Les Affaires ne font pas bon ménage avec la politique. On sait maintenant qui se cache derrière la crise factice créée de toutes pièces, à la BHCI. 7info a mené l’enquête pour découvrir le nom et le visage du coordinateur de la déstabilisation de la BHCI. Il faut dire que cette banque traînait un peu plus de 10 milliards FCFA de « créances douteuses » au moment de sa cession.
Mise en contexte : La banque d’affaires française, Rothschild & Cie, réputée sérieuse et mondialement reconnue, opte pour le groupe financier Westbridge Mortgage REIT, spécialisé dans le financement immobilier lorsque le gouvernement ivoirien exprime son intention de céder ses parts. Une belle opportunité pour le gouvernement ivoirien qui a un programme social de logements sociaux qui peine à décoller.
Avant même d’avoir eu leur agrément, en dépit des premiers coups bas, sur la base de la confiance, Westbridge Mortgage Reit engage des travaux de réhabilitation des agences et lance une opération immobilière de 152 logements à Bingerville.
Entre temps, un haut cadre du RHDP propose de rentrer au capital de la banque. Refus poli mais ferme des repreneurs. Il ne digère pas et va lancer une vaste opération de déstabilisation. Le Premier Ministre et le Président de la République, qui estiment que le dossier de cession de la BHCI est mal conduit, débarquent du gouvernement Adama Koné, ministre de l’Economie et des Finances. L’agrément BCEAO, octroyé depuis janvier 2019, est demeuré introuvable jusqu’à ce que le Premier Ministre tape du poing sur la table. 51,6 % des parts de l’Etat dans l’institution bancaire, ont été cédés aux canadiens qui en sont les nouveaux propriétaires.
Des articles de presse lancent la rumeur que la banque ne va pas bien. Des sms bien ciblés invitent quelques gros clients de la banque à retirer leurs épargnes. Les Canadiens montent au créneau et tentent de reprendre la main. Ils rassurent et les autorités ivoiriennes reçoivent des assurances de Rothschild & Cie depuis Paris. Les déstabilisateurs tentent de bloquer les virements des soldes des 9914 soldats ivoiriens clients de BHCI, pour manifestement susciter une grogne des corps habillés, voire une insurrection militaire contre le pouvoir. Le PCA de la banque, James Clayton, est accusé de détention d’armes de guerre et sa résidence est perquisitionnée le 8 mai dernier par la gendarmerie nationale sans résultat probant. C’est dans ce contexte embrouillé que survient la dernière session de la Commission Bancaire de l’UMOA, qui met la banque sous « surveillance rapprochée ».
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Intriguée par cette subite attention sur cette banque, 7info.ci adresse un questionnaire à la Commission Bancaire, demeuré à ce jour sans suite. 7info.ci découvre, durant son enquête, que ce ponte du RHDP reçoit des emails de la BCEAO, ce qui contraire à toutes les règles. Ces emails lui parvenaient du cabinet de l’ex-ministre de l’Economie et des Finances.
Lors de la dernière réunion de la Commission Bancaire, c’est l’ancien Directeur Général de BHCI, Abou Touré, qui lui-même avait quitté la banque, qui a présenté un tableau pas reluisant en lieu et place de JD Diabira, le CEO de Westbridge.
Comment un ancien DG, fut-il cadre de la BCEAO peut-il parler au nom et pour le compte d’une institution dont il n’est plus le gérant au quotidien ?
La gestion des années 2015 à 2018, est imputée aux Canadiens qui n’étaient pas encore dans le capital de la banque. Comment peut-on expliquer cela à un esprit sérieux ?
Pourquoi cherche-t-on à mettre BHCI sous administration provisoire pour mieux la contrôler ?
Fin septembre dernier, le Trésor public informe les canadiens que les virements des 9914 soldats ne seraient pas effectués dans les livres de BHCI. Ce blocage de paiement serait bien la preuve que la banque est « en faillite ». Occasion d’obtenir ce soulèvement tant attendu et accuser les Canadiens de n’avoir pas la surface financière requise. Avec leur apport financier, les comptes de la banque sont pourtant au vert avec 10.6 milliards FCFA au capital contre 4 à 6 avant.
Les plus hautes autorités de la Défense, avec à leur tête, le Ministre de la Défense, Hamed Bakayoko, et les officiers supérieurs de l’Armée et de la Gendarmerie, réagissent à temps et les virements des soldats, finalement passent.
Pour éviter toute surprise désagréable, les Canadiens ont saisi la Justice à travers le Procureur Général d’une plainte pour « déstabilisation », a appris 7info.
« Nous sommes une firme canadienne, qui en est à sa première expansion en Afrique et nous sommes peu intéressés à être mêlés à des activités politiques dans un pays qui nous a accueilli à bras ouverts. Nous sommes ici de par notre expertise en financement immobilier et notre acquisition de la Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire est motivée par ce désir de partager cette expertise et expérience canadienne avec la Côte d’Ivoire. Notre mission est d’aider à développer un système financier de premier plan, à même d’aider à renforcer le financement de la construction de logement dans le pays » fait savoir la haute direction de Westbridge qui fait face à un véritable plan de déstabilisation qui menace jusqu’à la stabilité du pays.
« Or notre petit groupe Westbrigde Mortgage Reit est, depuis plusieurs mois, confronté à une tentative de déstabilisation qui, on le pense, va au-delà de notre personne car l’objectif principal de ces acteurs est de faire soulever par des protestations violentes dans nos agences et dans les abords les clients militaires dont regorgent notre banque et qui y perçoivent leur paie tous les mois » préviennent les repreneurs de la BHCI.
La banque d’affaires Rothschild & Cie qui joue là sa crédibilité, tente de faire baisser la pression. 7info apprend qu’un nouveau Directeur Général a été désigné par la COBA et ne doit prendre d’instruction que d’elle et non de ceux qui ont injecté leur argent pour relever la banque. El Hadj Gbané Abdoulaye est sous contrainte. Les Canadiens qui n’ont pas dit leur dernier mot, préparent une plainte à l’international contre des fonctionnaires internationaux et des fonctionnaires ivoiriens, selon une source à Paris.
Cette frénésie suscite bien de questions : la cession s’est-elle faite sur de vrais chiffres ou a-t-on caché une réalité aux Canadiens qui ont découvert une situation qui dérange ? A-t-on bien évalué les pertes de la banque avant sa cession ? Qu’ont découvert les repreneurs que l’on voudrait cacher aux ivoiriens ?
Un conseil d’administration avec la Commission Bancaire comme Observateur se tient ce vendredi 4 octobre à Abidjan.
L’enquête de 7info se poursuit.
Adam’s Régis SOUAGA et Eric COULIBALY