Véritable coup de maître médiatique. En baisse de popularité depuis le début de son mandat, le Président américain, Donald Trump, veut-il redorer son blason grâce à son intervention en Syrie ?
Donald Trump qui avait annoncé que la crise syrienne n’était pas sa préoccupation, a surpris le monde entier par son volte-face. Les Etats-Unis ont frappé une base aérienne dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 avril 2017, en réponse à l’attaque chimique attribuée à Bachar El-Assad.
La riposte américaine en Syrie n’est pas sans conséquences sur la gouvernance du nouveau locataire de la Maison Blanche dont la politique interne est mise en mal.
Pr Pierre Dogbo, politologue, Directeur de l’école de Sciences politiques de l’Université Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, décrypte pour politikafrique.info, les intérêts pour Donald Trump de cette attaque surprise en Syrie.
« Le monde n’est plus dupe, tout le monde sait que les chefs d’Etats américains posent ce genre d’acte, chaque fois qu’ils ont des difficultés internes. C’est une constance de la politique internationale des Etats-Unis », estime le politologue.
Il explique en poursuivant que c’est une manière pour le Président Donald Trump de se donner de la consistance, après ses échecs successifs sur le plan national. « Trump cherche à renouer les contacts avec le lobbying de l’armement, car en interne, rien ne marche. Finalement, il n’a plus rien à l’intérieur de ses promesses électorales, donc il voit en la politique internationale, un moyen pour redorer son blason auprès de son opinion publique », soutient Pr Dogbo Pierre. Non sans préciser que le monde n’a pas besoin de cela mais de paix.
Au pouvoir depuis le 20 janvier 2017, la cote de popularité du nouveau Président américain ne cesse de baisser. Trump a essuyé que des échecs au niveau de sa politique interne. Son premier décret anti-immigration interdisant l’entrée aux Etats-Unis à sept pays musulmans a été rejeté. Le deuxième décret, copie corrigée du premier, est lui aussi bloqué par des Etats américains.
Un autre revers pour Trump, le retrait de son projet sur la réforme d’assurance maladie pour le remplacement de l’ « Obamacare », initié par son Prédécesseur Barack Obama. Trump a du jeter l’éponge, faute de majorité au congrès.
Pour Dr François Adou, géo-politologue, Enseignant-Chercheur à l’Université Félix Houphouët- Boigny, Trump montre qu’il n’est pas crédible par cette réaction rapide en Syrie. «Il aurait dû attendre les conclusions de l’enquête. Dans la mesure où il n’est pas capable de résoudre les problèmes internes de son pays, et là il utilise cette intervention pour avoir une popularité, cela veut dire qu’il est en porte-à-faux avec ce qu’il disait. D’où vient-il subitement, qu’il veut s’ingérer dans les affaires externes ? », interroge l’universitaire. Avant d’ajouter que c’est bien beau d’avoir une popularité en cherchant à bombarder des pays un peu plus faible ou en difficulté, mais jusqu’à quel prix ? Cette action ne participe pas à la consolidation de la paix.
Par ailleurs, selon lui, derrière un tel bombardement, cela veut dire que les américains ont des intérêts cachés. « Mais, on peut indiquer que cela participe de la géopolitique des américains, car chaque fois qu’ils ont des intérêts potentiels qui sont menacés, ils sont prêts à réagir », analyse l’universitaire.
Les Etats-Unis ne sont pas à leur première intervention dans un pays du Moyen-Orient. Le 20 mars 2003, sous le Président George W. Bush, l’armée américaine a frappé en Irak prétextant que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive.
Gnoungo Fanta
Source : rédaction politikafrique.info