24 heures après la déclaration conjointe du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et du Parti des peuples africains section Côte d’Ivoire (PPA-CI), pour interpeller le gouvernement sur la conduite du dialogue politique, Clément Adjouroufou, un cadre du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir réagit. Entretien.
Le PDCI et le PPA-CI, ont indiqué le mercredi 5 janvier 2022 dans une déclaration commune qu’à travers les accusations du procureur de la République portées contre des leaders de l’opposition, le gouvernement fait planer des risques sur le dialogue politique. Un commentaire ?
La conférence de presse du procureur de la République du lundi 27 décembre 2021 rentre dans le cadre normal du fonctionnement de l’État. Cela n’a rien à voir avec le dialogue politique. Il s’agit d’enquêtes sur les violences pré et post électorales. Et il fallait boucler les enquêtes puis rendre compte aux populations ivoiriennes qui ont besoin de savoir ce qui s’est réellement passé. La date du lundi 27 décembre n’est rien d’autre qu’un hasard. Il n’y a pas une concordance de timing pour biaiser le dialogue politique.
Cette conférence du procureur de la République s’est faite pourtant au moment où vient d’être relancé le dialogue politique qui est censé apaiser le climat politique.
En Côte d’Ivoire on a consacré l’impunité comme modèle de société. En France, on était en pleine campagne présidentielle et François Fillon a été saisi sur une affaire de malversations. Le processus suit toujours son cours. Un autre exemple, on était en pleine primaire des Républicains avec le président Sarkozy quand il a été saisi pour une affaire judiciaire. Il a été condamné quelques années après. L’annonce et l’ouverture du dialogue politique n’excluent pas le fait que le procureur continue son travail. Que des personnalités politiques soient impliquées, elles doivent comprendre qu’elles sont des justiciables comme tous les citoyens. Donc elles doivent avoir un comportement d’exemplarité. Ce n’est pas parce qu’on ouvre un dialogue politique qu’on va consacrer l’impunité dans notre pays.
Les opposants estiment également que les résultats des enquêtes du procureur de la République ne mentionnent pas les violences subies par leurs partisans. Ils se plaignent aussi du discours de fin d’année du chef de l’État qui n’aurait pas fait cas du dialogue politique.
La question sur les exactions faites aux partisans de l’opposition est un faux débat. La désobéissance civile relève de la volonté trouble de l’opposition pour faire vivre des moments troubles à notre pays. C’est fait. Ils ont été qualifiés pour aller à une compétition. Ils ont refusé de participer à la présidentielle. Ils ont préféré s’inscrire dans la voie de l’insurrection. Ils ont barré des routes. Ils ont pillé des domiciles et des commerces. Ils ont créé un climat trouble dans notre pays. Combien de militants RHDP, on a vu dans les rues qui sont allés attaquer des militants de l’opposition ? Des policiers, des gendarmes, des agents assermentés en charge d’assurer notre sécurité ont été désarmés et tués par bandes armées à Yamoussoukro et un peu partout en Côte d’Ivoire. Nous avons vu les autorités militaires, policières se promener un peu partout pour faire de la pédagogie et non la répression. On a encore en mémoire toutes les tournées du général Touré Apalo, commandant supérieur de la gendarmerie nationale. C’est vrai, il peut y avoir quelques petites erreurs. Mais les vrais commanditaires sont connus. Je suis de Bonoua, des gens ont attaqué une mosquée. Ils ont pillé des commerces. Ils ont voulu créer une crise communautaire. À Bonoua, le commissaire de police a été bastonné.
Selon vous, les faits soulevés par l’opposition ne sont pas fondés ?
Au-delà de ne pas être fondés, ils veulent juste nous envoyer dans toutes les directions. L’opposition veut nous distraire. Après tout ce que ce pays a vécu, je dis qu’il faut féliciter le président Alassane Ouattara d’avoir empêché notre pays de sombrer.
L’opposition réclame la poursuite du dialogue politique. Mais ce n’est pas encore le cas. Comment expliquez-vous cette situation ?
Je ne suis pas membre du gouvernement. C’est vrai que j’ai quelques responsabilités politiques au niveau de mon parti. Mais sachez que je suis un citoyen ordinaire. Nous savons tous que le dialogue politique a été ouvert en mi-décembre. Nous sommes en début d’année et le président de la République reçoit les vœux de la Nation. C’est sûr que dans les jours à venir, il sera inscrit dans l’action du gouvernement, la reprise du dialogue politique qui n’est pas une urgence par rapport aux vrais problèmes des Ivoiriens ? On a connu la période des congés anticipés. Le problème a été bien géré par la ministre Mariatou Koné. On vient d’entrer dans une autre crise sanitaire avec le nouveau variant de la Covid-19. Il y a de vraies urgences. Tout n’est pas que politique dans ce pays.
Réalisé au téléphone par Richard Yasseu