Ce jeudi 28 mars, la quiétude des ivoiriens allait s’en trouver perturbée par une action menée dans le plus grand secret dans la ville de Sakassou. Les autorités administratives alertées ont pu circonscrire l’opération qui devait se dérouler sur une semaine. Pôleafrique.info vous livre en exclusivité les détails de cette opération.
Sakassou, ville située à 60 Km à l’Est de Bouaké, capitale de la région de Gbèkè, a vécu ce jeudi 28 mars une opération de destitution d’une haute autorité traditionnelle de la Côte d’Ivoire à savoir la Reine du peuple Baoulé par le fait d’activistes politiques qui ont jeté leur dévolu sur ce peuple comme une chasse gardée.
Alors qu’elle est tranquillement installée dans la cour royale, la Reine faisait l’objet d’une clandestine opération de destitution masquée sous un air de complément de pouvoir avec son propre fils, acteur de cette mascarade, déjouée par l’administration territoriale, saisie de cette manœuvre de déstabilisation.
« Réunis dans la résidence de Thérèse Houphouët-Boigny dans la ville, plus d’une dizaine de chefs traditionnels Akan, arrivés du Ghana, pour la légion étrangère, du Sanwi et huit chefs de Bouaké se préparaient à destituer la Reine. Ils devaient rester dans la résidence de Mme Thérèse Houphouët-Boigny pendant une semaine pour les rituels qui selon eux, visaient à donner des pouvoirs au fils de la Reine afin qu’il soit le représentant de celle-ci partout où le besoin de représentation se fera sentir » rapporte une source bien informée à Pôleafrique.info.
Seulement, pour ce faire, il eut fallu un processus qui implique la concernée qui contactée par des interlocuteurs qu’elle a fait appeler, révèle « ne pas être informée et n’avoir pas donné son accord » contrairement à ce que font savoir les putschistes.
« Selon eux, la Reine des Baoulé aurait donné son accord à cette intronisation il y a longtemps » rapporte la source de Pôleafrique.info. Et « elle est vieille » défendent-ils.
Saisi de cette affaire au relent politique, le Préfet de Sakassou, rentre en scène. Il faut souligner que le grand patron de l’administration qu’il est n’avait pu avoir le son. Il envoie la gendarmerie établir le constat de la présence de ces déstabilisateurs à la résidence de Mme Thérèse Houphouët-Boigny. Après quoi, il débarque, fait vider les lieux et boucler à double tour les portes de la résidence. Ouf, la Reine est sauvée !
Bras de fer RHDP-PDCI
A la base de cette manœuvre, la forte mobilisation des 816 chefs de cantons et villages de la région de Gbèkè le samedi 23 mars dernier à l’occasion de l’installation du coordonnateur régional du mouvement Sur les Traces d’Houphouët-Boigny, Louis Kouakou Habonouan. En dépit des coups de fil des cadres du PDCI-RDA, les chefs ont répondu en masse à l’invitation des émissaires du RHDP. A l’occasion, le chef de canton de Bouaké, Nanan N’goran Koffi de Kouassiblékro avait restitué la vérité historique. « Je remercie Monsieur le Président de la République, Son Excellence Allah Gnissan. Avant que le Président Bédié prenne son avion pour Yamoussoukro (ndlr, en novembre 2010), il a demandé à M. Henri, son Chargé de Mission de m’appeler moi, à Yamoussoukro quand tous les Baoulé de Côte d’Ivoire s’y étaient réunis pour accueillir les deux personnalités. Nous nous sommes rendus à la suite présidentielle du Président, à l’Hôtel Président et nous nous sommes concertés. Il y avait parmi nous des témoins qui sont encore en vie dont Allou Konan, le Roi des N’Zima, Tanoé et aussi trois chefs de canton de la région de Gbêkê. Et au cours de cette rencontre, c’est moi, votre petite modeste personne qui ait demandé au Président Bédié et au Président Allah Gnissan de se rendre sur la tombe du Président Houphouët. Et comme grâce à eux, il y a eu la cohésion sociale et la paix, quand ils sont sortis de là, le mot d’ordre est parti pour que tout le peuple s’allie pour élire le Président Alassane Ouattara. Et c’est ce qui a été fait à Yamoussoukro » a soutenu le chef traditionnel.
Il a surtout insisté sur la reconnaissance continue du nom de baptême, « Allah Gnissan » par eux, chefs Baoulé, mobilisés pour l’occasion, car selon Nanan N’goran Koffi, un chef Baoulé ne ravale pas la salive crachée.
Contre-attaque
Surtout, aucun chef présent ce samedi 23 mars n’a hué qui que ce soit. Un désaveu. « Dès que nous avons été saisis de cette tentative de putsch, nous nous sommes mis en branle pour faire échec » confie un cadre de la région, lui, du RHDP. Notre première source de témoigner : « quand la Reine est venu voir le Président Alassane Ouattara, elle n’a jamais pris la parole elle-même. Comme il est de coutume, son porte-parole a indiqué qu’elle était venue s’imprégner de la situation qui prévaut entre lui, Alassane Ouattara et son frère, le président Bédié. C’est le Président Ouattara lui-même qui a pris la parole pour expliquer ce qui se passe. La délégation s’est retirée avec l’intention de rentrer en contact avec le président Bédié afin d’avoir sa version. C’est après quatre reports qu’il a reçu la Reine. Elle lui a fait savoir qu’elle a rencontré le Président de la République, recueilli sa version et attendait donc d’avoir la sienne mais surtout invitait les deux à fumer le calumet de la paix pour la cohésion nationale et le développement harmonieux du pays. M.Bédié lui a alors répondu qu’il ferait un retour après consultation de sa famille biologique et politique. Depuis, elle attend ce retour. La Reine n’a jamais été pour nous, RHDP, ni pour le PDCI-RDA, elle est une autorité morale, mère de tous, je ne comprends donc pas cette façon de faire » se désole ce ministre, cadre de la région, contacté par Pôleafrique.info.
En réponse à la sollicitation de paix, c’est l’invitation à huer les émissaires de Ouattara donc Ouattara lui-même qui a été servi par le président du PDCI-RDA. « Nous avons été appelés toute la nuit pour nous demander de ne pas venir à ce rassemblement de « Sur les traces » mais nous avons dit que, nous sommes des chefs, apolitiques, et que si nous ne venons pas à cette invitation, nous ne déférerons pas à une invitation du PDCI le jour où nous serons aussi sollicités », a confié à Pôleafrique.info un chef de canton le samedi 23 mars à l’issue de la cérémonie du ministre Adjoumani Kobenan et Louis Kouakou Habonouan.
Dans la ville même de Sakassou, peu de personnes ont été au fait de cette tentative de putsch déjoué. Les derniers développements, Pôleafrique.info en fera part.
Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction pôleafrique.info