Le Burkina Faso a décidé de rapatrier tous ses enfants de troupe inscrits à l’école militaire préparatoire technique (EMPT) de Bingerville (Côte d’Ivoire) suscitant la réaction de ressortissants burkinabés.
Est-ce la fin de la coopération militaire entre la Côte d’Ivoire et son voisin du nord, le Burkina Faso ? 14 enfants de troupe de nationalité burkinabè inscrits à l’Ecole militaire préparatoire technique (EMPT) de Bingerville sont contraints d’arrêter leurs études. Une décision prise de façon unilatérale par les autorités burkinabè.
« L’avènement du capitaine Ibrahim Traoré a ouvert une nouvelle ère au Burkina Faso. Ce pays est dans une dynamique révolutionnaire. Le régime d’Ibrahim Traoré veut inculquer une éducation particulière aux futurs cadres burkinabè. Cette décision a été prise pour des raisons idéologiques. Parce qu’un pays comme la Côte d’Ivoire, il faut avoir l’honnêteté de le dire est sous influence de l’ex-colon », explique Léon Séka, doctorant en science politique à l’université Félix Houphouët-Boigny.
Selon Jean-Marc Ouédraogo, un homme d’affaires burkinabé vivant entre Abidjan et Ouagadougou, le capitaine Ibrahim Traoré, chef d’Etat n’aurait pas dû prendre cette décision.
« La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont toujours été des pays frères. Rapatrier ces enfants en pleine année scolaire, ce n’est vraiment pas une bonne idée. Parmi ces enfants, certains font partie des meilleurs de l’EMPT, cette école d’excellence« . Et d’ajouter d’une voix furibonde : « Même Thomas Sankara qui entretenait des relations tumultueuses avec Houphouët-Boigny n’a pas rapatrié des Burkinabè en formation en Côte d’Ivoire. Ibrahim Traoré est allé trop loin ».
Une coopération militaire remise en cause après l’affaire des deux gendarmes ?
En mission à Doropo (nord-est) le 19 septembre dernier, deux gendarmes ivoiriens de l’escadron de Bouna aux trousses d’orpailleurs clandestins se sont retrouvés au Burkina Faso. Une fois de l’autre côté de la frontière, ils ont été mis aux arrêts puis conduits à Ouagadougou où ils sont encore détenus.
LIRE AUSSI : Gendarmes arrêtés au Burkina Faso, vers un remake de l’affaire des 49 soldats ?
Et pourtant, les relations militaires entre ces deux pays voisins semblent être au beau fixe. Comme en témoigne ce don en matériels de la Côte d’Ivoire au Burkina Faso. C’était en mars 2023. Il s’agit de 1000 kalachnikovs, 100 000 munitions, une cinquantaine de pick-up ( …). Un appui militaire estimé à 2,3 milliards de francs CFA.
Lors d’une interview, le président burkinabè Ibrahim Traoré avait déclaré qu’il n’y avait « aucun problème entre les peuples burkinabè et ivoirien », mais que les politiques des deux pays « peuvent différer ». Est-ce pour des raisons politiques que le pays des Hommes intègres a décidé de rapatrier ses enfants de troupe inscrits à l’EMPT ? La question reste posée.