Côte d’Ivoire

Entretien / Eric Attiapo (Sécretaire exécutif du forum des ONG): »En 2019 la Côte d’Ivoire est attendue sur la question des droits de l’Homme »

Mis à jour le 5 septembre 2018
Publié le 05/09/2018 à 1:58 ,

Le Forum des ONG d’aide à l’enfance en difficulté multiplie les actions pour faire entendre la voix des enfants, notamment sur les recommandations du Comité des experts Africain de l’UA sur les droits de l’enfant. Dans cette interview, Eric Attiapo, Secrétaire Exécutif du Forum des Ong, fait le point de toutes les actions menées…

Quel bilan peut-on tirer après plusieurs mois d’action du forum des ONG d’aide à l’enfance pour le suivi du mécanisme de protection des trois droits de l’enfant ?

Il faut tout de suite savoir qu’il y a trois mécanismes importants de protection  des enfants au niveau régional et international dans lesquels la Côte d’Ivoire a pris des dégagements. Il y a d’abord, au niveau Africain, la Charte Africaine du droit et du bien-être de l’enfant (Cadbe). Ensuite, au niveau international, on a la Convention des nations unies  relative au droit des enfants (Cde) et le processus de l’Examen période universel (Epu). En ce qui concerne la Cadbe, il faut dire que la Côte d’Ivoire a ratifié ce document en 2007.

Mais, le premier rapport initial  du pays a été déposé en 2017. C’est à la suite du dépôt de ce rapport que le Comité Africain des experts des droits de l’homme et de l’enfant  a adressé des recommandations.  Le Comité a félicité la Côte d’Ivoire pour les  acquis. Notamment la création de la Commission nationale ivoirienne des droits de l’homme (Cndhci).

Quelles sont ces recommandations ?

Nous avons noté 42 recommandations qui tournent autour de 10 domaines spécifiques à l’enfant. Il s’agit des «Mesures générales de mise en œuvre». Cette partie prend en compte toutes les politiques  que l’Etat ivoirien développe pour la protection de l’enfant. Nous avons la définition de l’enfant, les principes généraux, droits et libertés,  environnement familial, santé et bien-être,  activité éducative etc.

Qu’est ce qui a été fait par le Forum des Ong et ses partenaires pour assurer le suivi de ces recommandations ?

Notre première action a été de vulgariser ces recommandations auprès de l’Etat, mais aussi de la communauté. Il est important de dire à l’Etat qu’après avoir soumis son rapport, il existe des recommandations qui ont été faites à la Côte d’Ivoire.  Des recommandations qui concernent la situation des enfants dans le pays.  Car, l’Etat ivoirien est encore appelé en 2020 pour répondre de ces recommandations.  Ensuite, nous informons la communauté et le citoyen ivoirien de ce qu’il y a des recommandations du Comité Africain adressées à la Côte d’Ivoire pour mieux protéger l’enfant.  Nous avons initié pour cela plusieurs rencontres étiques,  notamment auprès de tous les ministères techniques, à savoir la santé, l’Education Nationale, l’Enfant et la Famille, la Protection Sociale etc. Nous avons élaboré un document que nous avons appelé «Compiles des recommandations  du Comité Africain» que nous avons distribué à tous les acteurs. Nous avons également tenu une conférence de presse à la Maison de la presse d’Abidjan pour vulgariser l’information. Il y a eu, à coté de toutes ces actions, des émissions radios pour vulgariser ces recommandations.

Est-ce que le Forum constate que les choses bougent au niveau de l’application de ces recommandations ?

Oui. Il est désormais évident que la question de l’enfant  est de plus en plus considérée par les acteurs de l’Etat. Nous voudrions d’ailleurs féliciter l’Etat pour cette implication. Nous voyons des débats qui naissent sur la question de l’enfant au niveau de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti). Nous voyons aussi que le gouvernement est de plus en plus conscient qu’il a des comptes à rendre  d’abord aux enfants, à la population ivoirienne. Mais aussi aux différents mécanismes de suivis de la Cadbe, Cde et Epu.

Qu’est ce qui reste à faire pour que la Côte d’Ivoire soit prête sur la question de la défense et de la protection des enfants vis-à-vis de ces mécanismes?

