Société

Entretien / Monseigneur Emien, Nonce apostolique : « Les principaux défis qui m’attendent au Mali »

Mis à jour le 10 février 2022
Publié le 10/02/2022 à 4:30 , ,

Nommé Nonce apostolique au Mali par le pape, Mgr Jean Sylvain Emien s’est confié à 7info. Il lève un coin du voile sur les défis qui l’attendent dans ce pays.

En quoi consistent les fonctions d’un Nonce apostolique ?

L’envoyé du pape a une double mission. Une mission au sein de l’Église même, et une mission auprès des autorités du pays, qui est la fonction diplomatique. Dans l’Église, étant donné que le pape est le signe visible de l’unité de l’Église universelle, l’Église catholique, le nonce est chargé de faire en sorte qu’il y ait une bonne communion, une bonne entente entre l’Église locale et le Saint-Siège.

Le Nonce doit cultiver de bonnes relations avec les évêques du pays où il est envoyé. Ne pas prendre leur place, mais les aider dans leur mission quotidienne. Il intervient dans le processus de nomination des évêques en proposant des candidats potentiels. Il s’assure que la conférence des religieux et religieuses mène à bien sa mission.

Pour l’aspect purement diplomatique, il s’assure qu’il y ait des relations d’amitié entre l’État où il se trouve et le Saint-Siège. C’est très important. Le représentant du pape doit faire en sorte qu’il y ait aussi de bonnes relations entre l’État où il travaille et l’Église locale. Comme vous le savez, les deux sont au service du peuple. Et dans certains domaines, ils se retrouvent pour collaborer.

Quels sont les principaux défis pour un nonce apostolique au Mali ?

Les principaux défis qui m’attendent au Mali sont d’ordre sécuritaire. Je n’ai pas la prétention ni les moyens de résoudre ces défis-là. Mon rôle sera d’encourager les chrétiens, les victimes de violence à ne pas perdre la foi. C’est parfois dans les persécutions que les chrétiens ont une foi plus grande. Mon rôle, c’est d’être à leur côté afin qu’il sache que le pape ne les abandonne pas, que le pape les soutient.

Le Mali est sous embargo de la CEDEAO, ce n’est pas ma prétention d’aller résoudre les problèmes. J’aurai l’occasion de rencontrer les autorités maliennes pour en discuter. Si les autorités maliennes souhaitent faire intervenir le pape comme médiateur, il analysera avec son conseil pour voir ce qu’il faudrait faire ?

Comment l’Église doit-elle s’impliquer dans le maintien de la paix dans un pays ?

L’Église a des valeurs qu’elle ne peut pas renier, des valeurs très fortes, de démocratie, de défense de la dignité humaine. Suivant ces valeurs, elle est à même d’aider ces peuples à trouver des solutions de paix. Elle lutte toujours pour la paix et la résolution pacifique des conflits dans les pays.

Comment se fait la sélection d’un nonce apostolique ?

N’est pas Nonce qui veut. J’étais dans un pays avec le Nonce apostolique. Nous étions avec des séminaristes. L’un d’eux a demandé où se trouve l’école de formation des évêques. Le nonce s’est mis à rire et lui a répondu qu’il n’y a pas d’école pour devenir évêque. C’est la même chose avec les nonces. Il est vrai que nous avons une académie de diplomatie au Vatican qui forme ceux qui sont dans le service diplomatique. C’est un service qui requiert le doctorat comme diplôme minimum, mais aussi avoir des capacités en langues. Lorsque le prêtre sort de cette académie, il est envoyé dans plusieurs pays pour acquérir l’expérience de la fonction diplomatique. C’est au bout de 17 ans d’expérience qu’il peut être nommé Nonce.

Entretien réalisé par Vanessa Alabi

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