A l’occasion de la sortie de son livre, L’insoumise fait peur paru aux éditions L’harmattan, l’auteure a accordé un entretien à 7info. Elle parle de son engagement féministe et fait l’état des lieux du débat chez les jeunes en Côte d’Ivoire.
Pourquoi avez-vous écrit l’insoumise fait peur ?
J’ai écrit l’insoumise fait peur parce que je me pose des questions en tant que femme. Je me demande si nos conditions auraient été différentes si cette idée de soumission n’était pas omniprésente dans nos esprits. De plus, je remarque que de plus en plus de femmes commencent à décrier leurs conditions de vie. Comme si nous assistions à un certain éveil.
Qu’est ce qui a créé le déclic ?
Ce sont les différents débats auxquels j’ai participé. C’est le résultat de mes observations sur les questions de l’égalité entre homme et femme. C’est essentiellement cela qui a suscité ces interrogations.
Vous faites ouvertement la guerre à la soumission. Ne craignez-vous pas que votre message soit rejeté ?
Je n’ai pas peur que mon message soit rejeté. De toutes les manières, tous les messages ne sont pas faits pour être accueillis à bras ouverts. Surtout que de nos jours les débats sont de moins en moins constructifs. Ce sont juste des questionnements existentiels qui sont posés. Je ne veux imposer aucune idée à mes lecteurs. Juste les pousser à la réflexion même si leurs idées sont divergentes des miennes.
Qu’est ce qui explique que le débat disparaît de plus en plus ?
Le débat disparaît parce qu’il touche aux idéologies. Une des choses dont l’on se sépare difficilement, ce sont bien nos idéaux. Les débats ne sont plus vus comme des joutes argumentatives mais plus comme un moyen d’imposer les idées. Le but devient de gagner coûte que coûte.
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Pourquoi avoir choisi le canal du livre pour vous exprimer surtout dans un contexte où on lit peu ?
L’écriture parce que c’est dans cet art que je m’exprime le mieux. Pour moi, peu importe le nombre de personnes que ça touche. Je pense quand même qu’une partie de cette nouvelle génération a soif de savoir et de débats. Et la lecture reste un outil de savoir sinon les livres n’existeraient plus.
Manu Kahoyomo est diplômée de droit public. Elle est passionnée de droit humains particulièrement de droits des femmes.