Côte d’Ivoire

Enseignants tabassés à Niakara /Kafiné, ce qui s’est réellement passé

Mis à jour le 31 mai 2023
Publié le 31/05/2023 à 11:48 , ,

L’intégrité physique des enseignants a encore été atteinte. Après Dairo-Didizo, cette fois-ci ce sont des enseignants du village de Kafiné dans le département de Niakara qui ont été victimes. Mais que s’est-il réellement passé le mardi 23 mai 2023 dans cette localité ?

Une ruée de coups qui ont occasionné un transfert à l’hôpital pour certains. C’est ce à quoi ont eu droit des enseignants de l’école primaire publique de Kafiné, un village du département de Niakara, dans la région du Hambol au centre-nord de la Côte d’Ivoire.

Le mardi 23 mai 2023 alors que la journée suivait son cours normal, rien ne présageait qu’un tel drame se produirait. Serge Alain Tiémon, un instituteur à l’école primaire catholique de Niakara, joint par 7info raconte.

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Les faits

« Les événements ont opposé les enseignants aux habitants du village de Kafiné pour une question de monnaie. Pendant les congés de Pâques, il y a un enseignant qui a rendu service à une jeune dame tenancière d’un maquis à Kafiné. Il devait acheter des produits cosmétiques à Abidjan afin de les lui ramener au village. Il a donc accepté de faire la course et la jeune dame lui a remis la somme de 50 000 FCFA. De retour de la capitale économique, l’enseignant a remis le colis de la tenancière de maquis tout en lui précisant que ses achats faits s’élevaient finalement à 48 000 FCFA. Toute contente, la jeune dame lui dit de garder la monnaie qui est de 2 000 FCFA en guise de remerciements pour le service rendu », explique notre témoin.

Contre toute attente, une situation à l’apparence anodine va entacher la cohésion qui régnait entre les populations et les enseignants de la localité de Kafiné.

Ce qui a mis le feu aux poudres

« Le mardi 23 mai 2023, l’enseignant qui avait fait les courses à Abidjan pour la tenancière de maquis lors des festivités liées à la Pâques, célébrait son anniversaire de naissance. Pour marquer le coup, il s’est retrouvé dans le maquis rival à celui de la tenancière de maquis à qui il avait rendu service au mois d’avril dernier. Chose que cette dernière n’a pas du tout apprécié lorsqu’elle l’a découvert. Elle s’est directement dirigée vers son bienfaiteur occasionnel pour lui réclamer les 2 000 FCFA qu’elle lui avait remis pour service rendu. S’en est suivie une dispute entre les deux parce que l’enseignant lui a répondu qu’il n’avait pas de monnaie. Sous l’effet de la colère, la tenancière lui a porté main et le maître a riposté sentant sa dignité d’homme bafouée. En guise de représailles, la tenancière de maquis a appelé les jeunes du village à la rescousse, ces derniers ne se sont pas fait prier et ont battu tous les enseignants présents à la fête d’anniversaire. Il y a même certains qui ont été trouvés à leur domicile et mis à sang par ces jeunes gonflés de colère. Les cas les plus graves sont ceux d’un enseignant Gouro qui avait voulu jouer sur la fibre des alliances inter-ethniques pour calmer les esprits, malheureusement lui et son épouse enceinte ont également été passés à tabac », nous confie Alain Tiémon.

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Suite à ces actes de violence, le Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (MIDD) auquel appartiennent les enseignants battus à Kafiné, a été saisi. Deux assemblées générales extraordinaires ont été organisées d’urgence, au cours desquelles plusieurs exigences ont été faites. Il s’agit notamment de la fermeture de l’EPP Kafiné pour une durée de 2 à 4 ans et la mutation des enseignants battus avec effet immédiat. Pour exprimer leur mécontentement, les compositions de fin d’année prévues le jeudi 25 mai n’ont finalement pas eu lieu.

« Le présumé instigateur de la bastonnade des enseignants de Kafiné avait été arrêté par la brigade de gendarmerie de Niakara et remis à la justice. A notre grande surprise, nous avons appris par la suite que ce dernier était revenu au village le même jour. Cela a créé une véritable indignation du côté des enseignants et une autre assemblée générale a été convoquée le lundi 29 mai. Rencontre qui a enregistré la présence du secrétaire général de préfecture, du directeur régional de l’éducation nationale de Katiola, de l’inspecteur de Katiola et des enseignants.  Un dialogue franc relatif à la situation qui prévaut à Kafiné a eu lieu à cette occasion. Les enseignants ont décidé lors de cette AG de la suspension de leur mot d’ordre de grève de 72 heures et pris l’engagement d’organiser les compositions de fin d’année qui se déroulent présentement dans toute l’inspection de Niakara. Ils ont par la même occasion promis faire la surveillance et la correction des épreuves de l’examen d’entrée en sixième. De plus, les enseignants ont choisi de laisser l’administration poursuivre les négociations parce que les différentes parties prenantes impliquées dans cette crise ont été convoquées au tribunal de Katiola le mercredi 7 juin », révèle l’instituteur à l’école primaire catholique de Niakara.

Maria Kessé

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