Il revient désormais à l’Etat d’organiser une rencontre pour faire le point de la mise en œuvre des recommandations du Comité des experts Africain. Cela parce qu’il y a des choses qui ont été déjà faites. Par exemple lorsqu’on parle de contexte juridique de l’enfant, en Côte d’Ivoire il y a un Code de l’enfant qui est en phase d’élaboration. On sait aussi qu’au niveau de la question de la base de données, il y a du travail qui est également fait à ce niveau. Donc, beaucoup de choses sont faites en ce moment. Mais, le problème c’est que les ministères, les acteurs de l’Etat, travaillent de façon dispersés. Le ministère de l’Education Nationale fait pour lui. Le ministère de la Santé fait également pour lui etc. C’est pourquoi, au niveau du Forum, nous demandons la tenue des Etats généraux de la Mise en œuvre des Recommandations. Cela va permettre à tous les ministères de présenter les  avancées sur les recommandations. Le Forum des Ong pour sa part a mis en place un cadre permanent  grâce au financement de notre partenaire Save the Children. Cela pour inviter l’Etat à venir s’expliquer. Il faut donc que cette initiative soit poursuivie par les acteurs étatiques afin que nous soyons tous en phase avec les mécanismes régionaux et internationaux de protection des droits des enfants.

Qu’en est-il du mécanisme de suivi de la Cdbe ?

Le gouvernement ivoirien a soumis son rapport périodique en 2017. La société civile a aussi écrit un rapport qu’on appelle rapport complémentaire. Ce rapport a encore été soumis. Donc, le gouvernement ivoirien est invité en mai 2019 pour aller maintenant présenté le rapport. C’est seulement après  que le Comité des droits de l’enfant va adresser des recommandations à la Côte d’Ivoire.  Donc, il revient au gouvernement de préparer cette mission de mai 2019.  C’est dans moins d’un an. Il est important que la plupart des ministères techniques  impliqués dans le processus  soient représentés lors de la présentation de ce rapport.  Il n’est pas intéressant d’envoyer un seul Directeur pour se prononcer sur toutes ces thématiques. Dans certains pays, chaque thématique est défendue par un ministre. Donc, nous pensons au Forum des Ong que c’est maintenant qu’il faut signifier cela au niveau des portefeuilles budgétaires de tous ces ministères.
Concernant l’examen périodique universel (Epu), le Forum des Ong a participé récemment  à l’Atelier de soumission de rapport de la Cndhci et de la société civile à l’Epu.

Quel enseignement peut-on tirer au niveau des recommandations qui concernent les enfants de cet atelier ?

Les Ong et les coalitions peuvent rédiger un rapport. En général, ce sont des rapports de 10 pages. La Cndhci a bien voulu inviter tous les acteurs à cet exercice sur l’Examen périodique universel.  L’atelier a été finalisé. Des recommandations ont été validées.  La Cndhci a même demandé aux ONG de poursuivre les réflexions autour de l’Epu, en ce  qui concerne la situation  des enfants en Côte d’Ivoire.  Nous pensons qu’en ce mois de septembre, le rapport sera soutenu. Ce sera le rapport de la Cndhci qui prend en compte  toutes les organisations de la société civile. Sur la même question, à partir de la semaine prochaine, le Forum des Ong  va inviter les organisations d’aide à l’enfance sur la même thématique. Cela afin de bien mettre en exergue les deux aspects de la thématique de l’enfant, délinquance juvénile et maltraitance, au niveau de l’examen périodique universel (Epu).  Enfin, nous allons sur la même question engager un plaidoyer auprès des ambassades. Car, au niveau de l’Epu, le pays est examiné par les paires.  Il est donc important de rencontrer les représentants de plusieurs pays avant de défendre notre rapport en 2019.  En 2019, la Côte d’Ivoire est véritablement attendue sur le terrain des droits de l’Homme. (…) Les trois mécanismes que nous venons de présenter vont permettre à la Côte d’Ivoire de montrer qu’elle a réalisé des progrès en matière de droits de l’Homme et en même temps les défis rencontrés.

Réalisée par Adam’s Régis SOUAGA, Coll: RAMEDE
Source: rédaction PôleAfrique.info

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