ils peuvent ne pas ‘entendre un moment et continuer à négocier dans les coulisses pour trouver un accord et aller en RHDP. On pourrait aussi ajouter la solution de listes séparées en cas de désaccords comme ce fut le cas en 2016. Il faut donc garder toutes les options ouvertes. Et ne pas se fier aux seules déclarations. Mais encore une fois, c’est domaine politique et tout est possible », analyse Eddie Guipié joint par Poleafrique.info.
Au RDR, le top départ est déjà lancé pour enregistrer les candidats à la candidature de ce parti. La période a débuté ce mardi 22 mai et court jusqu’au 30 mai 2018.
Richard Yasseu
Source : rédaction Poleafrique.info