Tidjane Thiam, l’ex-patron du Crédit Suisse est-il intéressé par la politique et remplit-il les conditions d’éligibilité selon la loi fondamentale de la Côte d’Ivoire ? Coup de projecteur.
Sa démission intrigue, alors qu’il a été blanchi dans l’affaire d’espionnage qui a secoué le Crédit Suisse. Le moment choisi pour le faire surtout, puisqu’elle intervient à quelques mois du scrutin présidentiel d’octobre 2020 où des observateurs le voient déjà comme un potentiel candidat. Mais Tidjane Thiam, est peu loquace sur la question. « Je vais me reposer », lâchait-il dans une interview accordée quelques heures après sa démission. Dans son pays, la Côte d’Ivoire pourtant, ses concitoyens ont une autre appréciation.
La toile s’enflamme à son sujet. Tous sont désireux de savoir ce que fera le banquier ivoirien. Mieux, l’envie d’être situé surtout sur ses possibles intentions politiques, monte. Plusieurs hypothèses sont présentées. L’on évoque un retour de l’homme dans son pays la Côte d’Ivoire. Et la maison des houphouétistes du RHDP, le parti au pouvoir, serait son point de chute. De l’avis d’observateurs, figurer sur le « ticket » présidentiel des candidats du RHDP s’inscrirait dans la droite ligne d’un passage de relais du pouvoir à une nouvelle génération d’hommes politiques, comme l’a plusieurs affirmé le président ivoirien Alassane Ouattara.
Si cette appréciation est la plus en vue, elle devra tenir compte de la question du maintien ou pas de la fonction de vice-président dans la réforme constitutionnelle en préparation pour le mois de mars prochain. Si c’est bien le cas, outre sa jeunesse, l’homme cumule les avantages, donc le moindre n’est pas son appartenance à l’ethnie des baoule. Mais ambitions sont déjà nombreuses dans la maison houphouétiste. L’option de faire cavalier seul et en dehors du RHDP pourrait-elle être envisagée par Tidjane Thiam?
L’éventuel candidat Thiam remplit-il les conditions d’éligibilité à la présidence de la République, inscrites dans la constitution ivoirienne? Les choses se présentent de manière moins compliquées que par le passé. De fait, avant le référendum de 2016, la loi fondamentale imposait des restrictions. « Le candidat à l’élection présidentielle doit être âgé de quarante (40) ans au moins et de soixante-quinze (75) ans au plus. Il doit être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine. Il doit n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. Il ne doit s’être jamais prévalu d’une autre nationalité. Il doit avoir résidé en Côte d’Ivoire de façon continue pendant cinq (5) années précédant la date des élections et avoir totalisé dix (10) ans de présence effective », disposait l’article 35 de l’ancienne Constitution ivoirienne.
Depuis 2016, les choses ont changé. En son TITRE III DU POUVOIR EXECUTIF, CHAPITRE PREMIER qui fait référence à la composition de l’exécutif, au CHAPITRE 2 article 55 alinéa 2, qui lui donne des détails sur le Président de la République, la nouvelle Constitution dispose que « Le candidat à l’élection présidentielle doit jouir de ses droits civils et politiques et doit être âgé de trente-cinq ans au moins. Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoiriens d’origine ».
Autrement dit, Tidjane Thiam, s’il était intéressé, serait, a priori sans difficulté, éligible à concourir pour le poste suprême. Reste à savoir ce que l’intéressé en pense lui-même.
Les crocs-en-jambe subis par son frère, Dr Augustin Thiam, Gouverneur du District autonome de Yamoussoukro et chef de canton Akouè avec pour nom de règne Nanan N’dri Boigny III, ont dû lui donner une idée certaine de la sauce à laquelle il pourrait être mangé s’il s’aventurait sur le terrain hautement politique que serait une candidature présidentielle, même en binôme.
L’ivoirité est passé par là depuis longtemps. Miss Côte d’Ivoire 2019, la jeune Tara Guèye l’a bien senti, traitée de sénégalaise. Que dire de Thiam, qui immanquablement ne sera pas « ivoirien » comme l’exige une frange de ses compatriotes? En espérant qu’on ne serve à ce petit neveu de Félix Houphouët-Boigny, que « bon sang ne saurait mentir », Tidjane Thiam, conserve ses chances intactes s’il veut être candidat.
Richard Yasseu
7info