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Enseignement technique et professionnel, Nouveau sésame pour l’emploi des jeunes ivoiriens

Mis à jour le 3 janvier 2019
Publié le 24/03/2017 à 1:10

Hormis la voie traditionnelle qu’offre le système éducatif classique de l’enseignement général, l’enseignement technique et  professionnel est devenu un sésame professionnel pour des milliers de jeunes ivoiriens.

Kouadio Yolande et Brou Constance sont respectivement au lycée technique d’Abidjan et au  centre de bureautique, de communication et de gestion (CBCG) de Cocody en 2eme année BTS d’ assistanat de direction. Elles ont 23 ans.

Auparavant elles avaient toutes les deux suivi la filière G1 après l’obtention de leur BEPC, une filière technique qui leur a permis d’obtenir le BAC en secrétariat bureautique au lycée technique.  Cependant, leurs motivations pour cette branche  G1, diffèrent.

Kouadio Yolande a eu envie de suivre les traces de sa mère en s’y inscrivant pour suivre une formation d’assistante de direction. «  C’est moi qui ai choisi. Elle me plaisait parce que ma mère est assistante de direction » fait savoir la jeune fille. Mais, chez Brou Constance, c’était une échappatoire.

« C’était une manière pour moi de fuir les mathématiques où je n’avais pas la moyenne » confesse-t-elle. Néanmoins, très vite, elle constate qu’elle n’était pas au bout de ses peines avec les maths. «Malheureusement, je me suis rendue compte qu’on y faisait également pas mal de mathématiques  » avoue-t-elle, rattrapée par ses peurs.

Kouassi Armand lui est arrivé  à la filière technique en seconde G2, finances-comptabilité, en 2002, sur conseil de son éducateur. « On me l’a imposée à l’école »  déclare-t-il.  « J’avais 19 ans en troisième, raison pour laquelle les conseillers d’orientation m’ont remis la fiche d’orientation pour cette filière car avec mon âge je ne pouvais ne pas être orienté dans le circuit général ». Il a découvert autre chose que ce qu’il croyait,  « la G2 est une filière passionnante. »

Contrairement à K.A, Koffi  Sabine, a fait elle-même la demande en 1996  pour la filière professionnelle. « C’était mon choix » indique-t-elle.  « Je voulais apprendre un métier. Mon souhait a toujours été de faire mes propres affaires et je devais connaître la législation dans le monde des affaires. Après le bac j’ai préféré la gestion commerciale en lieu et place de la comptabilité à cause de mes objectifs », indique Sabine.

Les limites de l’enseignement général

Contrairement à l’enseignement général, l’enseignement technique et professionnel a pour but l’acquisition d’un savoir-faire dans un domaine bien précis. L’enjeu, maîtriser des connaissances en rapport direct avec  les exigences et les besoins du marché.

Jadis les filières techniques avaient mauvaise réputation. Dans la pensée populaire, elles représentaient la voie de garage pour les moins bons élèves  ou les élèves les plus âgées qui n’avaient plus de chance de faire de longues études générales. 

Mais depuis peu, la donne a changé. Des statistiques du ministère de l’enseignement technique et professionnel montrent que ces filières sont de plus en plus prisées et reçoivent de nombreux d’élèves.

Une filière convoitée ces dernières années

Le nombre de candidats aux examens  dans ces filières ne cesse en effet de croître. Il est passé respectivement de 10.515  en 2010 à 11.719 en 2011 avant d’atteindre 12.303 en 2012. Les  deux dernières années académiques viennent une fois de plus confirmer la tendance haussière de l’attrait des filières techniques et prfessionnelles. Pour l’année  2015, 16.559  candidats se sont présentés aux différents examens et 11.612 ont été admis, soit un taux de 70,13% de réussite. Pour  2016, on compte 19.023 candidats pour 14.239 admis, soit un taux de réussite de 74,85%.

 Au CBCG de Cocody, une école professionnelle qui va de l’enseignement secondaire à l’enseignement supérieur, on propose deux filières : secrétariat et comptabilité. Pour le censeur, «  C’est un système court qui prépare l’enfant à être déjà fonctionnel sur le terrain. Il est déjà prêt à exercer un métier » explique-t-il.

Cependant, il explique que compte tenu du manque de moyens, les cours dispensés manquent de pratique. « On leur donne toute la théorie de la technique. Alors qu’il y a des moments où ils devraient avoir des heures d’atelier. Certains devraient y rester toute une journée comme s’ils étaient en entreprise. Raison pour laquelle ils vont faire un stage en entreprise pour s’imprégner des réalités afin de soutenir leur rapport de stage », explique le responsable administratif.

Même si l’on a tendance à comparer le BT au BAC, ce censeur soutient qu’il est mieux de le considérer comme « un diplôme professionnel qui n’a pas de rapport spécifique avec l’enseignement général » soutient-il.

Des diplômes et de la pratique

Dans le circuit professionnel, il y a un autre diplôme, le brevet d’enseignement professionnel (BEP). Il est à cheval entre le BEPC, diplôme de l’enseignement général, et le BT qui relève de la formation professionnel. Il est délivré deux ans après son entrée dans l’enseignement professionnel.

Concernant  l’enseignement technique, Doumbia A. enseignant depuis 20 ans dans les lycées techniques et écoles professionnelles  explique que ce cycle d’enseignement conditionne l’élève pour l’entreprise, allie la technique à la théorie. Il précise qu’on y retrouve plus de théorie « parce qu’on leur permet par la suite après le baccalauréat de faire des études d’ingénieurs. Et  c’est à ce moment-là qu’on doit professionnaliser la formation ».

Que ce soit la formation technique ou pratique, l’élevé qui y rentre avec son Bepc, est capable de rentrer en entreprise après son BAC pour la filière technique ou son BT pour la filière professionnelle. Cependant certaines personnes préfèrent continuer leurs études  pour se donner plus de chance sur le terrain de l’emploi; ce qui est le cas de Brou Constance. Sa raison ? «  C’est pour une question d’hiérarchie et de grade. Dans l’organigramme, l’assistante de direction a un grade plus élevé que la secrétaire. L’assistante de direction peut avoir une secrétaire. Mais la secrétaire ne peut évoluer à moins qu’elle ne prennent à nouveau des cours » explique-t-elle.

Depuis la rentrée scolaire 2016-2017, pour harmoniser le secteur, toutes les écoles  professionnelles et techniques publiques ont les mêmes uniformes. Il s’agit de  chemise blanche et d’un bas bleu. Bleu et blanc pour les filles comme pour les garçons. Cependant une petite différence s’installe au niveau des chemises blanches. Elle est de manche longue avec une veste pour les étudiants : ceux du supérieur. Et de manche courte  pour les élèves. Il est également mis avec un nœud chez les filles et une cravate chez les garçons.

Raïssa Yao
Source: rédaction politikafrique.info

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