En Côte d’Ivoire, l’élimination des Éléphants en huitième de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021 au Cameroun semble avoir un coupable tout désigné. Tous les doigts sont pointés sur le staff technique et principalement sur le sélectionneur de l’équipe nationale. Ce qui relance de plus belle la question de la durée des entraîneurs à la tête des Éléphants.
La défaite se digère encore difficilement, et la remarque qui se dégage en Côte d’Ivoire à la suite de l’élimination des Éléphants de la CAN est le questionnement général sur le maintien ou non de l’entraîneur. Sur les réseaux sociaux, le débat court. L’interrogation alimente également toutes conversations liées à la CAN au Cameroun.
« Nous voulons un autre entraîneur qui va élever le niveau de jeu de nos joueurs », commente un internaute quelques heures après la défaite face aux Pharaons. « Vos choix tactiques ne sont pas à la hauteur », renchérit un autre. « Nous vous prions coach de rester pour nous donner encore un groupe merveilleux, mais avec un bon trio d’attaque », ajoute un autre internaute.
Selon Rigo Gervais, l’ex-entraîneur du Séwé sport de San Pedro puis du Stade malien de Bamako, les commentaires sur le technicien français Patrice Beaumelle après l’élimination des Éléphants font partie du jeu. « Partout ailleurs et spécifiquement en Côte d’Ivoire il y a toujours un débat autour du maintien ou du changement de sélectionneur après une compétition. Quels ont été les objectifs assignés au sélectionneur des éléphants ? Les a-t-il atteints ? », s’interroge-t-il auprès de 7info qui l’a joint.
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Pour le triple champion de Côte d’Ivoire avec le Séwé Sport de San Pedro, le maintien du technicien français serait profitable à l’équipe nationale. « Certes, les Éléphants n’ont pas gagné la CAN, mais ils ont eu le mérite de sortir le tenant du titre l’Algérie. Ils ont été éliminés par un match nul contre l’Égypte, réputée être la bête noire de l’équipe nationale ivoirienne aux tirs au but. Il faut donc conserver les acquis de cette CAN 2022 et préparer celle qui aura lieu en 2023 dans le pays », analyse-t-il.
Éléphants, bouffeurs de sélectionneurs ?
En Côte d’Ivoire, en l’espace de 15 éditions de la CAN soit de 1994 à 2021 au moins 20 sélectionneurs se sont succédé à la tête de l’équipe nationale. Un seul trophée continental en a résulté : celui remporté en 2015 en Guinée équatoriale. Pour les cinq dernières années uniquement, ce sont quatre entraîneurs qui ont dirigé la sélection. À savoir Michel Dussuyer, Marc Wilmots, Ibrahim Kamara et actuellement le technicien français Patrice Beaumelle qui semble ne plus correspondre aux aspirations des mordus du ballon rond dans le pays, après environ deux ans de gestion.
Faut-il à nouveau changer d’entraîneur ? Pour Rigo Gervais, faire venir un nouveau sélectionneur signifie une grosse pression sur ce dernier puisqu’il s’agira pour lui de remporter coûte que coûte la prochaine CAN. « Quand on sait combien de temps il faut à un sélectionneur pour connaître son vestiaire, il nous faudrait trouver un entraîneur qui connaît déjà la maison, quelqu’un de charismatique. Un coach qui connaît déjà les vestiaires de l’équipe de Côte d’Ivoire, il n’y en a pas beaucoup. On pourrait faire comme le Sénégal et le Burkina en misant sur des expertises locales, par exemple Kolo Touré qui a été un adjoint dans le staff de coach Kamara Ibrahim l’ex-sélectionneur des éléphants. Kolo Touré fait d’ailleurs les beaux jours de Leicester en tant qu’assistant coach. Zahui François, le finaliste de la CAN 2012 en Guinée équatoriale, Soualio Haidara, le coach de l’équipe olympique sans oublier Kamara Ibrahim qui avait jeté les bases de ce groupe et à l’international. Il y a aussi Hervé Renard, on pourrait le faire venir pour une mission kamikaze », propose-t-il.
Toutefois, l’expert du football suggère la prudence au regard de l’expérience de certains pays africains. Il s’appuie entre autres sur l’exemple du Ghana qui a remplacé Charles Akonor, son ex-sélectionneur à la veille de la compétition au Cameroun. « On connaît l’échec cuisant de la sélection ghanéenne. C’est la preuve que le changement de sélectionneur tous azimuts ne porte pas les fruits escomptés », commente-t-il.
Pour lui, le temps est compté. Le football ivoirien a déjà des soucis d’organisation d’élection à la fédération et des soucis d’organisation de la can 2023 pour ajouter celui de la recherche d’un nouvel entraîneur, pense-t-il.